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  • | Crée le 26.10.2021 à 04h45 | Mis à jour le 27.10.2021 à 00h47
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    Croquis d'audience de Yacine Mihoub (g) et Alex Carrimbacus, au premier jour de leur procès pour le meurtre de Mireille Knoll, le 26 octobre 2021 à Paris Benoit PEYRUCQ [AFP]
    L'affaire avait provoqué indignation et émoi en France et à l'étranger. Le procès de deux hommes, accusés du meurtre à caractère antisémite de Mireille Knoll, une vieille dame juive tuée chez elle en 2018, s'est ouvert mardi à Paris.

    Yacine Mihoub, 31 ans, lunettes sur le nez et gilet sur le dos, et Alex Carrimbacus, 25 ans, vêtu d'une chemise bleue, ont pris place dans la petite salle d'audience du palais de Justice.

    Les deux hommes, qui s'étaient rencontrés en prison, se rejettent la responsabilité du meurtre.

    "Il faudrait un miracle pour que la vérité sorte de leur bouche", a déclaré Me Gilles-William Goldnadel, l'avocat des fils de Mireille Knoll, avant d'entrer dans la salle avec ses clients. Mais le "dossier est accablant", a-t-il estimé, parlant d'une affaire d'"antisémitisme crapuleux".

    "Ce sont des monstres", a lancé le fils, Daniel Knoll, devant les journalistes. "On attend un verdict très sévère. On voudrait que tous les tarés de France sachent qu'ils seront condamnés sévèrement", a-t-il asséné.

    Après l'appel des témoins, le président Franck Zientara a débuté la lecture du rapport.

    Le 23 mars 2018, les pompiers sont appelés pour un incendie dans un immeuble modeste de l'est parisien. Au deuxième étage, ils découvrent le corps en partie carbonisé de Mireille Knoll, en travers de son lit médicalisé, les jambes ballantes.

    La femme de 85 ans, atteinte de la maladie de Parkinson et qui ne peut se déplacer seule, a été frappée de 11 coups de couteau, notamment à la gorge.

    L'enquête a très vite permis de découvrir que Yacine Mihoub et Alex Carrimbacus étaient sur place. Mais ce qui s'est passé dans le petit appartement reste flou, tant les versions des deux hommes sont opposées.

    "Plan thunes"

    Alex Carrimbacus, un marginal sans domicile fixe avec des antécédents psychiatriques, soutient que Yacine Mihoub lui a proposé de le rejoindre pour un "plan thunes". Yacine Mihoub, fils de la voisine qui connaissait Mireille Knoll depuis l'enfance et enchaînait les verres de Porto chez la vieille dame, assure lui qu'il avait simplement proposé de venir passer "un bon moment".

    Sur place, selon Alex Carrimbacus, la discussion s'envenime quand Yacine Mihoub accuse Mireille Knoll de l'avoir "balancé" et envoyé en prison. Il la porte dans sa chambre, "l'égorge" aux cris de "Allah Akbar".

    Yacine Mihoub soutient lui qu'Alex Carrimbacus a tout de suite cherché à voler Mireille Knoll, demandant à son arrivée si elle était "blindée". Il empile fourrures et bibelots. Puis Yacine Mihoub entend un cri dans la chambre, il voit Alex Carrimbacus poignarder la vieille dame. Chacun accuse l'autre d'avoir décidé de mettre le feu.

    Deux versions "peu crédibles", estimeront les enquêteurs, dont la tâche est compliquée par la propension particulièrement développée de Yacine Mihoub et Alex Carrimbacus à "mentir" et "manipuler".

    Les deux hommes avaient été condamnés plusieurs fois pour des vols et violences.

    La mère de Yacine Mihoub, accusée d'avoir nettoyé le couteau du crime, comparaît, libre, à leurs côtés.

    "Ambivalence"

    Les juges d'instruction ont choisi de retenir le caractère antisémite sur la base d'une discussion rapportée par Alex Carrimbacus. Il a affirmé avoir "cru entendre" Yacine Mihoub "parler des moyens financiers des Juifs, de leur bonne situation", et Mireille Knoll intervenir "pour expliquer que tous les Juifs n'avaient pas de bonne situation".

    L'enquête a par ailleurs montré "l'ambivalence de Yacine Mihoub vis-à-vis du terrorisme islamiste qui prône notamment l'antisémitisme", ont noté les juges, en précisant toutefois que personne ne l'avait jamais entendu proférer de propos antisémites.

    "Le mobile antisémite n'existe que parce que (Alex Carrimbacus) a essayé de dessiner un mobile" et que les juges n'ont "pas eu le courage d'abandonner ce chef d'accusation sous la pression publique", a affirmé avant l'audience l'un de ses avocats, Me Charles Consigny.

    "Contrairement à Yacine Mihoub", Alex Carrimbacus "n'avait aucune raison d'en vouloir à Mireille Knoll", avait de son côté estimé son avocat Karim Laouafi.

    Le drame, survenu un an après le meurtre à Paris de Sarah Halimi, une sexagénaire juive jetée de son balcon, avait entraîné une grande "marche blanche" dans Paris et relancé le débat sur un "nouvel antisémitisme" lié à l'islamisation de certains quartiers.

    Mireille Knoll a été tuée "parce que juive" avait clamé le président Emmanuel Macron, une indignation partagée notamment aux Etats-Unis et en Israël, face au sort de cette femme qui, enfant, avait fui Paris en 1942 pour échapper aux rafles antisémites.

    Le procès est prévu jusqu'au 10 novembre.


    Une photo de Mireille Knoll accrochée en sa mémoire sur le portail de l'immeuble où elle habitait, le 28 mars 2018 à Paris FRANCOIS GUILLOT [AFP/Archives]


    Daniel Knoll, le fils de Mireille Knoll, lors d'une cérémonie en mémoire de sa mère à la Synagogue des Tournelles, le 28 mars 2018 à Paris GEOFFROY VAN DER HASSELT [AFP/Archives]


    Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb (g), le mnistre des relations avec le Parlement Christophe Castaner (2e g), l'Imam de Drancy Hassen Chalghoumi (d), la sénatrice Marie Mercier (c) lors d'une marche blanche à la mémoire de Mireille Knoll, le 28 mars 2018 à Paris ALAIN JOCARD [AFP/Archives]

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