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  • © 2020 AFP | Crée le 11.11.2020 à 21h32 | Mis à jour le 11.11.2020 à 21h35
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    Rentrée 2020 dans un collège parisien. Depuis des années, de nombreux profs le disent: ils sont "en première ligne". Quatre enseignants de collège public ont accepté de confier, chaque semaine, leur expérience de terrain à l'AFP. Thomas SAMSON-AFP/Archives

    Depuis des années, de nombreux profs le disent: ils sont "en première ligne". En première ligne et parfois démunis, dans leur salle de classe, pour assurer leur mission et répondre à leurs élèves sur des sujets d'actualité brûlants.

    Quatre enseignants de collège public ont accepté de confier, chaque semaine, leur expérience de terrain à l'AFP.

    Pour leurs premiers "carnets de profs", ils racontent leur rentrée marquée par l'hommage à leur collègue Samuel Paty, décapité pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet, et s'interrogent sur leur formation à l'enseignement de la laïcité.

    - Peur des élèves d'être "associés aux terroristes" -

    Camille, 39 ans, enseigne depuis dix ans l'histoire-géographie dans un collège classé REP+ des Yvelines:

    "Lors des attentats de Charlie Hebdo, la minute de silence avait été difficile à faire respecter. Il y avait un climat très électrique dans le collège et j'ai le souvenir d'un élève qui avait arraché une affiche +Je suis Charlie+. Je pense également que nous, les enseignants, étions très à fleur de peau.

    Le dialogue s'est instauré une fois que chacun a pu prendre un peu de recul. Au fur et à mesure que les attentats se sont succédé, nous avons recueilli la peur (des élèves) d'être associés aux actes des terroristes".

    La semaine dernière, "les élèves se sont bien comportés ils ont notamment demandé si on avait vraiment le droit de faire des caricatures des religions.

    Un élève, un peu fâché, m'a dit que si c'était comme ça, il allait faire une caricature d'Emmanuel Macron et j'ai répondu que tant que son dessin n'incitait pas à la haine ou n'était pas à caractère raciste... il pouvait. Il a semblé surpris, m'a demandé si il avait vraiment le droit de la faire. Quand je lui ai dit oui, il a semblé soulagé.

    Finalement, le fait que les caricatures puissent toucher jusqu'au président de la République a apaisé leur sentiment que les musulmans étaient systématiquement pris pour cible".

    - "Je n'utilise pas ces caricatures" -

    Céline, 45 ans, enseigne l'histoire-géographie dans un collège classé REP+ d'une ville moyenne du Haut-Rhin:

    "J'ai très rarement été confrontée à des incidents alors que j'enseigne dans des établissements sensibles depuis vingt-et-un ans. La liberté d'expression implique qu'il faut aussi laisser les élèves s'exprimer, mais après il faut les cadrer, il faut rappeler sans cesse les limites.

    On a bien expliqué que les caricatures, Samuel Paty les avait utilisées comme document de travail pour provoquer le débat, on ne sait pas si lui les appréciait !

    Mais il était possible de les utiliser pour ça, comme document de travail pour lancer le débat. Moi je n'utilise pas ces caricatures, personne de mes collègues ne le fait. Peut-être par autocensure, je ne sais pas."

    - "Ce qui me manque, c'est une formation" -

    Marie, 44 ans, professeure de français dont le prénom a été modifié, exerce depuis une dizaine d'années dans une grande ville d'Ile-et-Vilaine:

    "Quand on est arrivés à 8H00, on était tous très, très fébriles. Le ministre avait annoncé qu'il y aurait deux heures de concertation pour la communauté enseignante pour qu'on puisse évoquer cet assassinat et préparer notre intervention, pour que chacun puisse exorciser aussi l'événement, parce qu'il est traumatisant pour tout le monde. Il s'est avéré que cet échange a été annulé en dernière minute.

    J'ai abordé ce problème comme j'ai pu, je suis enseignante de français, pas d'éducation civique. Comme tous mes collègues, on a regardé sur internet, on s'est renseignés.

    Le moins j'en parle, le mieux je me porte, ce qui me manque c'est une formation, une façon d'aborder ces thèmes-là, surtout pour pouvoir répondre à nos élèves."

    - Pas de "crispation" -

    Philippe, 54 ans, enseigne l'histoire-géographie dans un village du Puy-de-Dôme:

    "Dans mon collège rural, je n'ai jamais assisté à une crispation entre adultes ou avec des élèves sur le thème de la laïcité et des religions. Ce sont des faits religieux que j'enseigne et je n'ai jamais eu de remarques d'élèves sur ma manière de le faire, ni le pourquoi de cet enseignement. Pourtant, je me doute bien que, dans une classe, j'ai des élèves de croyances variées.

    J'enseigne la question de la laïcité avec mes élèves plus âgés. Là non plus, je n'ai jamais été confronté à une opposition, à un doute d'élève sur le sens du mot ni sur ce que la laïcité permet dans la vie quotidienne.

    Avec l'expérience, je suis devenu plus attentif à mon discours sur la laïcité à l'école pour ne pas en rester à ce qu'elle interdit: j'insiste sur les libertés que cette laïcité permet."

    clw-bdx-lg-cca/pa/tib/shu

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