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    Nouvelle Calédonie
  • Jean-Alexis Gallien-Lamarche / jeanalexis.gallien@lnc.nc | Crée le 05.04.2018 à 04h25 | Mis à jour le 05.04.2018 à 07h07
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    Malia (en blanc, à g.), Sébastien (au centre), Axel (en bleu, à dr.) et Toni (en blanc) se sont fait emporter par le courant. Olivia et Olivier étaient, eux, en liaison permanente avec les secours en mer. Photos Jean-Alexis Gallien-Lamarche et martial dosdane
    TÉMOIGNAGE. Sébastien, Malia, Axel et Toni frémissent encore en racontant ce qu’ils ont vécu lundi. Alors qu’ils venaient de sauter à l’eau près de la passe de Dumbéa, ils se sont fait piéger par le courant qui les a fait dériver sur des centaines de mètres.

    Ils avaient besoin de se retrouver pour en parler, « débriefer à notre façon, faire un peu le bilan de ce qui a fonctionné et de nos erreurs », murmure Sébastien. À côté de lui, Malia, Axel, Olivier, Toni, Olivia et Alexander font et refont l’histoire. Certains ont les larmes aux yeux. D’autres ont le sourire aux lèvres parce qu’« après tout, on a survécu ». Tous avaient décidé de profiter de ce week-end pascal pour passer du bon temps en mer, loin de Nouméa. Lundi matin, le petit groupe, parti la veille à bord du catamaran Carissan d’une dizaine de mètres, quitte l'îlot Larégnère et met les voiles vers la passe de Dumbéa. À 13 heures, Sébastien, Malia et Axel se jettent à l’eau.

     

    Une mer déchaînée

    Palme, masque et tuba… les voilà équipés pour se délecter des fonds marins. « On a remarqué que le courant était très fort. Je ne suis pas une bonne nageuse et j’ai vite compris qu’on commençait à dériver », raconte Malia.

    Le début de la galère pour ces amateurs de snorkeling. « Malia palmait mais elle n’avançait pas », se souvient Axel qui, peu à peu, s’éloigne du catamaran. Les nageurs sont rejoints par Toni qui prend en charge Malia tandis que Sébastien tente, dans un dernier effort, de rejoindre l’embarcation. En vain. « J’avais beau nager, je faisais du surplace, je commençais à ne plus pouvoir respirer », poursuit Sébastien qui décide de « se laisser aller jusqu’au récif pour avoir pied ». Les conditions météo se dégradent. « Trente nœuds de vent, des vagues de deux mètres », la mer est déchaînée et les nageurs dérivent inexorablement. « On voyait encore le “cata?? mais il était loin, ce n’était plus qu’un petit point », se remémore Malia. Dans le même temps, alors qu’Olivia est pendue au téléphone avec les secours en mer, Alexander et Olivier, restés sur le Carissan, décident de secourir Sébastien. À bord de l’annexe, ils s’aventurent jusqu’au récif - « les vagues passaient au-dessus du bateau, on a failli se retourner » - et récupèrent leur ami, épuisé.

    « Nous, on continuait à dériver. On devait être à un kilomètre du bateau. J’ai dit à Malia qu’il fallait faire un petit effort pour rejoindre le récif et ne surtout pas sortir de la passe », témoigne Toni. La houle les propulse sur le récif où les coraux les lacèrent. « On se faisait piéger dans les rouleaux des vagues », ajoute Malia qui, avec Toni, perdent tout leur matériel. « Mon maillot n’arrêtait pas de s’accrocher aux coraux. Foutu pour foutu, j’ai même pensé à l’enlever », sourit la jeune femme.

     

    « La délivrance »

    Tant bien que mal, les deux « naufragés » résistent aux vagues jusqu’à ce qu’Axel les rejoigne en kayak et que ses amis ont mis à l’eau, « espérant qu’il tombe dessus grâce au courant », se rappelle Olivia. « J’ai retourné le kayak pour qu’ils puissent se reposer puis on a quitté le récif, cela devenait dangereux », insiste Axel. Quelques minutes plus tard, les disparus aperçoivent au loin « un bateau remorqueur ». Il s’agit en fait de la pilotine de la station de pilotage de Nouméa qui leur vient en aide. « On nous a jetés un “boute?? mais on ne pouvait pas monter à bord », raconte Axel. « C’est la première fois que j’ai vraiment paniqué, je n’en pouvais plus », l’interrompt Malia. « On a compris qu’on n’était plus tout seuls, c’était quand même la délivrance », réplique Toni. C’est alors qu’un catamaran, le Imagine, est en approche. « Il venait de l’île aux Canards, il a entendu les messages d’alerte des secours. Avec ce temps, il s’est dit que personne ne serait là pour nous sauver, il a pris la décision de venir et nous remercions encore cette famille », dit Malia.

    L’histoire se termine bien. Sébastien, Malia, Axel et Toni ont des souvenirs à partager pour longtemps. « J’ai cru que c’était fini pour nous, on ne peut pas lutter contre une mer déchaînée », confie Toni. Ces quatre miraculés garderont une chose en tête : « on ne se rend pas compte de la puissance de la mer. On ne peut pas batailler contre elle. Il est impossible de lutter contre les éléments », philosophent-ils.

     

    Le point de vue de Sébastien Royer, patron du centre de coordination et de sauvetage (MRCC)

    Les Nouvelles calédoniennes : Ce week-end a été marqué par de nouveaux incidents en mer. Comment se déclenche une alerte et quels moyens d’intervention peuvent être déployés ?
    Sébastien Royer : Pour transmettre une alerte sur une situation en mer (besoin de secours urgent ou d’assistance suite à une avarie), cela nécessite d’appeler le MRCC par VHF sur canal 16 ou par téléphone en composant également le 16, le numéro gratuit dédié à l’urgence. Nous récoltons alors plusieurs éléments comme le lieu de l’incident ou le nombre de personnes impliquées pour que le MRCC coordonne un dispositif d’intervention qui s’appuie sur les moyens aériens et maritimes de ses partenaires : les forces armées de Nouvelle-Calédonie, la gendarmerie, la Sécurité civile, la SNSM… Et bien sûr les navires en mer, professionnels comme particuliers. C’est pourquoi le MRCC relaye l’alerte sur la VHF qui émet un passage May Day. Cette procédure a ainsi été utilisée lors de deux opérations pendant le week-end de Pâques. Dans le cas de ces quatre nageurs disparus, nous pouvons nous féliciter du concours déterminant d’un plaisancier et de la pilotine de la station de pilotage pour les secourir.

    Selon vous, les usagers de la mer respectent-ils les règles de sécurité ?
    Il y a de nombreuses opérations de sauvetage qui trouvent leur origine dans les imprudences manifestes des personnes impliquées. C’est notamment le cas de pratiques inadaptées à la situation météorologique du moment. L’emploi de moyens de communication adaptés au support reste à améliorer. Je veux croire toutefois que la plupart des plaisanciers sont responsables et n’auront jamais affaire avec le MRCC.

    Quelles sont les principales causes d’accident de navigation ? Et quelles sont les règles à respecter lorsqu’on part en mer ?
    C’est une multiplication de facteurs comme l’inexpérience du skipper, l’insuffisante prise en compte de la météo, le défaut d’entretien du matériel ou la force des habitudes. Nous rappelons que le capitaine d’un navire, plaisancier ou professionnel, est responsable de la sécurité de son équipage. Nous renouvelons également les consignes de prudence comme s’équiper en toutes circonstances d’un moyen de communication et d’éclairage.

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