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  • Pierrick Chatel / pierrick.chatel@lnc.nc | Crée le 09.03.2017 à 17h40 | Mis à jour le 09.03.2017 à 18h47
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    Photo Facebook Luigi Pourcelot

    Pour une bonne partie de la toile locale, le décès d’une motarde à Saint-Louis intervenu hier soir est la conséquence d’un caillassage. Cette hypothèse a été formulée par des témoins qui sont arrivés quelques instants après l'accident sur les lieux du drame, avant d’être reprise sur Facebook jusqu’à l’emballement.

    Concrètement, pour le moment, personne ne peut se permettre d’être affirmatif sur les circonstances de cet accident.

    Comme toujours en pareille circonstance, nous avons remonté le fil des événements en nous basant sur les témoignages, même si aucun d’entre ces témoins n’a directement assisté à la scène.

    Alors quelques heures après les faits, que sait-on réellement de cette affaire ?

    Le point de départ

    Tout est parti d’un post publié hier soir mercredi sur la page Facebook de Radio Océane. Luigi Pourcelot, officiant comme journaliste sportif au sein de ce média, donne la première information en étant affirmatif : « D’après des témoins, des jeunes de la tribu ont caillassé une jeune motarde. »

    Qu’en est-il ?

    Nous avons contacté Luigi Pourcelot cet après-midi.

    Je suis Mondorien, je rentrais chez moi et je suis arrivé une dizaine de minutes après les secours. J’ai parlé avec des témoins qui m’ont dit que pour eux, cet accident résultait d’un caillassage.

    Qui sont ces témoins ?

    Il s’agit de d’une famille résidant à quelques mètres des lieux du drame, près de la station de recherches agronomique de Saint-Louis.

    On a entendu un « boom » et mon frère est sorti pour voir ce qui se passait. Il a vu la moto à terre et son idée était d’enlever les clés du contact, car il pensait qu’il s’agissait d’une moto volée. Mon père a braqué une lampe torche en direction de la moto et il a vu trois jeunes s’enfuir à ce moment-là. On n’a pas vu leur visage, ils avaient des capuches.

    La jeune fille, que nous avons contactée mais qui préfère conserver l’anonymat, indique par ailleurs qu’ils ont constaté la présence de la motarde.

    Son corps reposait en contrebas de la chaussée dans les brousses, à une dizaine de mètres avant la moto. On a pris son pouls mais elle était malheureusement déjà morte.

    Après avoir prévenu les secours, ces premiers témoins ont rapidement fait la relation entre la présence des trois jeunes et l’accident. La motarde circulait en direction du sud du Mont-Dore, c’est un fait avéré. Quant aux trois jeunes, les premiers témoins supposent qu’ils marchaient sur le bord de la chaussée. Et toujours pour ces témoins, leur attitude de fuite au moment où ils sont découverts ne plaide pas en leur faveur.

    On a pensé que cet accident, en pleine ligne droite, ne pouvait pas être intervenu sans raison. La motarde a dû être caillassée ou elle a dû avoir peur de quelque chose.

    Voilà comment ce qui reste pour le moment une hypothèse est devenu, sur la toile locale, un fait.

    Ce matin, alors que la campagne électorale pour les législatives est largement lancée, en tout cas en ce qui concerne la première circonscription, certains politiques ont largement relayé cette hypothèse sur leurs comptes Facebook respectifs.

    Certains d’entre eux ont demandé à ce qu’une « enquête soit diligentée dans les plus brefs délais ». Sans doute ne savent-ils pas qu’une enquête est systématique en pareille circonstance.

    Cet après-midi, deux partis politiques ont fait parvenir aux rédactions des communiqués de presse au sujet de ce tragique fait-divers. Ils demandent la « transparence sur cette affaire pour que rien ne soit dissimulé à la famille et à la population».

    En employant le terme « dissimulé», aux yeux d’une partie des politiques et de l’opinion, la suspicion « d’absence de vérité » existe donc et demeurera sans doute, quels que soient les résultats de l’enquête.

    Le parquet de Nouméa vient de communiquer

    Dans un communiqué de presse diffusé ce jeudi en fin d’après-midi, Alexis Bouroz, le procureur de la République apporte un certain nombre de précisions sur les circonstances de ce drame.

    • Il lance un appel à témoin et invite les trois jeunes à se présenter.
    • Il indique qu’« aucun élément matériel ne permet d'accréditer l'hypothèse d'un épisode de caillassage dont la jeune femme aurait pu être victime ».
    • Il précise que des investigations complémentaires doivent être effectuées.
    • Qu’il est « imprudent de tirer des conclusions hâtives sur la responsabilité de ces trois jeunes » et rappelle toute la prudence qui doit entourer la poursuite des investigations.

    Le communiqué dans son intégralité :

    Sortant à l'instant de  l'audience correctionnelle de Lifou et d'un point réalisé avec la permanence du parquet de Nouméa et des enquêteurs, je suis  en mesure de vous apporter les éléments suivants relatif à l'accident mortel intervenu à Mont Dore hier soir. 

    La victime, âgée de  34 ans et infirmière de son état, a quitté son travail au médipôle pour rejoindre son domicile au guidon de sa Yamaha FZ- 600. 

    Prenant ainsi la direction de Mont Dore Sud vers 20h30 , et parvenue aux abords du carrefour de la station maraichère de la Tribu de St Louis,  la jeune femme a perdu le contrôle de sa moto pour une raison inconnue. 

    Un jeune  homme âgé de 18 ans a été en mesure d'expliquer aux enquêteurs avoir entendu le bruit de la chute et être sorti immédiatement du domicile familial accompagné de son père.   

    Distinguant dans l'obscurité les phares de la moto restés allumés, le témoin s'est dirigé vers celle-ci avant de couper le contact. Quelques instants plus tard, il apercevait 3 jeunes hommes non identifiés marchant le long de la chaussée.  Deux d'entre eux ont tenté de lever à un moment la moto avant de partir. 

    Les secours et les enquêteurs sont ensuite arrivés sur les lieux. 

    Des constatations minutieuses  ont été réalisées cette nuit et ce matin. Aucune trace de freinage n'a été relevée. Aucun obstacle n'entravait la circulation et à ce stade aucun élément matériel ne permet d'accréditer l'hypothèse d'un épisode de caillassage dont la jeune femme aurait pu être victime. 

    L'examen médico-légal a révélé que le décès survenu était consécutif à un enfoncement de la cage thoracique . Il n'a pas été noté d'autres lésions suspectes. 

    De nombreuses investigations doivent être menées, dont notamment une expertise de la moto. 

    Un appel à témoins s'impose également. Si le comportement après l'accident des jeunes mentionnés peut légitimement intriguer, il est néanmoins tout à fait imprudent d'en tirer des conclusions hâtives sur leur responsabilité dans cet accident, au risque de nuire à l'enquête elle-même. Bien entendu leurs auditions seront importantes. Ces personnes sont invitées à se signaler dans les meilleurs délais. 

    La fiabilité des témoignages étant d'une importance capitale pour l'enquête, il importe désormais de respecter le strict secret des investigations en cours. Aucune autre communication ne sera donc entreprise pour le moment. Nous reviendrons vers vous dès que nous le pourrons.

    Cette jeune femme s’appelait Aurélie et était visiblement bien connue parmi la communauté des motards. Fabrice Louyot, président du forum des motards de Nouvelle-Calédonie, a voulu lui rendre hommage.

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