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  • © 2020 AFP | Crée le 28.11.2020 à 19h12 | Mis à jour le 28.11.2020 à 19h15
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    Des artistes cubains rassemblés face au ministère de la Culture pour réclamer plus de liberté d'expression, à La Havane le 27 novembre 2020 YAMIL LAGE-AFP

    Quelque 200 artistes cubains se sont rassemblés pendant des heures vendredi soir face au ministère de la Culture pour appeler à plus de liberté d'expression, et une délégation d'entre eux a fini par être reçue par le vice-ministre.

    Ce mouvement faisait suite à l'expulsion violente du collectif d'artistes San Isidro, qui réclamaient la libération d'un chanteur de rap emprisonné.

    Ces 14 jeunes Cubains, membres ou sympathisants du Mouvement San Isidro, un collectif d'artistes, d'universitaires et de journalistes, étaient retranchés depuis 10 jours dans leur local du centre historique de La Havane et une partie d'entre eux disaient être en grève de la faim.

    La mobilisation pacifique de vendredi, qui a duré plus d'une dizaine d'heures, agrémentée de lectures de poésies et de chant de l'hymne cubain, est exceptionnelle dans ce pays de gouvernement communiste où le droit à manifester n'est accordé que de façon très sporadique.

    Vers 21H00 (02H00 GMT samedi), une délégation de 30 représentants des manifestants ont été reçus par le vice-ministre Fernando Rojas, après avoir patienté depuis la mi-journée devant le siège du ministère.

    Cette réunion a duré cinq heures. "Ca a été un dialogue difficile sur tous les thèmes", a commenté à la sortie l'artiste plasticienne Tania Brugueras, mais qui a permis "l'ouverture d'une voie de dialogue", avec notamment une rencontre prévue avec le ministre Alpidio Alonso la semaine prochaine.

    Parmi leurs revendications, approuvées par les artistes à main levée: la liberté de création et d'expression, le droit au désaccord et la fin de la répression et du harcèlement contre les artistes.

    A quelques dizaines de mètres, un grand nombre d'agents de la Sécurité de l'Etat et de policiers en uniforme étaient en poste, mais sans intervenir, a constaté un journaliste de l'AFP.

    - "Besoin de liberté" -

    "D'une certaine façon, nous n'avons pas beaucoup confiance, mais de l'autre, nous sentons que c'est notre obligation. Ce sont des fonctionnaires de ce pays et c'est devenu une situation politique", a déclaré à l'AFP un des manifestants, Michel Matos.

    "Nous avons besoin de la liberté de pensée et de la liberté d'expression, c'est ce qui nous unit tous ici", a confié l'artiste plasticien Renier Leyva, 37 ans.

    Vendredi en début de soirée, l'acteur et réalisateur Jorge Perrugoria, connu pour son rôle dans "Fraise et chocolat" (1993), et Fernando Pérez, considéré comme le meilleur réalisateur cubain actuellement, se sont joints aux manifestants.

    "C'est le moment de dialoguer et je crois que vous, les jeunes, vous devez être écoutés", a déclaré Jorge Perrugoria, 55 ans.

    "Nous sommes ici pour dire au ministère de la Culture de vous recevoir, que cela va être le début d'un nouveau langage", a lancé Fernando Pérez, 76 ans.

    Jusque-là inconnu du grand public, le Mouvement San Isidro a gagné en notoriété, y compris au-delà des frontières, grâce à son action amplement diffusée en ligne.

    Derrière son coup d'éclat, un double phénomène: l'internet mobile, arrivé fin 2018, qui a révolutionné la vie quotidienne des Cubains et permis aux voix critiques de mieux se faire entendre, via les réseaux sociaux.

    Cet épisode survient aussi après des mois de tension entre artistes indépendants et gouvernement autour du décret-loi 349, qui les oblige à s'enregistrer auprès d'une institution officielle.

    - "Fatigue" des artistes -

    Le collectif voulait dénoncer l'emprisonnement d'un de leurs membres, le rappeur Denis Solis, arrêté le 9 novembre et condamné à huit mois de prison pour "outrage" à l'autorité.

    Pour justifier leur intervention, les autorités ont allégué un danger de propagation de l'épidémie de Covid-19, car un journaliste et écrivain cubain, Carlos Manuel Alvarez, collaborateur du Washington Post et du New York Times, aurait enfreint les protocoles sanitaires en se joignant aux membres du collectif.

    Au moment de cette intervention, de nombreux Cubains ont dénoncé le fait que l'accès aux réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram était soudainement bloqué.

    Après leur arrestation, les 14 membres de San Isidro ont été soumis à des tests PCR et on leur a ordonné de rentrer chez eux, le local du mouvement ayant été fermé par les autorités, selon les militants.

    Vendredi soir, le chef du mouvement, qui avait refusé d'obéir, restait détenu: Luis Manuel Otero Alcantara, 32 ans.

    Les manifestants réclament de savoir où il se trouve, un procès juste pour Denis Solis, une "transparence institutionnelle" du ministère de la Culture et un débat public autour du décret 349.

    "La communauté internationale exige du régime qu'il respecte les droits de l'homme à Cuba", a tweeté vendredi le sous-secrétaire d'Etat américain en charge de l'Hémisphère occidental, Michael Kozak.

    Dans un communiqué, Amnesty International a demandé la libération d'Alcantara, le qualifiant de "prisonnier de conscience".

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