«Ouvrez le portail ! » Micro en main, la centaine de lycéens qui a choisi de faire grève, devant leur lycée du Grand Nouméa était remontée, hier matin à 9 heures. Après avoir passé deux heures à observer les parents mobilisés devant l’établissement par l’Association des parents d’élèves (APE), les lycéens ont voulu témoigner.

« C’est comme si nous étions au collège et qu’on ne nous faisait pas confiance. Les emplois du temps ne sont pas logiques », explique Arthur Sardain, en première, qui peste contre l’interdiction de sortie pendant les temps libres. « Les salles de classe sont dégueulasses », complète une camarade. « Le pire, c’est pour les internes. Depuis la rentrée, nous sommes enfermés et il y a beaucoup plus de dégradations à l’intérieur du lycée », poursuit Steven, en terminale. « Alors que nous sommes censés devenir autonomes, on nous empêche de l’être. Nous ne sommes pas libres de nos mouvements. Il y a des fois où nous devons sauter nos repas. Nous avons un cours sur les deux heures du midi et avec les files d’attente, nous n’avons plus le temps de déjeuner », raconte Loane Pillard, élève de première. « Un retard de quelques minutes est compté comme une heure d’absence et une heure d’absence est comptée comme une demi-journée », lâche, amère Emilie Chenu, en seconde. « Nous avons beaucoup d’absentéisme des enseignants. Nous n’avons pratiquement pas eu français pendant un trimestre », alarment Manui, Juliane et Jeanne, également en seconde.

Manque de bienveillance et de communication

De manière la plus exhaustive possible, l’APE a fini par lister les dysfonctionnements et les problèmes de sécurité et de salubrité recensés, dans un tract diffusé depuis une semaine (à retrouver, en complément, sur notre site internet). Les conditions d’entrée et de sortie au portail et l’état des sanitaires cristallisent les grognes. « Il y a davantage de communication depuis qu’on le distribue. Nous avons reçu des SMS pour des réunions », explique Corinne Malian, présidente de l’APE. « Cela n’est pas suffisant, cela ne change rien pour les élèves. Depuis le changement de direction, nous n’avons jamais reçu autant de mails de parents », constate cette mère de famille, qui déplore un manque de bienveillance, d’écoute et de dialogue de la part de la direction. « Il y a des décisions qui peuvent être prises maintenant, sans passer par un conseil d’administration. »

A écouter les parents, les demandes de mutation et les congés maladies des enseignants sont nombreux.

Et depuis la restitution d’un audit, le 27 juin, les décisions sont en attente. Deux commissions ont bien été créées et réunies, en juillet, mais aucun compte rendu n’a été transmis. « Ce qui y est décidé doit être mis en œuvre maintenant, sous un mois », réclame Marie-Laure Klaus, deuxième vice-présidente de l’APE. « Cela n’avance pas », résume Jean-Charles Gouvenelle, ancien vice-président de la précédente APE.

Sollicités, la direction de l’établissement, le vice-rectorat et le gouvernement n’ont, pour l’instant, pas souhaité s’exprimer. Découvrant la mobilisation, par hasard, hier, Marc Tetuanui, venait en parallèle, désinscrire sa fille, qui depuis la rentrée suit ses cours au lycée Saint-Pierre Chanel, à La Conception. « Elle est bien mieux là où elle est », constate-t-il.

A écouter APE et syndicats du personnel, ce cas est loin d’être le seul. Des parents auraient commencé à retirer leurs enfants du lycée.

Savoir +

Lire « L'APE du lycée Dick-Ukeiwë appelle les parents à manifester », sur www.lnc.nc.

Le tract de l’APE (association des parents d’élèves), distribué depuis le 2 septembre

Tract Ape Lgn 

La réponse de la proviseur, envoyée aux parents via Pronote, le jeudi 5 septembre. Imprimée, elle a été distribuée aux élèves en classe et lu dans certaines classes par Elisabeth Arnal-Blanc elle-même.

message aux parents lycée du Grand Nouméa 

Le communiqué de l’intersyndicale, diffusé le 4 septembre