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  • © 2020 AFP | Crée le 02.04.2020 à 00h19 | Mis à jour le 02.04.2020 à 00h20
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    Des malades du covid-19 sont transférés en TGV gare d'Austerlitz à Paris le 1er avril 2020 Thomas SAMSON-POOL/AFP

    Elle est là, étendue dans ce train, les yeux clos, la bouche ouverte: c'est la dernière malade du covid-19 à monter dans l'un des deux TGV qui ont transféré mercredi 36 patients, dans des états graves, de Paris vers la Bretagne.

    Cette femme doit avoir 40 ans, la cinquantaine tout au plus. Difficile de lire un âge sur ces visages pris entre les bandes de sparadrap et le fatras de sondes, cordons, qui les rattachent à un mince filet de vie.

    "Tous les malades qui sont là sont en détresse respiratoire grave", explique le professeur Pierre Carli, chef du Samu de Paris, sur place mercredi matin, gare d'Austerlitz, à Paris.

    Dans la même voiture, une autre femme, plus âgée cette fois, les cheveux blancs, est retenue par une sangle. Sa blouse se soulève légèrement au rythme de sa respiration, seul signe visible qu'elle est bien en vie.

    Un à un, les 36 patients, issus des services de réanimation de dix hôpitaux d'Ile-de-France, ont été transportés des ambulances arrimées au pied des quais, jusque dans les voitures des TGV.

    Les sièges ont été rabattus pour y ancrer des brancards, quatre par voiture. Les porte-bagages servent de réserves de matériel.

    Pour le transport, les malades ont été plongés dans un sommeil profond. Ils ne se rendront compte de rien, ils ne sentiront rien.

    "C'est un mode de transport extrêmement sécuritaire pour les patients, en termes de vibrations et de décélération", assure le Dr Lionel Lamhaut, urgentiste au Samu de Paris.

    Dans à peine deux heures, les premiers malades seront à Rennes. Moins de trois heures pour ceux transférés à Saint-Brieuc, six heures pour Brest.

    Ce transfert organisé par les autorités doit permettre de soulager les hôpitaux d'Ile-de-France, région désormais la plus touchée par l'épidémie et qui, avec 870 malades du Covid-19 en réanimation arrivent à saturation.

    - "Petite pierre" -

    Dans la gare parisienne, pendant près de trois heures, le bal des brancardiers a été ininterrompu.

    "Le patient 15, dans la voiture 7, il arrive", dit une soignante dans un talkie-walkie, à un bout du quai.

    Une armée de soignants entoure chaque lit roulant. Munis de surblouses, masques, gants et charlottes, ils amènent les malades à leur voiture.

    A l'autre bout, des équipes de la protection civile prêtent main forte pour porter les malades dans les voitures.

    Les portes sont étroites, les couloirs encore plus. Ils sont à chaque fois sept ou huit soignants à manœuvrer, le malade lui est engoncé dans un matelas coquille.

    "D'habitude quand on intervient dans un train, c'est plutôt pour sortir les blessés", explique un des secouristes.

    Une des données de l'équation, c'est le poids des patients. "Seuls ceux de moins de 100 kg ont été transférés", précise le docteur Claude Ecoffey, médecin réanimateur au CHU de Rennes.

    Une fois à bord, les soignants contrôlent les constantes, s'assurent qu'il n'y a pas d'anomalie. Les voitures bar ont été transformées en postes de contrôle médicalisés.

    Le plan est précis, les gestes millimétrés. Les trains partiront à l'heure, 11H05 pour le premier, 12H05 pour le second.

    Dans les haut-parleurs, une voie enjouée "félicite et remercie les personnels soignants et les équipes présentes sur le terrain".

    Avec l'habituelle petite musique à trois tons qui précède les annonces en gares, la voix informe que "le départ du dernier train est imminent".

    Képi vissé sur la tête, le chef de quai donne le signal. "C'est ma petite pierre dans cette lutte", dit Renaud Pretet, depuis 43 ans à la SNCF.

    Juste après midi, les escadrons en blouses blanches et les ambulances étaient repartis. La gare d'Austerlitz est redevenue déserte.

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