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  • © 2020 AFP | Crée le 15.10.2020 à 23h23 | Mis à jour le 15.10.2020 à 23h25
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    Maria van Kerkhove, responsable de la gestion de la pandémie à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), lors d'une interview avec l'AFP, le 13 octobre 2020 à Genève Richard Juilliart-AFP

    Maria Van Kerkhove passait les fêtes de Noël chez sa soeur aux Etats-Unis quand elle a été alertée sur une mystérieuse infection pulmonaire en Chine.

    En neuf mois, ce "cluster" originel s'est mué en pire pandémie depuis un siècle, et cette Américaine de 43 ans, spécialiste des agents pathogènes les plus mortels, est devenue l'un des visages familiers de la lutte contre le Covid-19 dont l'avis pèse lourd.

    Dans un entretien exclusif à l'AFP, la responsable de la gestion de la pandémie à l'Organisation mondiale de la santé prévient: "c'est loin d'être terminé".

    "Cela peut faire peur mais je pense que les gens doivent être mentalement prêts et patients, ça va rester parmi nous pour un bon moment", explique-t-elle, d'une voix posée et réfléchie.

    Depuis la première alerte et les téléconférences à 3 heures du matin "assise à même le sol" dans le salon de sa soeur pendant que son mari Neil et ses deux jeunes fils dormaient, le SARS-CoV-2 s'est propagé dans le monde entier et a tué plus d'un million de personnes.

    - "Très fière" -

    La scientifique formée dans deux grandes universités américaines - Cornell et Stanford - et la prestigieuse London School of Hygiene and Tropical Medicine, exprime "son immense fierté" de faire partie du combat mené par l'OMS pour endiguer la pandémie.

    A grand renfort de gestes de ses mains, qui trahissent le bouillonnement intérieur, elle "se dit encouragée par le fait que l'on en sait tellement plus sur ce virus et comment le combattre qu'on en savait il y a une semaine, ou un mois".

    Mais, cela se double d'une crainte. "Le laisser aller, la fatigue, la frustration et la division" qui se font jour dans de nombreux pays, pourraient torpiller ces progrès.

    "Nous voyons des clivages dans la lutte (contre la maladie), des clivages sur la science et nous voyons des clivages politiques qui rendent cette situation déjà complexe encore plus difficile", déplore t-elle.

    - Modèle -

    Cette chercheuse, qui a publié dans des journaux réputés, prend très au sérieux son rôle d'expliquer honnêtement ce que l'OMS sait et ne sait pas de la maladie, encore inconnue avant la fin 2019.

    "Nous sommes là pour aider", dit-elle, mais elle reconnaît "qu'on n'y arrive pas toujours".

    Retour en arrière en juin: Maria Van Kerkhove explique au cours d'une conférence de presse que les gens atteints de Covid-19 et qui ne montrent jamais aucun symptôme semblent rarement transmettre la maladie. Mais l'amalgame est vite fait entre ces malades asymptomatiques au sens strict et les malades qui ne montrent pas encore de symptômes et qui sont donc pré-symptomatiques.

    Cela a été vite interprété "par certains individus pour dire: 'vous voyez bien. C'est pas grave. On peut ouvrir'", se souvient Mme Van Kerkhove.

    "C'est le genre de chose qui me dérange vraiment parce que je sais bien que ce que nous disons a du poids", insiste t-elle.

    L'épisode l'a blessée et elle ne "mettra plus jamais" le haut mauve qu'elle portait ce jour là.

    Les attaques sur les réseaux sociaux font aussi foison.

    "J'essaye de ne pas trop lire les commentaires qui sont assez négatifs, et qui à un moment étaient même violents", dit-elle.

    Mais elle est aussi devenue un modèle pour des filles et des femmes qui expriment leur fierté de voir une scientifique dans une position aussi importante.

    - Une longue journée -

    Depuis neuf mois Maria Van Kerkhove n'a pas pris une journée entière de repos.

    "J'ai l'impression que c'est juste une très longue journée sans interruption", dit-elle.

    Son fils aîné, âgé de presque 10 ans, s'inquiétait que sa mère puisse ne pas rentrer d'une mission en Chine en février pour mieux comprendre ce virus.

    Et le plus jeune, deux ans à peine, ne comprenait pas que sa maman allait s'isoler dans la chambre à coucher pour protéger la famille d'une éventuelle contamination.

    Il "courait après moi quand je rentrais à la maison. Il pensait que c'était un jeu" et "moi je courais dans la chambre et j'éclatais en sanglots", confie Mme Van Kerkhove.

    Les enfants ont de nouveau leurs câlins, mais "comme tout le monde", les Van Kerkhove essayent de "trouver leur chemin dans cette nouvelle normalité".

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