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  • Allison Jackson/AFP | Crée le 19.10.2018 à 04h30 | Mis à jour le 19.10.2018 à 08h38
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    Ce scrutin est vu comme une étape cruciale avant une réunion de l’ONU à Genève en novembre, où l’Afghanistan devra démontrer à ses bailleurs les progrès réalisés dans les « processus démocratiques ». Photo AFP
    ELECTIONS. Des millions d’électeurs qui ont renoncé à s’inscrire, des milliers de bureaux de vote qui seront fermés. Dix candidats tués… Malgré l’impréparation et les violences, les Afghans voteront demain pour élire leurs députés.

    Organisée avec trois ans de retard, c’est la troisième élection parlementaire, après 2005 et 2010, depuis l’intervention militaire américaine qui a chassé les talibans du pouvoir en 2001. Largement financée par la communauté internationale, elle est surtout considérée comme un test avant le scrutin présidentiel prévu en avril prochain.

    Avril, puis juillet et finalement octobre, la date du vote a été repoussée jusqu’à la dernière limite. L’organisation apparaît chaotique et précipitée. A la veille du scrutin, les organisateurs ont encore du mal à trouver des assesseurs et à distribuer le matériel électoral dans les plus de 5 000 bureaux de vote.

    Bourrage d’urnes

    Qu’importe. Le scrutin doit absolument s’ouvrir samedi à 7 heures. « Il neige déjà dans certaines provinces et le temps se refroidit. Si on le retarde encore d’une semaine, ça veut dire qu’il n’aura pas lieu », a déclaré Sayed Hafizullah Hashimi, porte-parole de la Commission électorale indépendante. Les observateurs s’attendent à une participation bien en-deçà des 8,9 millions d’inscrits sur les listes.

    Les menaces et les attentats commis par les talibans et le groupe Etat islamique pourraient achever de convaincre de nombreux électeurs de rester chez eux en dépit d’un énorme dispositif de sécurité : 54 000 membres des forces de sécurité déployés.

    L’intégrité du vote est également sujette à caution : de nombreux cas d’inscriptions multiples ont été découverts, laissant craindre des tentatives de bourrage d’urnes.

    Selon un récent rapport de l’ONG Afghan Analyst Network (AAN), le nombre d’électeurs inscrits dans la seule province de Paktia (est) représente 141 % de la population éligible estimée… Pour ajouter à la confusion, la mise en place à la dernière minute d’un système de contrôle biométrique des électeurs - inédit dans le pays - menace de démultiplier les possibilités de fraude, voire de faire dérailler le processus.

    La CEI se démène pour distribuer à temps les 22 000 terminaux portables, pour lesquels les assesseurs n’ont reçu que peu ou pas de formation. Les centres de vote les plus reculés pourraient ne pas être servis.

    Bien que la loi n’exige pas l’utilisation de la vérification biométrique, les votes exprimés sans ne seront pas comptés, a décidé la CEI. « L’utilisation de la technologie peut contribuer à la transparence mais elle peut aussi créer de la confusion si elle n’est pas utilisée correctement », estime Naeem Ayubzada, de la Fondation pour des élections transparentes.

    Dans la rivière

    M. Ruttig acquiesce, notant que la base de données du système pourrait être manipulée avant la publication des résultats, attendue le 10 novembre. Selon lui, les machines pourraient aussi « disparaître » lors de leur transfert vers Kaboul. « La dernière fois, ils ont jeté des urnes dans la rivière, cette fois ils peuvent jeter ces terminaux », dit-il.

     

    La peur mais aussi le salaire

    Dix candidats ont été tués alors qu’ils menaient campagne, la plupart dans des attaques ciblées. Le dernier en date, un ancien général, est mort mercredi dans l’explosion d’une bombe cachée sous un canapé dans son local de campagne, dans le sud du pays. Les talibans et le groupe Etat islamique ont revendiqué ces assassinats.

    Malgré le péril, être député garantit un emploi pendant cinq ans avec un salaire mensuel de 200 000 afghanis (plus de 2 300 euros), environ 15 fois le salaire moyen dans le pays, comprenant leurs dépenses pour des véhicules blindés et des gardes du corps. Avec plus de 2 500 candidats pour seulement 249 sièges, les véritables motivations de certains apparaissent de fait sujettes à caution.

    Petits arrangements

    « De nombreux députés actuels et candidats voient la députation et ses privilèges comme un moyen de s’enrichir ou d’accroître encore une richesse acquise illégalement », accuse M. Rahman, candidat à Kaboul. L’immunité parlementaire leur permet en outre d’échapper aux poursuites judiciaires.

    Pour de nombreux Afghans, la chambre basse apparaît comme un lieu de corruption et de petits arrangements entre amis. Et les députés sont également accusés de largement préférer la capitale Kaboul à leurs circonscriptions en province. Selon les résultats d’une enquête de l’Asia Foundation publiée en août, seules 10 % des personnes interrogées estiment que les parlementaires « se préoccupent des questions nationales ». Et 37 % pensent qu’ils ne s’intéressent qu’à leurs « intérêts personnels », tandis que 35 % disent aujourd’hui avoir confiance en eux.

    L’ONG Transparency International classe l’Afghanistan parmi les pays les plus corrompus au monde, au 177e rang sur 180.

    Repères

    Un vrai catalogue à Kaboul

    Rien qu’à Kaboul, où vit environ un cinquième de la population de l’Afghanistan, ils sont 800 candidats pour les 33 sièges de parlementaires dévolus à la province. De quoi dérouter les électeurs. Ils devront choisir un seul candidat mais le trouver sur le bulletin de vote de la taille d’un tabloïd, prendra beaucoup de temps. Afin de rendre le processus plus facile, chaque candidat a publié sur ses affiches et ses tracts électoraux sa position dans la liste et, plus important encore, la page à laquelle retrouver leur nom à cocher à côté de leur photo.

    Scrutin à hauts risques

    Plus de 2 500 candidats sont en lice pour les 249 sièges parlementaires.

    Il s’agit pour la plupart d’élus déjà établis, de descendants de seigneurs de la guerre, d’hommes d’affaires ou de membres de la société civile.

    Dix candidats mais aussi des centaines d’électeurs ont perdu la vie ces derniers mois, notamment lors de rassemblements électoraux, au cours d’attaques des talibans et du groupe Etat islamique. Ceux-ci ont promis de nouvelles actions demain.

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