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  • © 2020 AFP | Crée le 15.10.2020 à 23h43 | Mis à jour le 15.10.2020 à 23h45
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    Mikhail Ismailov dans la tranchée creusée dans son village de Bakharly en Azerbaïdjan le 14 octobre 2020 Bulent Kilic-AFP

    Quand des ouvriers envoyés par le gouvernement azerbaïdjanais sont venus creuser des tranchées dans son jardin, Baïran Khalilov a compris que le conflit pour le contrôle du Nagorny Karabakh allait bientôt reprendre.

    C'était il y a de cela "un ou deux mois", raconte à l'AFP cet Azerbaïdjanais de 68 ans, un ancien combattant de la guerre des années 1990, lorsque cette région majoritairement peuplée d'Arméniens a fait sécession, avec le soutien de l'Arménie, un conflit qui fit 30.000 morts.

    Tracée en forme de L, la mince tranchée est assez profonde pour s'y tenir debout et à l'abri, alors qu'à l'horizon se profilent les montagnes du Nagorny Karabakh tenues par l'adversaire.

    En la creusant, les envoyés du gouvernement "ont dit que c'était une mesure de sécurité de routine", raconte Baïran Khalilov.

    Mais dans le village de Bakharly, où l'AFP a pu se rendre avec l'autorisation des autorités azerbaïdjanaises, "tout le monde savait que quelque chose était sur le point de commencer", raconte-t-il.

    Depuis la reprise des hostilités entre séparatistes et forces azerbaïdjanaises le 27 septembre, le vieil homme vit à proximité immédiate des combats.

    Si des heurts armés avaient régulièrement secoué la région depuis le cessez-le-feu de 1994, les affrontements en cours sont d'une ampleur inédite, faisant des centaines de morts dont près de 80 civils.

    Bien sûr, chaque camp accuse l'autre d'avoir déclenché l'escalade. Mais contrairement aux accrochages du passé, cette fois-ci l'Azerbaïdjan proclame haut et fort être prêt à la reconquête militaire du Nagorny Karabakh, excédé par des décennies de statu quo et une médiation internationale sans résultat.

    Le témoignage de Baïran Khalilov laisse aussi penser que dans des régions azerbaïdjanaises près du front, les préparatifs étaient en cours dès l'été.

    A Bakharly, les habitants interrogés par l'AFP affirment néanmoins ne pas savoir ce qui a poussé les autorités à creuser les tranchées.

    Baïran Khalilov se dit juste "très reconnaissant".

    - "S'accrocher" -

    Car ici, les bombardements sont permanents. Des 800 familles qui vivent d'ordinaire dans le village, il ne reste qu'une centaine d'hommes.

    "Pourquoi nous sommes toujours là ? C'est une question vraiment importante", note Sakhib Askerov, 66 ans, après avoir montré la tranchée creusée derrière sa maison en bois.

    "Nos garçons combattent là-bas", dit-il en pointant les montagnes. "En restant ici, on a l'impression de se battre aussi, en s'accrochant à notre terre".

    Les champs autour de Bakharly font partie du "no-man's land" séparant les belligérants. Cela n'empêche pas Mikhail Ismailov de les longer chaque jour pour aller acheter du pain.

    Selon lui, le village subit toutes les nuits des bombardements "innombrables".

    Mercredi matin, "ils ont bombardé nos soldats. Heureusement ils ont survécu, avec l'aide de Dieu", dit-il depuis son jardin, d'où, du fond de sa tranchée, il regarde chaque soir "les tirs (qui) viennent d'abord du côté arménien, puis du nôtre."

    Un autre villageois, Akif Kasymov, dit que certains quittent la commune quand les combats deviennent trop intenses mais qu'autrement "on reste aussi longtemps qu'on peut".

    A Bakharly, beaucoup de maisons n'ont plus de toit et bien des murs sont enfoncés.

    Dans d'autres, en meilleur état, les restes des repas inachevés des familles ayant fui sont encore sur la table.

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