Lorsque nous avons décidé, dans le journal de mercredi, de faire preuve d'honnêteté en expliquant à nos lecteurs la situation financière des Nouvelles calédoniennes, nous nous attendions bien à quelques commentaires désobligeants. Nous étions loin d'imaginer le flot de haine qui serait déversé à notre encontre sur les réseaux sociaux. Nous avons appris, dans des termes fleuris, que nous ne savons pas faire notre travail, que nous n'aimons que le sensationnel, que nous sommes à la fois incapables d'enquêter et totalement inféodés (pas toujours aux mêmes d'ailleurs), que nous passons nos journées à déformer la vérité, voire à mentir délibérément pour on ne sait quel obscur dessein. En bref, la mort annoncée des Nouvelles était la seule bonne nouvelle que nous pouvions apporter à nos lecteurs.

Les haineux qui ont l'incohérence d'être abonnés à la page Facebook d'un média qu'ils détestent.

Je ne vous cache pas que l'ambiance était plutôt morose dans la rédaction, et plus largement dans l'entreprise. Parce qu'en plus de craindre pour leur emploi - des centaines de familles vivent du journal - plusieurs se sont sentis salis, rejetés, placés au ban d'une Calédonie qu'ils aiment pourtant profondément. Ici, et contrairement à ce que l'on a pu lire, les journalistes ne comptent pas leurs heures et sont de véritables professionnels qui œuvrent au quotidien pour informer vrai. Quant à leurs feuilles de salaire, elles feraient rougir de honte tous ceux qui les jugent, sans savoir, trop payés.

Alors bien sûr, nous ne sommes pas parfaits. Et il peut parfois subsister des erreurs. Certains sujets pourraient aussi être traités différemment. Certains d'entre vous nous reprochent aussi un manque d'investigation (nous ne sommes d'ailleurs pas un journal d'investigation, mais d'information même si certains de nos journalistes ont « sorti » de remarquables enquêtes). Nous avons d'ailleurs entendu les critiques les plus constructives et les encouragements de ceux, fort heureusement très nombreux aussi, qui allaient de leur conseil en espérant que les Nouvelles survivent encore bien longtemps. Ceux-là ont réussi à nous redonner le sourire, à nous inciter à faire notre métier du mieux possible, et surtout, à sans cesse nous remettre en question.

Quant aux premiers, les haineux, ceux qui ont l'incohérence d'être abonnés à la page Facebook d'un média qu'ils détestent, nous avons décidé de leur rendre service en nous retirant de leur fil. Ne resteront plus pour commenter les articles que ceux qui respectent les autres, même s'ils sont en profond désaccord avec eux. Car les « haters », comme on les appelle sur les réseaux sociaux, nous intéressent au moins aussi peu que nous les intéressons. Et c'est tant mieux.