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  • | Crée le 01.03.2021 à 14h09 | Mis à jour le 02.03.2021 à 02h38
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    Nicolas Sarkozy quitte le tribunal le 1er mars 2021 à Paris après sa condamnation Anne-Christine POUJOULAT [AFP]
    Un jugement sans précédent: Nicolas Sarkozy est devenu lundi le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme, à un an pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes".

    Avant lui, seul son ancien mentor Jacques Chirac avait été sanctionné par la justice, en décembre 2011. Mais il avait été condamné à deux ans de prison avec sursis, notamment pour détournement de fonds publics, dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris.

    Nicolas Sarkozy, qui a toujours affirmé n'avoir jamais commis "le moindre acte de corruption", a écouté le délibéré debout face au tribunal, impassible.

    Ni l'ex-président ni son avocate Jacqueline Laffont n'ont fait de déclaration à la sortie de la salle d'audience, après la lourde condamnation prononcée par le tribunal correctionnel de Paris: trois ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis - une peine aménageable.

    Les juges ont prononcé la même sanction pour l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert et l'avocat historique de l'ex-président, Thierry Herzog, assortie pour ce dernier d'une interdiction professionnelle de cinq ans. MM. Azibert et Herzog ont en outre été reconnus coupables de violation du secret professionnel.

    Les conseils de Thierry Herzog, Hervé Temime et Paul-Albert Iweins, ont annoncé qu'ils avaient d'ores et déjà formé un appel, qui est suspensif.

    Nicolas Sarkozy, qui a été "garant de l'indépendance de la justice, s'est servi de son statut d'ancien président (...) pour gratifier un magistrat ayant servi son intérêt personnel", a déclaré la présidente, Christine Mée, estimant que le "pacte de corruption" était bien constitué.

    - Deuxième procès -

    Les prévenus "ont porté gravement atteinte à la confiance publique en instillant dans l'opinion l'idée selon laquelle les procédures devant la Cour de Cassation (...) peuvent faire l'objet d'arrangements occultes destinés à satisfaire des intérêts privés", écrit le tribunal dans sa décision, ajoutant: "Ce dévoiement (...) exige une réponse pénale ferme".

    Le tribunal est resté en-deçà des réquisitions du parquet national financier (PNF), qui avait demandé quatre ans d'emprisonnement dont deux ferme pour les trois prévenus. Le patron de ce parquet financier, Jean-François Bohnert, était présent en personne pour le jugement.

    Les réactions n'ont pas tardé à droite de l'échiquier politique, où l'on a dénoncé un "acharnement judiciaire" et la "sévérité" de la peine.

    "Quel acharnement insensé", a écrit Carla Bruni-Sarkozy sur son compte Instagram. "Le combat continue, la vérité fera jour", a-t-elle ajouté.

    Cette première condamnation pour Nicolas Sarkozy intervient alors qu'il doit à nouveau faire face à des juges, dès le 17 mars, au procès de l'affaire "Bygmalion", portant sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012.

    Retiré de la politique depuis 2016 mais toujours très populaire à droite, un an avant le prochain scrutin présidentiel, Nicolas Sarkozy est sous forte pression judiciaire. Il est mis en cause dans plusieurs dossiers, dont celui des soupçons de financement libyen de sa campagne victorieuse de 2007.

    C'est dans le cadre de cette dernière affaire qu'il avait été placé sur écoute en 2013.

    Les juges découvrent alors, début 2014, que Nicolas Sarkozy utilise une ligne téléphonique secrète, ouverte sous l'alias de "Paul Bismuth", pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog.

    Sur les 21 de leurs conversations retranscrites, le tribunal en a écarté deux. Les autres prouvent bien selon les juges qu'un "pacte de corruption" a été conclu entre Nicolas Sarkozy, son avocat et Gilbert Azibert.

    - Informations privilégiées -

    Les juges ont estimé que l'ex-président s'était rendu coupable de corruption, en promettant d'appuyer la candidature de M. Azibert pour un poste de prestige à Monaco, en échange "d'informations privilégiées et confidentielles", voire d'une influence sur un pourvoi en cassation qu'il a formé.

    L'ancien locataire de l'Elysée voulait alors faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels après avoir obtenu un non-lieu dans l'affaire Bettencourt. Gilbert Azibert, avocat général dans une chambre civile, n'intervenait pas directement dans ce dossier mais il a selon le tribunal "accepté, moyennant une récompense, d'exercer une influence ou de laisser penser qu'il pouvait exercer une influence" sur les magistrats amenés à se prononcer sur le pourvoi.

    Lors du procès qui s'est achevé le 10 décembre, la défense avait brocardé un dossier basé sur des "fantasmes" et des "hypothèses" et avait plaidé à l'unisson la relaxe.

    Elle avait fait valoir qu'in fine, Nicolas Sarkozy n'a pas eu gain de cause devant la haute juridiction et que Gilbert Azibert n'a jamais eu de poste à Monaco.

    Dans une ambiance houleuse, la défense avait pilonné un dossier "poubelle", réclamant l'annulation de la totalité de la procédure, basée selon elle sur des écoutes "illégales" car violant le secret des échanges entre un avocat et son client.

    Le tribunal a refusé de faire droit à cette demande, déjà tranchée par la Cour de cassation en 2016.

    Les avocats des prévenus avaient aussi torpillé une enquête préliminaire parallèle menée par le PNF. Visant à identifier une éventuelle taupe ayant pu informer en 2014 Thierry Herzog que la ligne Bismuth était "branchée", elle a conduit à faire éplucher leurs factures téléphoniques détaillées ("fadettes").

    Elle a été classée sans suite près de six ans après son ouverture. Trois magistrats du parquet financier, notamment son ancienne cheffe Eliane Houlette, sont visés depuis septembre par une enquête administrative, dont les conclusions sont imminentes.


    Les affaires judiciaires autour de Nicolas Sarkozy Simon MALFATTO [AFP]


    Croquis d'audience réalisé le 1er mars 2021 montrant l'ancien président Nicolas Sarkozy (G), son avocat Thierry Herzog et l'ancien haut-magistrat Gilbert Azibert (D) au tribunal de Paris Benoit PEYRUCQ [AFP]

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