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    Monde
  • Ralf Isermann/AFP | Crée le 20.06.2018 à 04h25 | Mis à jour le 20.06.2018 à 05h30
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    La chancelière Angela Merkel, politiquement fragilisée au sein de son gouvernementCrédit AFP
    Allemagne. Donald Trump a apporté lundi son soutien à l'aile la plus à droite du gouvernement allemand, qui a fixé un ultimatum de deux semaines à la chancelière pour obtenir au niveau européen une forte réduction du nombre d'arrivées de migrants.

    «Le peuple allemand est en train de se retourner contre ses dirigeants » sur l’immigration, s’est félicité le président américain sur son compte Twitter. « Nous ne voulons pas que ce qui se passe avec l’immigration en Europe se passe avec nous ! », a encore écrit le chef de l’Etat américain. Une manière de souffler sur les braises du conflit qui déchire le gouvernement d’Angela Merkel sur la politique migratoire.

    Le ministre allemand de l’Intérieur, président du parti très conservateur bavarois CSU, Horst Seehofer, lui a fixé lundi un ultimatum jusqu’au sommet des dirigeants de l’UE fin juin. Il a prévenu qu’il serait prêt « en juillet » à « refouler immédiatement » les migrants arrivant aux frontières allemandes en provenance d’un autre pays européen si la chancelière ne parvient pas à une solution « équivalente » à Bruxelles.

     

    Risque d’implosion

    « Je suis parfaitement déterminé à mettre cela en œuvre si les négociations européennes devaient échouer », a-t-il prévenu.

    Angela Merkel a de son côté promis de tout faire pour trouver d’ici-là des accords bilatéraux et européens sur la question, mais elle a rejeté l’ultimatum ainsi que toute idée de fermeture « automatique » des frontières en cas d’échec de ses efforts.

    « Nous ne voulons pas agir de manière unilatérale, non-concertée et dommageable pour des tiers », a-t-elle dit.

    « Pour nous, il est clair qu’il y aura un automatisme » et l’évaluation des résultats du sommet sera prise « par le ministre de l’Intérieur », lui a rétorqué lundi soir l’un des dirigeants du parti CSU, Markus Söder.

    Après une semaine de polémiques sur le sujet, le risque d’implosion de la fragile coalition au pouvoir depuis trois mois en Allemagne reste plus actuel que jamais.

    Car si le ministre de l’Intérieur passe en force pour donner un tour de vis à la politique migratoire nationale, la chancelière, qui préside le parti de centre-droit CDU, n’aura d’autre choix que de le limoger. Ce qui ferait éclater la coalition et provoquerait sans doute de nouvelles élections.

    Sur la question migratoire, Mme Merkel joue la carte de l’UE et considère que la cohésion de l’Europe est en jeu.

    Elle a semblé recevoir le soutien de l’Italie dans son bras de fer avec M. Seehofer. En visite à Berlin, le nouveau président du Conseil, Giuseppe Conte, a mis en garde contre les politiques semant « les divisions en Europe ». « Nous devons agir tous ensemble », a-t-il prôné, même si son pays refuse désormais de manière unilatérale l’accès à ses ports aux navires d’ONG secourant des migrants en Méditerranée.

     

    Onde de choc

    En Allemagne, l’onde de choc politique provoquée par l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015 et 2016 ne faiblit pas, même si depuis 2017 le nombre des nouveaux arrivants a considérablement baissé. Cette crise migratoire a d’abord contribué à l’essor de l’extrême droite dans le pays, comme un peu partout en Europe, et est à l’origine du conflit actuel au sein du camp conservateur de la chancelière, entre partisans de la voie nationale et européenne.

    La CSU, qui se prépare à de difficiles élections régionales en Bavière en octobre face à l’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), a perdu patience, au risque de faire tomber l’alliance datant de 1949 avec l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de Mme Merkel.

    Les deux semaines qui viennent s’annoncent donc décisives pour la chancelière. Elle devait s’entretenir hier avec le président français, Emmanuel Macron, et celui de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Elle doit faire face à un mécontentement croissant de la population, exacerbé par des faits divers. Lundi s’est ouvert le procès d’un réfugié accusé d’avoir mortellement poignardé son ancienne petite amie de 15 ans dans un supermarché.

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    Angela Merkel retrouvait, hier à Berlin, Emmanuel Macron pour tenter d’afficher un front uni à dix jours d’un sommet de l’UE. La réforme de la zone euro, à laquelle la rencontre devait surtout être dédiée, risquait toutefois de passer à l’arrière-plan au moment où l’accueil des migrants fait de nouveau voler en éclats la cohésion européenne et met à rude épreuve la coalition gouvernementale de la chancelière allemande.

    Merkel et Macron sont d’accord sur un point : la gestion des migrants doit être européenne, alors que des pays comme la Pologne et la Hongrie refusent d’ouvrir leurs frontières et que la pression pour le « chacun pour soi » ne cesse de croître. La chancelière a désespérément besoin d’une avancée, au plus tard lors du sommet des 28 et 29 juin à Bruxelles. Personne n’escompte un accord des Européens fin juin sur une réforme du règlement de Dublin, qui stipule que les demandeurs d’asile seront renvoyés dans leur pays d’arrivée. Mais Paris et Berlin pourraient s’accorder sur un renforcement massif de Frontex, l’agence qui patrouille le long des côtes européennes, sur la création de centres de tri en Afrique et sur l’harmonisation du droit d’asile.

     

    Un budget propre pour investir

    La réforme de la zone euro et sa mesure phare, la création d’un budget autonome lui donnant une capacité d’investir, grande ambition du président français, devraient également faire l’objet d’un compromis avec Berlin. Paris a dit espérer un accord dans ce domaine. Mais il s’annonce modeste face aux attentes françaises. Merkel a déjà averti qu’elle accepterait un budget de seulement quelques dizaines de milliards d’euros, quand la France plaidait pour plusieurs centaines. Les deux pays devraient cependant s’accorder aussi sur une base commune pour l’impôt sur les sociétés.

    Dernier sujet phare de la rencontre, le renforcement de l’Europe de la défense, alors que Donald Trump menace de moins financer l’Otan.

    Angela Merkel s’est dite « favorable » à la proposition française d’une « initiative européenne d’intervention (IEI) », sorte d’état-major de crise.

     

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    Repères

    Spectre migratoire

    Donald Trump s’est invité lundi dans la crise politique en Allemagne, brandissant le spectre d’une immigration hors de contrôle en

    Europe pour justifier sa politique d’extrême fermeté en Amérique, où quelque 2 300 enfants migrants ont déjà été séparés de leurs parents. Face à la tempête de réactions outrées jusque dans les milieux religieux conservateurs très influents sur son électorat, Donald Trump tient le même cap depuis des jours, martelant que la responsabilité revient aux démocrates qui bloquent, selon lui, toute avancée sur une réforme migratoire incluant ses exigences - notamment sur un mur à la frontière et une limite à l’immigration légale - alors même que les républicains détiennent la majorité au Congrès.

     

    Fake news

    Donald Trump a affirmé lundi dans un tweet que « la criminalité augmente en Allemagne », et sous-entendu que les migrants en seraient responsables. Or, la criminalité a fortement baissé en 2017. Dans un rapport officiel publié début mai, le ministre de l’Intérieur allemand Horst Seehofer, aujourd’hui soutenu implicitement par M. Trump, se félicitait au contraire que le nombre d’attaques physiques aux personnes ou aux biens ait atteint en 2017 son « plus bas niveau historique depuis 1992 », soit

    depuis que sont compilées les statistiques pour l’Allemagne réunifiée.

     

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