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    Nouvelle Calédonie
  • Par Philippe Frédière | Crée le 27.09.2019 à 04h30 | Mis à jour le 27.09.2019 à 10h46
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    Photo Archives LNC
    Des visites officielles, des dates clés, Jacques Chirac entretenait un rapport particulier avec les Calédoniens, il reste également une figure incontournable de l’histoire du pays.

    Six voyages. Rarement un homme politique et homme d’Etat aura rendu si souvent visite à la Nouvelle-Calédonie. La première fois, c’était en 1978. L’ancien Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing avait créé le RPR et montait patiemment sa machine à conquérir la présidence. La dernière fois, c’était en 2003, il avait commencé un an plus tôt son deuxième mandat de président de la République. Mais Jacques Chirac, et la Nouvelle-Calédonie, a aussi été marqué en 1988 par le drame d’Ouvéa. Il était alors Premier ministre et a géré cette crise entre les deux tours de l’élection présidentielle, avec pour rival François Mitterrand. La dernière grande étape intervient en février 2007, à la fin de son deuxième mandat, lorsqu’il convoque le Congrès du parlement, à Versailles, pour modifier la Constitution et entériner le gel du corps électoral des élections provinciales. Les dates marquantes d'un président ayant marché au côté de la Calédonie.


    Juillet 1978, dissident conquérant

    Le première visite de Jacques Chirac en Nouvelle Calédonie a lieu en juin 1978. A l’époque, Valery Giscard d’Estaing est président de la République. Lui n’est plus Premier ministre, mais maire de Paris et président conquérent du RPR récemment créé. Il en profite pour faire un déplacement à Lifou et émet diverses propositions pour l’avenir du Caillou : des travaux publics financés par l’Etat et… déjà, un gel : celui des prix du fret maritime.

    Jacques Chirac travaille à l’agrandissement de son RPR, et c’est à cette période que le «RPC» de Jacques Lafleur, jusqu’alors plutôt giscardien, devient le «RPCR» en signe d’allégeance.


    Septembre 1982, opposant autonomiste

    François Mitterrand est président de la République. A son programme, l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Jacques Chirac vient passer trois jours, en opposant numéro 1 du gouvernement, soutenir Jacques Lafleur. Dans un discours prononcé à Nouméa, il plaide pour un statut « permettant aux élus calédoniens d’assumer des responsabilités beaucoup plus importantes afin de prendre des décisions adaptées aux réalités locales (… ) aujourd’hui, l’orientation va vers l’augmentation d’une certaine autonomie, mais j’ai la conviction qu’ici, on veut rester des enfants de la France.»


    Septembre 1985, le destin commun

    Les évenements ont commencé. Jacques Chirac est toujours dans l’opposition. Plus pour longtemps. Il vient animer un meeting « bleu blanc rouge » devant 7 000 personnes. Il critique vertement le concept d’indépendance-association lancé par Edgard Pisani, et affirme que toutes les communautés « ont leur place dans un destin commun ».


    Août 1986, l’autorité de l’Etat

    Cette fois, Jacques Chirac arrive en qualité de Premier ministre de la première cohabitation avec François Mitterrand. La politique à l’égard de la Calédonie a changé. Cette fois, il s’agit de prôner le rétablissement de l’autorité de l’Etat tout en travaillant « à la recherche du consensus le plus large ».


    Septembre 1987, les faux espoirs

    Toujours Premier ministre, Jacques Chirac arrive en Concorde dans les jours qui suivent le référendum d’autodétermination du 13 septembre. Il vient tracer triomphalement les grandes lignes de la politique qu’il entend mettre en place avec les partisans de la France. Il plaide encore une fois pour une autonomie accrue associant toutes les tendances politiques sous l’arbitrage de l’Etat. Prudent quand même, il affirme que « ce référendum n’est pas une fin en soi. Il est la première page du livre de la Nouvelle-Calédonie et c’est sur cette page encore vierge que je vous invite à écrire votre histoire. »


    Mai 1988, la tragédie

    Jacques Chirac n’est pas en Calédonie. Mais c’est la Calédonie qui s’invite dramatiquement dans le débat national entre les deux tours de l’élection présidentielle. Des gendarmes ont été tués à Ouvéa, d’autres pris en otage et séquestrés dans la grotte de Gossanah. Jacques Chirac, Premier ministre et candidat, a moins bien franchi le premier tour que François Mitterrand. L’entourage du Premier ministre candidat le pousse a opté pour une opération militaire de libération. L’Elysée cède du bout des lèvres. La libération se solde par la mort de 19 militants indépendantistes et deux militaires. L’opinion publique métropolitaine est choquée. La négociation n’aurait-elle pas pu sauver toutes ces vies ? Jacques Chirac est battu (même s’il obtient près de 90 % des suffrages en Calédonie), François Mitterrand est réélu pour sept ans.


    Mai 1995, Jacques contre Jacques

    En 1995, Jacques Chirac est une nouvelle fois candidat à l’élection présidentielle. Mais cette fois, Jacques Lafleur choisit de soutenir Edouard Balladur. Mauvaise pioche : Jacques Chirac est élu et cette affaire provoquera un certain refroidissement des relations entre les deux hommes qui ne sera peut-être pas sans conséquences.


    « Ceux qui découvrent ou redécouvrent vos provinces en reviennent tous avec le même message : la Calédonie est une nouvelle frontière, une terre de promesse et d'avenir. Malgré les dissensions d'hier et les débats d'aujourd'hui, malgré toutes les difficultés que posent encore les différences culturelles et les inégalités sociales, la Nouvelle-Calédonie est en train de se créer un destin original dans la République et dans le Pacifique. »

    Jacques Chirac, lors de sa venue en 2003.


    Juillet 2003, sur la voie du gel du corps électoral

    Le 24 juillet, le président Chirac arrive en Calédonie pour une visite de trois jours ponctuée de bains de foule, mais aussi d’une séquence plus houleuse à Koné. Six semaines plus tôt, c’est dans la ville du nord que la ministre des Outre-mers de l’époque, Brigitte Girardin, avait animé le 3e comité des signataires (le seul tenu hors de Paris). L’Union calédonienne avait boycoté et manifesté aux côtés de l’USTKE, pour réclamer notamment l’instauration effective du gel du corps électoral des provinciales.

    Le 25 juillet à Koné, Jacques Chirac, tout en subtilité, explique que « les institutions issues de l’Accord de Nouméa sont le fruit d’un compromis. Il faut les faire vivre en s’attachant à lever les ambiguïtés. »

    En clair, six semaines après le comité des signataires, le président s’engageait à aller sur la voie du gel. Ce que le grand public n’a pas forcément compris dans un premier temps.


    Février 2007, l’entrée dans la Constitution

    Fidèle à sa promesse, dans la continuité de deux votes intervenus en 1999 à l’Assemblée Nationale et au Sénat, et de deux nouveaux votes intervenus en 2006, Jacques Chirac convoque les deux chambres en congrès à Versailles et fait voter une modification de la Constitution nécessaire à l’instauration effective d’un corps électoral provincial définitivement fermé, pendant la durée de vie de l’Accord de Nouméa, aux personnes arrivées après novembre 1988. A présent, l’avenir de la Calédonie se jouera sans lui, mais conservera irrémédiablement l’empreinte de Jacques Chirac.

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