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  • © 2020 AFP | Crée le 19.11.2020 à 05h38 | Mis à jour le 19.11.2020 à 05h40
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    Un "nakurnjak'', avec deux noix comme symbole de cet étui pénien destiné à protéger leurs parties intimes du froid, le 30 septembre à Ličko Petrovo Selo dans le centre de la Croatie Denis LOVROVIC-AFP

    Dans la Croatie rurale, elle protégeait autrefois l'entrejambe masculin des rigueurs de l'hiver. Pour l'amusement des touristes contemporains, des femmes tricotent à nouveau une sorte de chaussette pénienne en laine connue sous le nom de "nakurnjak" afin de sauver les arts traditionnels.

    La braguette connut son heure de gloire chez les hommes de la bonne société européenne durant la Renaissance des XV et XVIe siècles, comme accessoire de mode qui attirait les regards sous couvert de couvrir.

    L'écrivain français François Rabelais s'amusait d'une "pièce première de harnois militaire" semblable aux "belles et fortes braguettes naturelles" des noix ou des châtaignes. Le philosophe Montaigne s'insurgeait lui contre une "pièce ridicule", un "vain modèle et inutile d'un membre, que nous ne pouvons seulement honnestement nommer, duquel toutesfois nous faisons montre et parade en public".

    Dans les Balkans, les classes populaires en faisaient un usage plus prosaïque, contre le froid, à la manière d'un caleçon actuel.

    En Croatie centrale, dans la région montagneuse reculée de Lika connue pour ses hivers glaciaux, la braguette de laine était jadis de rigueur.

    "Les hommes portaient des pantalons larges, sans protection en dessous de la ceinture, ils devaient faire du cheval, ramasser du bois de chauffe dans la forêt, d'où le besoin de fabriquer des nakurnjak", dit Sonja Leka, 55 ans, qui dirige une association de promotion de l'artisanat traditionnel.

    "Nos ancêtres étaient pratiques, il n'y avait pas de honte à désigner les objets utiles", poursuit-elle, à propos de l'appellation croate du vêtement en question qui signifie couvre-parties mais en moins poli.

    - "Energie positive" -

    La tradition avait perduré jusque dans les années 1950 avant d'être détrônée par les sous-vêtements en coton.

    Dans le petit village de Licko Petrovo Selo, l'association Tara réunit un groupe de femmes plutôt âgées qui tricotent, crochètent ou tissent des chaussettes, des sacs à main, des serviettes et les étuis péniens.

    Ces derniers sont très prisés des touristes qui visitent le parc national voisin des lacs de Plitvice inscrit au patrimoine de l'Unesco. "Quand on montre les nakurnjaks, les gens rient, il y a beaucoup d'énergie positive, de blagues. Pas mal de gens les achètent comme cadeaux de Noël", raconte Mme Leka, qui est aussi guide touristique.

    L'année dernière, environ 600 touristes, pour la plupart américains, avaient rendu visite aux modestes locaux de l'association, qui a reçu des financements d'ambassades et de la municipalité.

    Pour l'instant, environ 1.500 nakurnjaks empaquetés dans des boîtes en carton contenant une notice explicative ainsi que des noisettes garantes de "bonne santé" ont été vendus aux touristes ou offerts à des présidents croates.

    Les tricoteuses racontent qu'autrefois, ils faisaient partie de la dot des mariées à leur nouvel époux. Les fiancées devaient parfois se renseigner au préalable sur les tailles auprès de la famille de leur promis.

    Les nakurnjaks "intéressent tout le monde, ça fait rire les touristes", déclare Anka Prica, 73 ans. "On vient ici pour voir du monde et aussi travailler pour que ces arts anciens ne tombent pas dans l'oubli."

    Il n'y a pas qu'en Croatie que la braguette revit. Elle a refait des apparitions chez des maisons de couture renommées, comme Gucci, Versace ou Thom Browne.

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