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  • | Crée le 28.02.2021 à 20h07 | Mis à jour le 01.03.2021 à 13h38
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    Benny Tai, professeur de droit, s'adresse aux médias devant un commissariat de police où il a été inculpé pour "subversion" avec 46 autres militants pro-démocratie, le 28 février 2021 à Hong Kong ISAAC LAWRENCE [AFP]
    Près d'une cinquantaine de membres de la mouvance pro-démocratie hongkongaise ont été inculpés dimanche pour "subversion", en lien avec les primaires de l'été dernier, une illustration de l'implacable répression menée par Pékin et condamnée par les capitales européennes.

    Ce groupe, le plus important à avoir été inculpé le même jour au nom de la loi draconienne sur la sécurité nationale, faisait partie des 55 personnes, dont certaines des figures les plus connues de l'opposition hongkongaise, qui avaient été arrêtées début janvier.

    La police a annoncé que 47 personnes étaient poursuivies pour "complot en vue de commettre un acte de subversion", l'une des qualifications visées par la loi sur la sécurité nationale que Pékin a imposée à Hong Kong en réponse aux mois de manifestations qui avaient ébranlé la ville en 2019.

    Ces inculpations sont un coup dur pour le camp pro-démocratie. "Toutes les voix principales du mouvement pro-démocratie à Hong Kong sont maintenant en prison, en exil ou bien inculpées de subversion", a twitté la militante Sophie Mak.

    L'Union européenne a réagi dimanche en faisant part de sa "forte inquiétude". "La nature de ces accusations montrent clairement que le pluralisme politique légitime ne sera désormais plus toléré à Hong Kong", a souligné le bureau de l'UE à Hong Kong.

    L'ex-colonie britannique avait traversé avec les mois de manifestations sa pire crise politique depuis sa rétrocession en 1997 à la Chine. Et Pékin a entrepris l'année dernière une reprise en main musclée de sa région théoriquement semi-autonome.

    Celle-ci s'est notamment concrétisée par le nouveau texte de loi qui a été imposé fin juin 2020 sans débat au sein du Conseil législatif (LegCo) de Hong Kong et s'attaque à quatre types de crime: la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères.

    Ces poursuites sont passibles de la prison à perpétuité.

    "Nous nous battrons"

    Les personnes inculpées dimanche représentent un spectre très large de l'opposition locale, avec d'anciens députés comme Claudia Mo, des universitaires comme Benny Tai, des avocats, des travailleurs sociaux et nombre de militants plus jeunes comme Joshua Wong.

    La police a précisé qu'au total, 39 hommes et huit femmes âgés de 23 à 64 ans avaient été inculpés.

    Joshua Wong, un des visages les plus connus du mouvement prodémocratie, est déjà incarcéré pour une condamnation pour avoir organisé des manifestations en 2019.

    John Clancey, un avocat américain et résident hongkongais qui figurait parmi les personnes arrêtées, n'a pas été inculpé.

    Plusieurs des personnes poursuivies se sont montrées combattives avant d'aller au commissariat.

    "La démocratie n'est jamais un cadeau du ciel. Elle se gagne avec une volonté de fer", a déclaré Jimmy Sham du Front civil des droits de l'Homme, une organisation qui a toujours défendu la non-violence et avait été à l'origine des manifestations les plus massives de 2019.

    "Nous resterons forts et nous nous battrons pour ce que nous voulons."

    "Cela fait longtemps que nous avons décidé de ne pas nous incliner devant le totalitarisme", a déclaré de son côté Lester Shum. "J'espère que cette détermination est partagée par les Hongkongais.

    Les 47 sont poursuivis en lien avec les primaires de l'opposition, auxquelles 600.000 personnes ont participé en juillet, dans l'optique de capitaliser aux législatives de septembre, finalement reportées d'un an au motif du coronavirus, sur l'immense popularité de la mobilisation de 2019.

    L'opposition avait triomphé fin 2019 aux élections locales.

    "Grave provocation"

    Ces primaires avaient déclenché les foudres de la Chine qui les a présentées comme une "grave provocation", une tentative de paralyser le gouvernement de la ville, et prévenu que la campagne pouvait relever de la "subversion" en vertu de la loi sur la sécurité nationale.

    La plupart de ces candidats avaient par la suite été disqualifiés par les autorités. Et celles-ci avaient finalement reporté d'un an le scrutant, en invoquant le prétexte de la pandémie.

    Mais les détracteurs de Pékin estiment que sa position de rejet des primaires signifie au final que toute forme d'opposition est désormais illégale à Hong Kong.

    "Le jour où la participation au processus démocratique est devenu un crime", a tweeté dimanche Clifford Stott, un universitaire britannique qui avait brièvement été engagé par le gouvernement hongkongais pour passer en revue l'action de la police pendant les manifestations.

    Hong Kong n'a jamais été pleinement une démocratie puisque le chef de son exécutif n'est pas élu au suffrage universel, et que seule la moitié du LegCo est directement élue par les habitants.

    Néanmoins, la Chine avait toujours toléré l'existence d'une opposition.

    Les capitales occidentales ont accusé Pékin de supprimer avec cette répression les libertés qui avaient été promises dans le cadre du principe "Un pays, deux systèmes" décidé avant la rétrocession.

    "Nous condamnons l'arrestation et l'inculpation des candidats pro-démocratie aux élections de Hong Kong et exigeons leur libération immédiate", a tweeté dimanche le secrétaire d'Etat des Etats-Unis Antony Blinken.


    Hong Kong : arrestations d'opposants John SAEKI [AFP/Archives]


    L'avocat américain John Clancey s'adresse aux médias devant un commissariat où 47 militants pro-démocratie ont été inculpés pour "subversion", le 28 février 2021 à Hong Kong Yan ZHAO [AFP]


    L'activiste pro-démocratie Mike Lam s'adresse aux médias devant un commissariat où il a été inculpé avec 46 autres militants pour "subversion", le 28 février 2021 à Hong Kong ISAAC LAWRENCE [AFP]

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