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  • © 2020 AFP | Crée le 20.11.2020 à 18h36 | Mis à jour le 20.11.2020 à 18h40
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    La lycéenne thaïlandaise Benjamaporn "Ploy" Nivas, le 14 novembre 2020 lors d'un rassemblement pour la démocratie à Bangkok Lillian SUWANRUMPHA-AFP

    Coupe à frange et lunettes cerclées qui lui donnent un air sage: de prime abord, Benjamaporn "Ploy" Nivas n'a rien d'une fauteuse de troubles.

    La jeune fille de 15 ans est pourtant l'une des figures du mouvement lycéen des "Bad Students" qui organise une nouvelle manifestation samedi à Bangkok pour réclamer une réforme du système scolaire thaïlandais ultra-conservateur.

    "Les lycéens devraient pouvoir penser par eux-mêmes et être eux-mêmes", explique Ploy à l'AFP, lors d'un précédent rassemblement.

    En Thaïlande, les établissements scolaires suivent des normes vestimentaires très strictes, avec queue de cheval et ruban dans les cheveux obligatoires pour les filles et coupe militaire pour les garçons.

    Enhardis par le mouvement pro-démocratie qui agite actuellement le royaume, les lycéens ont commencé à réclamer eux aussi plus de libertés.

    Refonte des programmes, assouplissement des règles, égalité, droit à la parole: leurs revendications ébranlent tous les piliers du système.

    A l'école, "nous subissons un lavage de cerveau... On nous apprend à ne poser aucune question, mais seulement à mémoriser et réciter des faits en vue des examens", dit-elle.

    Les manuels d'histoire sont une pomme de discorde particulière dans un pays qui a connu une douzaine de coups d'État depuis la fin de la monarchie absolue en 1932.

    Les manuels scolaires passent sous silence des événements tels que le massacre des étudiants pro-démocratie dans les années 1970 et se concentrent sur la vie et l’œuvre des monarques.

    Certains enseignants "sont du même côté que moi, du côté de la démocratie, et ils m'admireront - d'autres veulent le statu quo, ceux-là me détestent", raconte Ploy.

    - Défier les dangers -

    Les manifestations pro-démocratie menées par les jeunes secouent la Thaïlande depuis juillet et, pour la plupart, elles ont été pacifiques.

    Mais lors d'un rassemblement mardi, la police a utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes contre des militants, et six personnes ont été blessées par balle.

    Malgré le danger, "nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir peur, sinon nous ne pourrons rien changer", affirme Ploy.

    Depuis août, les "Bad Students" (mauvais élèves, NDLR) exigent la démission du ministre de l'Éducation - et ont même organisé un simulacre de ses funérailles.

    "Cela fait longtemps que des appels à réformer les écoles du royaume existent, mais les progrès ont été minimes", explique Pumsaran Tongliemnak, un expert du Fonds pour l'éducation équitable.

    Pour lui, le gouvernement thaïlandais doit améliorer l'accès à l'éducation et se donner un objectif de qualité pour tous les élèves, du public comme du privé.

    "L'écart entre les nantis et les pauvres est important", résume Pumsaran à l'AFP.

    Dans les évaluations internationales, les élèves thaïlandais obtiennent des scores inférieurs à la moyenne de l'OCDE en mathématiques et en sciences.

    Ils réussissent particulièrement mal en lecture, et un rapport de la Banque mondiale en 2015 a noté "l'analphabétisme fonctionnel" des élèves.

    Le rapport note l'accent mis sur l'apprentissage par cœur, et la pratique régulière des châtiments corporels malgré leur interdiction récente.

    Enfin, selon Ploy, les jeunes filles sont à l'avant-garde du mouvement car elles sont discriminées à l'école.

    "Je pense que les filles et les personnes LGBT sont réprimées par le système patriarcal à la maison et à l'école. C'est ce qui m'a poussé à me battre pour moi et pour les autres", dit-elle.

    - "Les écoles sont des petites dictatures" -

    Lors d'un rassemblement début octobre devant un lycée du centre de Bangkok, des dizaines de jeunes filles ont attaché des rubans blancs aux grilles de l'établissement.

    Le visage dissimulé, elles avaient aussi masqué leur numéro d'immatriculation scolaire brodé sur leur uniforme.

    Une jeune dirigeante étudiante a prononcé un discours passionné du haut d'un camion posté devant l'école, demandant aux enseignants de respecter les élèves plutôt que de "prêcher des règles".

    Ce sentiment d'étouffer frappe une corde sensible chez Vegas, une lycéenne transgenre de 16 ans forcée à changer d'école à cause de la discrimination et de l'intimidation dont elle dit avoir été la victime.

    Interdiction de contester, interdiction de remettre en question l'autorité, perpétuation du système. "Les écoles sont comme de petites dictatures, avec toutes leurs règles", conclut Vegas.

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