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    France
  • Jérôme Rivet et Laurence Benhamou/AFP | Crée le 10.10.2018 à 04h25 | Mis à jour le 10.10.2018 à 08h24
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    Hier, Edouard Philippe devait annoncer son nouveau gouvernement, le troisième depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Photo AFP
    GOUVERNEMENT. Entretenant le flou sur l’ampleur du remaniement une semaine après la démission de Gérard Collomb, Emmanuel Macron et Edouard Philippe devaient dévoiler hier un nouveau gouvernement pour tourner la page d’une rentrée calamiteuse.

    Le Premier ministre est arrivé hier à 9 heures à l’Elysée, signe d'un remaniement imminent. Il en est reparti après un entretien d'une heure et demie avec Emmanuel Macron, sans plus de précision, en pleines tractations. Il n'aurait cependant pas présenté sa démission lors de cette entrevue. Les questions au gouvernement ont été maintenues comme prévu à 15 heures, sans qu’on sache si l'hypothèse d'une démission du gouvernement était abandonnée ou simplement retardée.

    La nouvelle équipe pourrait donc ne pas être en place ce mercredi pour le Conseil des ministres, alors qu’Emmanuel Macron doit quitter Paris ce jour pour une visite en Arménie jusqu’à vendredi.

    Ce remaniement a été imposé à l’exécutif par la démission soudaine, le 2 octobre, du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, décidé à quitter Paris pour retrouver son fauteuil de maire de Lyon, après plusieurs désaccords sur l’immigration ou encore l’affaire Benalla.

    Casse-tête

    Sous le choc du second départ d’un ministre d’Etat, un mois après celui non moins retentissant de Nicolas Hulot, Emmanuel Macron et Edouard Philippe, malmenés dans les sondages, veulent donner un « nouveau souffle » au quinquennat par un remaniement plus large, selon l’expression de Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale. « Il y a une prise de conscience de la part du président de la République et nous avons besoin de relancer la machine et le président est très attentif à l’état de l’opinion et aux préoccupations des Français », a assuré le député LREM Hugues Renson.

    L’Elysée et Matignon ont réussi à garder le secret, laissant le monde politique supputer sur le nombre de ministères concernés et le nom des sortants et entrants.

    En attendant, ce casse-tête politique perturbe les réformes en cours et empêche l’exécutif de communiquer sur le fond de ses projets. Exemple : le comité interministériel du handicap, rendez-vous annuel qui devait se tenir hier à Matignon, a été reporté de quelques semaines.

    Depuis une semaine, le Premier ministre assume l’intérim à l’Intérieur, ce qui l’a obligé à un aller-retour lundi soir à Lyon pour présider le dîner de travail des ministres de l’Intérieur des six plus grands pays de l’UE. Pour remplacer Gérard Collomb, l’exécutif pourrait être tenté de faire confiance à un expert, sur le modèle de Jean-Michel Blanquer à l’Education.

    Un expert à l’Intérieur ?

    Ont été cités les noms du procureur de Paris François Molins - visage connu des Français depuis les attentats de 2015 -, de la directrice de la PJ Mireille Ballestrazzi, de Jean Castex, un haut fonctionnaire qui a servi Nicolas Sarkozy à l’Elysée, ou de l’ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard. Parmi les politiques, sont évoqués les noms de Christophe Castaner, Jean-Yves Le Drian ou Gérald Darmanin.

    Parmi les sortants possibles, figurent Françoise Nyssen (Culture), Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) ou Stéphane Travert (Agriculture).

    Emmanuel Macron et Edouard Philippe pourraient redessiner les contours de certains ministères, en particulier pour créer un ministère des Territoires sur fond de tensions avec les collectivités.

    L’exercice est rendu délicat par la volonté de l’exécutif de maintenir l’identité du « macronisme » reposant sur l’équilibre femmes/hommes, société civile/partis, droite/gauche au sein du gouvernement.

    Les centristes du MoDem pourraient récupérer quelques portefeuilles, comme Marc Fesneau, leur chef de file à l’Assemblée, pressenti pour l’Agriculture, la Cohésion des territoires ou les Relations avec le Parlement. Des surprises ne sont pas exclues, Emmanuel Macron n’aimant pas se laisser forcer la main par les commentateurs, selon un proche.

     

    Des manifs contre la « destruction du modèle social »

    Parallèlement au remaniement, lycéens, étudiants, salariés et retraités étaient appelés hier à faire grève et à manifester dans toute la France, pour la première fois depuis la rentrée, afin de protester contre la « destruction du modèle social » du gouvernement et avec l’espoir d’organiser d’autres mobilisations par la suite. La CGT, Force ouvrière, Solidaires, l’Unef, la FIDL et l’UNL sont derrière cet appel interprofessionnel, lancé fin août. « Un constat s’impose et se renforce, écrivent-elles, celui d’une politique idéologique visant à la destruction du modèle social.» Pour ces organisations, « cette politique, ainsi que les mesures encore récemment annoncées par le gouvernement, relèvent d’une logique d’individualisation mettant à mal la solidarité et la justice sociale », « fragilisant une fois de plus les plus faibles, les précaires et les plus démunis ». Contrairement aux fois précédentes, il ne devait pas y avoir de perturbations dans les transports en commun, la direction de la SNCF tablant sur un impact « quasi nul », quand la RATP prévoit un trafic « normal ».

    Philippe Martinez, le numéro un de la CGT, et Pascal Pavageau, son homologue de FO, avaient prévu de marcher côte à côte à Paris, comme le 28 juin, une journée qui avait peu mobilisé pour défendre, déjà, « le modèle social et républicain », avec à Paris 15 000 manifestants selon les syndicats, 2 900 selon la police.

    Repères

    Le scénario

    Scénario évoqué par plusieurs sources concordantes : la démission en bloc du gouvernement d’Edouard Philippe devait se dérouler hier dans la journée, puis Emmanuel Macron devait confier immédiatement la tâche à M.Philippe de former un nouveau gouvernement, annoncé quelques heures plus tard.

    Mais il n’était pas exclu toutefois qu’il ne soit dévoilé que ce mercredi.

    Edouard Philippe devrait ensuite faire un discours de politique générale devant les députés soumis à un vote de confiance acquis d’avance, le parti présidentiel étant majoritaire, selon ces sources.

    Vérifications

    Le processus de nomination des ministres est ralenti par les vérifications de la situation fiscale des candidats menées par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), chargée aussi de débusquer d’éventuels conflits d’intérêts. Les déclarations de patrimoine seront aussi passées au peigne fin pour éviter de mauvaises surprises.

    Changement

    Au-delà du casting, les opposants de droite comme de gauche réclament surtout un changement de politique de la part du président. « Il faut une remise à plat totale. J’ai le sentiment que nous allons aujourd’hui dans cette direction », a déclaré le maire (LR) de Nice Christian Estrosi. « Le sketch dure longtemps », a ironisé Eric Woerth. Mais pour le député LR, « le problème n’est pas tellement le gouvernement, c’est le président lui-même que les Français jugent », ses « postures, son comportement ».

    Le RN (ex-Front national) de Marine Le Pen a, lui, voqué une mascarade.

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