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  • | Crée le 31.12.2020 à 11h36 | Mis à jour le 01.01.2021 à 01h36
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    Membres des Los Angeles Lakers et des LA Clippers agenouillés devant le mot d'ordre "Black lives matter" et durant l'hymne américain avant leur match de NBA, le 30 juillet 2020 à Lake Buena Vista (Floride) Mike Ehrmann [GETTY IMAGES/AFP/Archives]
    Prises de parole, boycott de matches, lobbying pour le vote des Noirs: en 2020, les sportifs américains se sont mobilisés comme jamais pour lutter contre l'injustice raciale, jusqu'à peser dans l'élection de Joe Biden à la Maison blanche.

    "A ce moment-là, on est tous autour du téléphone à écouter ses parents. Et on pleure. On ne sait pas vraiment ce que l'avenir nous réserve. Mais on fait la bonne chose."

    Cette "bonne chose" pour le basketteur Kyle Korver, c'est le boycott par les Bucks de leur match de play-offs NBA contre Orlando, le 26 août. Trois jours après que Jacob Blake se soit fait tirer plusieurs fois dans le dos par un policier à Kenosha, près de Milwaukee.

    Avant ce mouvement de protestation sans précédent dans l'histoire du sport américain, tout a commencé par un genou à terre, trois mois plus tôt: en ce 25 mai, le monde découvre les images de l'insoutenable calvaire de George Floyd, asphyxié durant 8 minutes et 46 secondes, lors de son interpellation à Minneapolis, et mort une heure après à l'hôpital.

    LeBron James est la première personnalité à exprimer sa colère. "Vous comprenez maintenant!!?? Ou c'est toujours flou?", écrit-il en légende d'un photo-montage mettant en parallèle l'agenouillement fatal à Floyd avec celui de l'ex-star NFL (football américain) Colin Kaepernick, qui protesta ainsi en 2016 pendant l'hymne national contre les violences policières faites aux Noirs.

    Sportifs dans la rue

    Ce geste qui coûta à Kaepernick sa carrière, insultes de Donald Trump en prime, est finalement devenu, quatre ans après, un des symboles de la lutte contre l'injustice raciale. Au point que même des policiers s'agenouillent lors de manifestations en faveur de Black Lives Matter.

    Les vedettes de la NBA Stephen Curry, Giannis Antetokounmpo et Damian Lillard descendent dans la rue, celle du tennis Naomi Osaka aussi. En Europe, les genoux à terre se multiplient sur les terrains de foot à Liverpool, Dortmund, Madrid...

    Bubba Wallace, seul pilote afro-américain du très conservateur championnat automobile Nascar, parvient lui à faire interdire le drapeau confédéré, considéré comme un symbole raciste, autour des circuits.

    Côté fédérations, ligues, franchises, chacun y va de son communiqué entre émotion et indignation, avec plus ou moins de conviction. Pressé par ses stars, le patron de la NFL, Roger Goodell, s'excuse ainsi de ne pas avoir écouté plus tôt les joueurs lui demandant de plus fermement condamner le racisme et de soutenir les protestations.

    Pendant ce temps, la NBA prépare sa reprise dans la bulle de Disney World. Certains, comme Kyrie Irving (Nets), estiment pourtant que l'heure n'est pas au basket mais au combat social.

    LeBron James, lui, mène de front les deux: il crée l'association "More Than A Vote", dont le but est d'encourager la population noire de voter lors de la présidentielle. "Il est temps pour nous de faire la différence", dit-il.

    En attendant, avec ses Lakers, il rouvre la saison le 31 juillet contre les Clippers. Ce retour au jeu s'inscrit sous le signe de Black Lives Matter, avec genoux à terre, slogans au dos des maillots, appels pour que justice soit faite.

    Mais loin de la bulle, les violences systémiques continuent et l'affaire Blake est celle de trop.

    "Le combat doit continuer"

    Le boycott des Bucks est suivi par les autres équipes, forçant la NBA à reporter six matches. MLS (foot), NHL (hockey sur glace), MLB (baseball) emboitent le pas. Osaka refuse de jouer sa demi-finale du tournoi de Cincinnati, les organisateurs embrayent, décrétant une journée sans tennis.

    Du jamais vu à l'échelle du sport américain, qui a pourtant eu d'illustres activistes: Bill Russell, Jackie Robinson, Mohamed Ali... Au point que Trump fustige la NBA d'être devenue "une organisation politique".

    Après d'âpres discussions, les play-offs reprennent leur droit. Conseillés par Barack Obama, les joueurs imposent aux propriétaires de franchises de s'impliquer dans leur lutte. Faciliter l'accès au vote, en mettant les salles à disposition est l'une des mesures-clés de ce plan d'action.

    Au final 23 clubs sur 30 ont pu tenir cet engagement, imitées par 16 des 32 franchises NFL.

    Cela a eu un impact: au Michigan et au Wisconsin pour ne citer que ces deux Etats-clés remportés par Biden, le taux de participation des Noirs a considérablement augmenté par rapport à 2016, dans les comtés où se trouvent la salle des Pistons et celle des Bucks, ayant servi de lieu de vote ou de dépôt des bulletins anticipés.

    Le soir où la victoire de Biden n'a fait plus aucun doute, LeBron James, champion NBA un mois plus tôt avec les Lakers, se félicitait d'avoir joué un rôle avec "More Than A Vote".

    Mais "le combat n'est pas terminé", a-t-il assuré au New York Times. "Il doit continuer, nous le savons. Nous nous battons chaque jour pour être entendus et respectés".

    Ces paroles ont eu aussi un écho auprès des sportifs français qui se sont eux aussi fait entendre. Comme le champion du monde 2018 Kylian Mbappé, à l'occasion du tabassage d'un producteur de musique noir par des policiers, son coéquipier en bleu Antoine Griezmann qui a rompu son partenariat avec Huawei en soutien des Ouïghours, ou encore les joueurs du PSG et du club turc de Basaksehir qui ont quitté le terrain après des propos racistes du 4e arbitre.


    La Japonaise Naomi Osaka portant un masque en hommage à Ahmaud Arbery, joggeur noir abattu par deux blancs, le 4 septembre 2020 lors de l'US Open AL BELLO [GETTY IMAGES/AFP/Archives]


    Les joueurs des Lakers, dont LeBron James, genou à terre, avant un match contre les Clippers, le 30 juillet 2020 à Lake Buena Vista en Floride Mike Ehrmann [GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives]

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