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  • | Crée le 18.01.2021 à 18h37 | Mis à jour le 19.01.2021 à 05h37
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    Des employés municipaux retirent le corps d'un homme de 75 ans décédé du Covid-19 dans sa maison de Manaus, capitale de l'Etat brésilien d'Amazonas, entourés de membres de sa famille le 16 janvier 2021 MICHAEL DANTAS [AFP]
    Sous une chaleur écrasante, des dizaines de personnes attendent depuis 12 heures pour faire remplir des bonbonnes d'oxygène et tenter de sauver la vie de leurs proches à Manaus, ville brésilienne plongée en plein chaos par l'explosion de cas de Covid-19.

    "L'oxygène arrive, mais on ne sait pas combien de temps ça va durer", dit à l'AFP Fernando Marcelino, pasteur évangélique qui fait le pied de grue avec sa bonbonne vide devant un point de vente improvisé par une entreprise de la zone industrielle de la métropole amazonienne.

    Il faut débourser pas moins de 300 à 600 réais (50 a à 100 euros) pour s'approvisionner, selon la taille de la bonbonne, qui sera utilisée à la maison.

    "Ici, tout le monde a un membre de sa famille qui est soigné à domicile. On préfère faire ça que de les laisser mourir à l'hôpital", déplore Fernando Marcelino, muni de deux masques, de gants et de lunettes de protection.

    Dans les hôpitaux de Manaus, pôle industriel de deux millions d'habitants, la pénurie d'oxygène, vital pour la respiration artificielle de patients gravement atteints de Covid-19, a causé la mort de dizaines de personnes en fin de semaine dernière.

    Le personnel soignant est totalement débordé et mène un combat souvent perdu d'avance pour sauver des vies, les médecins étant contraints de ventiler manuellement des malades, tandis que d'autres meurent asphyxiés.

    "C'est inhumain", lâche un habitant de Manaus en montrant à l'AFP sur un téléphone une vidéo d'un hôpital totalement saturé, avec des patients qui s'entassent sur des brancards alignés dans les couloirs.

    Ces derniers jours, le taux de mortalité lié au virus à Manaus est passé de 142 à 187 pour 100.000 habitants, près de deux fois supérieur à la moyenne nationale (100 pour 100.000) du Brésil, où plus de 210.000 personnes sont décédées du Covid-19.

    L'explosion des contaminations pourrait être due, selon les spécialistes, à la circulation dans la région amazonienne d'un nouveau variant potentiellement aussi contagieux que ceux qui sont apparus au Royaume-Uni ou en Afrique du Sud.

    Critiqué pour son manque de réactivité face à la pénurie d'oxygène, le gouvernement a intensifié ces derniers jours les envois de bonbonnes destinées aux hôpitaux, surtout par avion ou par bateau.

    Car nichée au coeur de la forêt amazonienne, Manaus est très peu desservie par la voie terrestre, ce qui représente un vrai casse-tête logistique.

    "On devient médecins"

    "Samedi, c'était la pire journée, il n'y avait pratiquement plus d'oxygène", raconte Roberto Freitas, 32 ans, qui a cherché désespérément pendant deux jours de quoi remplir une bonbonne pour maintenir en vie le père de sa belle-soeur.

    "Un employé municipal m'a dit que l'oxygène n'arriverait pas à temps et que je pouvais déjà faire appel à un camion frigorifique pour aller chercher le corps. Il ne reste plus qu'à pleurer", confie-t-il.

    Roberto a finalement pu obtenir une petite recharge, avant de repartir au milieu de la nuit pour prendre place dans la file d'attente quand il a su qu'une entreprise vendait de l'oxygène dans la zone industrielle.

    Comme de nombreux habitants de Manaus s'étant résolus à soigner leur proches à domicile, ce maître d'oeuvre de chantiers a dû apprendre sur le tas comment utiliser l'oxygène pour la respiration artificielle, en consultant des forums sur internet ou grâce aux conseils d'un ami médecin.

    "On devient médecins, on en est arrivé là", résume-t-il.

    Le personnel soignant des hôpitaux sait à quel point il est difficile d'y survivre quand on est gravement atteint par le virus.

    Luciana, infirmière de 26 ans, n'attend qu'une chose: remplir sa bonbonne d'oxygène dans la zone industrielle pour sortir une collègue de l'hôpital et la soigner chez elle.

    "J'ai peur qu'elle attrape d'autres infections, elle sera plus en sécurité à la maison, parce qu'il y a plein de bactéries à l'hôpital", explique-t-elle, avant de s'interrompre pour écouter l'annonce au mégaphone des noms des premières personnes inscrites pour remplir leurs bonbonnes.

    Tout le monde se presse contre des grilles de métal et une patrouille de police veille à éviter les débordements.

    Quand les premiers clients arrivés la veille au soir ressortent avec leur bonbonnes pleines, il fait déjà nuit à Manaus.


    Enterrement d'un homme mort du coronavirus à Manaus, Etat d'Amazonas, au Brésil, me 16 janvier 2021 MICHAEL DANTAS [AFP]


    Des parents d'une victime du Covid-19 âgée de 75 ans assistent au retrait du corps dans sa maison de Manaus, capitale de l'Etat brésilien d'Amazonas, le 16 janvier 2021 MICHAEL DANTAS [AFP]


    Un patient atteint par le coronavirus évacué d'urgence en avion à l'aéroport Ponta Pelada de Manaus, capitale de l'Etat brésilien d'Amazonas, le 15 janvier 2021 Michael DANTAS [AFP]


    Bombones d'oxygène distribuées en urgence à Manus, capitale de l'Etat brésilien d'Amazonas, frappée par une vague de Covid-19 le 15 janvier 2021 Michael DANTAS [AFP]

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