fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • Propos recueillis par Jean-Frédéric Gallo | Crée le 25.05.2018 à 05h45 | Mis à jour le 25.05.2018 à 08h00
    Imprimer
    Le sommet s’est déroulé les 18 et 19 mai à Iwaki City dans la région de Fukushima, au Japon. Photo DR
    Le président du gouvernement est rentré du Japon où, pour la première fois, la Nouvelle-Calédonie a été conviée au Sommet des dirigeants des îles du Pacifique (Palm).Une rencontre diplomatique importante qui confirme la place grandissante de la Calédonie dans la région.

    Les Nouvelles calédoniennes : Pourquoi la Calédonie a-t-elle été invitée par le Japon à participer au Palm ?

    C’est une rencontre qui confirme notre intégration dans la région. Mais ce n’est pas une surprise. C’est en fait la suite logique d’un processus. Le Palm est une réunion organisée tous les trois ans qui accueille les pays et les territoires faisant partie du Forum du Pacifique. C’est parce que la Calédonie est aujourd’hui membre à part entière de ce Forum que nous avons été invités. Le Japon est un grand “bailleur de fonds??. Il reste très influent dans la région.

     

    Quel en est l’enjeu ?

    Nous avons évoqué la stratégie indo-pacifique. Nous sommes dans la droite ligne de ce qu’a exprimé le président de la République en Australie, lors d’une rencontre bilatérale entre l’Australie et la France, où j’ai pu intervenir au nom de la Nouvelle-Calédonie. Dans la droite ligne aussi de la rencontre à la CPS, à Nouméa, avec le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian.

    On parle souvent de la stratégie indo-pacifique, mais comment la résumer ?

    On évoque la nécessité d’une stabilité politique et le respect des règles de droit international dans la région. Le président Macron a été explicite. Il faut respecter les équilibres. Il y a des enjeux concrets. Comme la lutte contre la recrudescence du trafic de stupéfiants dans la région. Le besoin de développement des pays majoritairement pauvres et la préservation des océans.

     

    Que peut apporter un territoire français du Pacifique auprès du Japon ?

    Tout simplement sa propre vision. Il y a deux stratégies. Une japonaise et une française. Les deux sont proches et s’entendent notamment sur le fait que pour conserver sa stabilité, cette région doit être forte et souveraine. Nous, nous pensons qu’il n’y a pas de souveraineté politique sans souveraineté économique. Certains pays ont besoin néanmoins d’infrastructures et sont obligés de faire appel à la communauté internationale.

    Il faut donc une gouvernance partagée des grandes puissances qui s’intéressent au Pacifique. On pense à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande, mais également à la France et l’Union européenne et, bien sûr, au Japon.

     

    Comment permettre à chacun d’avoir une souveraineté économique ?

    On a les moyens dans notre région de faire du développement économique. Je prends comme exemple la pêche. Aujourd'hui, 60 % de la consommation mondiale de thon est pêchée dans le Pacifique. Il est à 99 % pêché par des armements étrangers au Pacifique. Quasi exclusivement asiatiques. Ce sont des milliards de dollars qui sont en jeu et qui échappent à la région. La seule retombée qu'il peut y avoir dans certains pays du Pacifique est la vente de licences. Ce qui est dérisoire. Elles se vendent quelques centaines de milliers de francs cfp, par bateau et par année. Des armements de pêche régionaux pourraient être montés et créer des emplois. On peut également parler de l’agriculture et du potentiel d’un tourisme à forte valeur ajoutée.

     

    Vous avez rencontré le Premier ministre japonais, Shinzo Abe. Quel a été la teneur de vos échanges ?

    Nous n’avons eu que 20 minutes en tête-à-tête, il a donc fallu être direct. Après avoir évoqué ce concept de souveraineté économique, je lui ai présenté le Parc naturel de la mer de Corail. Il s’est montré extrêmement intéressé par l’idée d’un partenariat dans le cadre de la recherche. Il faut dire que nous avons des arguments. L'IRD, basé à Nouméa, est le plus gros centre à l’extérieur de la Métropole. L'Institut Pasteur est internationalement réputé. On peut développer nos pôles de recherches vers l'international. Le Premier ministre, après avoir entendu que nous étions favorables à un axe indo-pacifique, nous a confirmé qu’à présent, nous pourrons avoir des relations bilatérales.

     

    Avez-vous eu des relations avec d’autres pays ?

    La Papouasie nous a invités et nous devrions probablement nous y rendre au mois de juillet. Ils veulent un coup de main pour développer un code de l'environnement et un code minier. Ils viennent de connaître un développement fulgurant de l'exploitation de leur matière première mais sans véritable règle. Nous, ça fait 130 ans qu'on exploite le nickel. Les îles Salomon souhaitent qu'on discute de la pêche. C’est souvent une relation politique voire administrative qui permet ensuite d'emmener des acteurs économiques.

    Comment la voix de la Calédonie s'est fait entendre

     

    «I l y a trois ans, lorsque je suis arrivé à Port Moresby, personne ne m’attendait. L’ambassadeur de France en Papouasie- Nouvelle-Guinée ne m’a pas adressé une seule fois la parole en trois jours. » Philippe Germain se remémore avec le sourire cette anecdote. « Au Japon, l’ambassadeur s’est chargé lui-même de m’accueillir. Nous avons pu échanger avant les rencontres. Tout a bien changé. » Les raisons sont nombreuses. « Nous nous sommes fixé à mon arrivée plusieurs objectifs : être le plus présent possible au sein des grandes instances comme l’Unesco, la Communauté du Pacifique ( CPS dont la Calédonie assume actuellement la présidence, NDLR), le Forum des îles… « Il fallait développer nos relations avec l’Union européenne et enfin créer des accords bilatéraux, ce que nous avons pu réaliser avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Vanuatu. Cela n’a pas été toujours très simple. » « Mais le coup de main est venu de la diplomatie française », explique Philippe Germain.

     

    Ayrault, Valls et Macron

    « C’est surtout Jean-Marc Ayrault, en qualité de ministre des Affaires étrangères, qui nous a aidés en 2017. » Puis il y a eu les visites de responsables français. « Lorsque vous faites partie de la délégation de Manuel Valls en Nouvelle-Zélande ou que vous participez à une rencontre bilatérale entre la France et l’Australie avec le président de la République, vous trouvez forcément un tout autre accueil et une tout autre attention. » De quoi ensuite capitaliser et construire des liens à long terme.

     

     

    Une polémique pour un drapeau

     

    Certaines photographies du voyage au Japon ont intrigué, voire suscité des commentaires indignés.

    Il s'agissait de Philippe Germain accueilli par des élèves de la région de Fukushima, brandissant le seul et unique drapeau du FLNKS en guise de bienvenue.

    Le président, interrogé à ce sujet, s'en explique.

    « Lorsque je m'exprime, j'ai devant moi trois drapeaux. Celui de l'Europe, celui de la France et celui du FLNKS. Dans le cadre du protocole, c'est totalement maîtrisé. Mais on ne peut pas intervenir sur l'initiative d'élèves d'une école, hors protocole. »

    Dans un communiqué, Calédonie ensemble a également tenu à revenir sur le sujet en précisant être « contre le fait que le drapeau du FLNKS soit arboré, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays pour représenter les Calédoniens. Après le référendum, il nous faudra rouvrir le dialogue sur cette question éminemment symbolique, pour que nous aboutissions enfin à un drapeau « reconnu par tous », nous permettant ainsi d’affirmer ensemble notre communauté de destin. »

     

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • MEDIAS ASSOCIÉS
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS