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  • Alvaro Villalobos/AFP | Crée le 19.04.2018 à 04h25 | Mis à jour le 19.04.2018 à 07h18
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    Cristina Cifuentes, membre du Parti populaire, est présidente de la région de Madrid. Pour tenter d’éteindre la polémique et de faire taire les appels à la démission, elle a renoncé au diplôme qu’on la soupçonne d’avoir obtenu frauduleusement. Photo AFP
    ESPAGNE. La présidente de la région de Madrid a renoncé mardi à se prévaloir d’un master qu’elle aurait obtenu de manière frauduleuse. Il ne s’agit pas d’un cas isolé : les uns après les autres, des élus rectifient leur CV.

    Cristina Cifuentes, membre du Parti populaire (PP) de Mariano Rajoy, chef du gouvernement conservateur, est soupçonnée d’avoir obtenu de façon douteuse un master en droit des régions, à l’Université publique Rey Juan Carlos. Son mémoire de master n’a jamais pu être retrouvé et des documents de son dossier auraient été falsifiés, motivant l’ouverture par le parquet d’une enquête pour faux et usage de faux.

    Le journal en ligne diario.es, qui a dévoilé l’affaire, accuse Mme Cifuentes. « Elle n’est jamais allée en classe. Pas non plus aux examens » mais « la majorité des enseignants lui ont décerné de très bonnes notes ».

    Alors que l’opposition exige sa démission, l’intéressée s’est contentée de renoncer… au master. « Je te communique formellement ma décision de RENONCER à l’utilisation du titre délivré par l’université », a écrit Mme Cifuentes au recteur.

     

    Un tuteur bienveillant

    L’affaire Cifuentes a déjà déclenché une vague de protestations ironiques sur les réseaux sociaux, chacun y allant de son « je renonce » (à l’Oscar que je n’ai jamais reçu, au Prix Nobel qu’on ne m’a jamais accordé, etc.)

    L’esclandre, baptisé « mastergate », a aussi été vécu avec amertume dans un pays affecté par un chômage à 16,5 %, où les emplois stables sont très difficiles à décrocher pour les jeunes, même très diplômés.

    Quant au scandale, il ne cesse de s’élargir. Car il apparaît que des élus de différents partis ont menti sur leur CV ou obtenu certains de leurs diplômes à des conditions particulièrement avantageuses, tel le porte-parole du PP Pablo Casado.

    M. Casado a ainsi dû reconnaître qu’en 2008/2009, alors qu’il était député régional, il avait obtenu rapidement un master, à la même université que Mme Cifuentes : 18 matières sur 22 avaient été validées d’office parce qu’il était déjà licencié en droit, et on l’avait dispensé de cours.

    « J’ai fait exactement ce qu’on m’a demandé », s’est justifié M. Casado. Or son tuteur était le même que celui de Mme Cifuentes, et l’université l’a depuis suspendu de ses fonctions.

     

    Les politiques « achètent »

    M. Casado s’était aussi vanté d’avoir un diplôme de troisième cycle de l’université américaine Harvard, mais la presse a révélé qu’il n’avait suivi que quatre journées de séminaire d’un professeur de Harvard, sur un campus de Madrid. Dans le même temps, l’Espagne apprenait qu’un dirigeant socialiste dans la région de Madrid, José Manuel Franco, avait prétendu détenir une licence de mathématiques, jamais terminée.

    Au sein du parti libéral Ciudadanos - allié du PP dans la région mais son rival pour les élections nationales - le député Toni Cantó a reconnu que la mention « pédagogue » sur son CV ne correspondait à aucun diplôme mais à des cours de théâtre qu’il avait donnés.

    La polémique a aussi éclaboussé le parti radical de gauche Podemos : un de ses dirigeants en Galice et député régional, Juan José Merlo, a démissionné vendredi après avoir admis qu’il avait décoré son CV d’un titre d’ingénieur qu’il n’avait pas.

    L’Espagne s’interroge sur la gravité de sa « titulitis » - ou « diplomania » - ou accumulation de diplômes universitaires de troisième cycle.

    « Nous avons un problème de fond, cette “titulitis?? , soit l’idée qu’il est bon que nos politiques aient un diplôme universitaire […] alors que, dans de nombreux cas, nous avons vu que cela se fait dans une grande opacité », a commenté le politologue Pablo Simon dans une interview au journal El País.

    M. Simon invoque « une conception totalement patrimoniale, qui fait qu’aujourd’hui, (les politiques) achètent leurs titres universitaires comme au XIXe siècle on achetait les titres nobiliaires ».

     

    Repères

     

    Une enquête est ouverte

    Dans le cadre de l’« affaire Cifuentes », le parquet a ouvert une enquête pour faux et usage de faux.

     

    Un allié du PP lâche Mme Cifuentes

    L'opposition de gauche comme l'allié de centre-droit du gouvernement Ciudadanos exigent son départ.

     

    Le Premier ministre ne dit rien

    Mariano Rajoy n’a pas lâché publiquement Mme Cifuentes, qui a pu dire mardi : « J’ai le soutien de mon parti et de mon président, bien sûr ».

     

    Des thèses manquantes

    Le politologue Pablo Simon

    assure qu’il y a eu en Espagne des ministres et des dirigeants de parti « dont la thèse de doctorat n’a jamais été rendue publique ».

     

    Un énième scandale pour le PP

    Le Parti populaire a vu son image écornée, ces dernières années, par des scandales de corruption à répétition qui ont érodé ses résultats dans les urnes.

    Il affrontera en 2019 une triple échéance électorale, avec des élections municipales, régionales et européennes.

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