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  • © 2020 AFP | Crée le 20.10.2020 à 20h41 | Mis à jour le 20.10.2020 à 20h45
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    Micha Gyurjian, le maire de Martakert, au Nagorny Karabakh, dans un bâtiment de sa ville détruit par un bombardement, le 19 octobre 2020 ARIS MESSINIS-AFP

    Assis dans un bureau en sous-sol, avec deux téléphones filaires devant lui, Micha Gyurjian, le maire de Martakert, administre tant bien que mal cette ville régulièrement bombardée depuis fin septembre dans le nord-est du Nagorny Karabakh.

    La bourgade, vidée de ses quelque 5.000 habitants, se trouve à une dizaine de kilomètres de la ligne de front.

    Ce lundi matin vers 02H00, une roquette a détruit le mur d'une maison près d'un carrefour. Des éclats de pierres jonchent le goudron.

    En début d'après-midi, le maire, 61 ans, accompagne les journalistes de l'AFP pour un tour de sa ville presque fantôme, peuplée d'une poignée d'habitants, de chiens, de chats et de cochons qui errent.

    Plus de 30% des habitations ont été détruites selon lui. Les forces azerbaïdjanaises "frappent tous les jours. Comment voulez-vous compter exactement dans ces conditions", dit-il.

    Ici pas de sirène pour alerter avant un bombardement. "Nous n'avons plus d'électricité. Quand nous voulons réparer, il y a des bombardements".

    La traversée de la commune se fait au son de tirs sporadiques de canons depuis des positions, toutes proches, des forces séparatistes arméniennes, en direction de l'Azerbaïdjan.

    Au détour d'une petite route, on aperçoit furtivement deux tanks de fabrication russe, à l'arrêt, et quelques soldats autour.

    Vêtu d'un treillis camouflé, veste ouverte sur un t-shirt qui souligne son embonpoint, bonnet noir sur la tête, le maire fait visiter une maison détruite il y a quatre jours.

    Les tôles défoncées du toit sont éparpillées dans le jardin et sur une treille où pendent quelques grappes de raisins noirs. Les murs sont brûlés et en partie écroulés.

    Plus loin, Micha Gyurjian s'arrête devant sa maison, qui surplombe une petite route. Une bâtisse large à un étage touchée le 10 octobre.

    - "La mauvaise heure" -

    "Mon fils était là, il revenait du front pour se reposer. Il a eu le temps de partir avant une frappe aérienne", dit-il, enchaînant les cigarettes. Ses deux fils sont à la guerre, sa femme est à Erevan, la capitale arménienne.

    Les murs ont tenu mais les fenêtres ont été soufflées, les arbres dans le jardin sont brulés.

    La visite se poursuit, les images sont les mêmes.

    Dans le jardin d'une autre maison détruite, le cadavre d'un chien attire les mouches.

    L'homme regarde sa montre: 14H30. "La mauvaise heure. Ils (les Azerbaïdjanais) peuvent commencer à bombarder", dit-il en montant dans sa voiture.

    Dans le centre-ville, il rejoint dans un sous-sol des membres de son équipe municipale, une demi-douzaine d'hommes, presque tous en treillis camouflé. Trois petites pièces sommairement meublées qui servent de bureau, de dortoir, et de cuisine.

    Assis à son bureau devant les deux téléphones filaires, à côté d'un fusil kalachnikov posé contre un mur, il raconte que les bombardements sur la ville ont commencé dès le début de la guerre le 27 septembre.

    Au total il dénombre trois morts et quatre blessés.

    "Nous avions juste terminé de refaire une route, des gens achetaient des appartements, les cultures (de la pomme-grenade) s'étendaient", regrette celui qui est maire depuis 2011, après avoir été chef de la police de la route de la ville.

    "Je ne m'imaginais pas que cela recommence. Mais là ce sont des armes différentes. Des bombardements aériens, de drones, alors qu'avant on se battait au fusil", note désabusé l'ancien combattant du premier conflit (1988-1994) avec l'Azerbaïdjan.

    L'un des deux téléphones devant lui sonne, il décroche. C'est un habitant qui a quitté la ville depuis un moment.

    "Ça va... ça va... c'est calme", dit l'homme, peu bavard, avant de raccrocher en allumant une nouvelle cigarette.

    "Nous allons tout reconstruire quand cela s'arrêtera. Quand cela va s'arrêter ? Quand nous aurons gagné, parce que nous défendons notre terre", assure-t-il, l'oeil rougi de fatigue.

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