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  • | Crée le 16.09.2021 à 21h15 | Mis à jour le 17.09.2021 à 06h15
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    Croquis de la salle d'audience du procès des attaques du 13 novembre 2015, le 16 septembre 2021 au Palais de Justice de Paris Benoit PEYRUCQ [AFP]
    Quelque 120 cartouches tirées en deux minutes trente, 13 morts: "Ce n'était pas une scène de crime, c'était une scène de guerre". Au procès du 13-Novembre, un enquêteur ému a raconté jeudi son arrivée sur les terrasses mitraillées par le commando jihadiste.

    "Tous les enquêteurs de notre groupe étaient expérimentés, on avait tous vu beaucoup de scènes de crimes, beaucoup de corps", commence à la barre de la cour d'assises spéciale le policier de la brigade criminelle. "Mais les premiers instants, c'était de la sidération. Il a fallu quelques instants pour commencer à travailler".

    Sur l'écran géant placé derrière la cour s'affiche une photo: le bar du Carillon à droite, le restaurant Le Petit Cambodge à gauche, éclairés par deux lampadaires, dans une rue déserte.

    Au fil de son exposé, l'enquêteur montrera aussi les vitres criblées de balles, les tables renversées, le sol souillé de sang. Jamais les corps des victimes.

    Il décrit. "Il y a les enchevêtrements de corps, les taches de sang, les compresses qui ont servi à soigner les blessés". "A ce moment-là, le côté humain, on le met au fond de soi".

    Frêle dans son costume noir, lunettes et cheveux peignés sur le côté, "BC099" - le code qui préserve son anonymat - parle d'une voix douce et ne regarde que très peu les notes posées sur le pupitre devant lui.

    "Tous les corps avaient été couverts de draps. Nous avons dû les enlever pour procéder aux constatations".

    Victime par victime

    Le policier a reproduit leurs positions sur un schéma. A côté de chacun d'eux, un repère marqué d'une lettre. Un "cavalier", dans le jargon policier. "Ici, au cavalier A, le premier corps identifié". Il continue, victime par victime, dont il donne le nom.

    "Ils resteront tout le temps dans ma mémoire", confie l'enquêteur.

    Sur le schéma, il pointe une victime, entre les deux terrasses visées par les tireurs. "C'est une conductrice qui a été atteinte au volant de son véhicule". Elle s'était engagée dans la rue juste derrière la voiture des trois assaillants.

    En bas à gauche du schéma, continue-t-il, une jeune femme, "retrouvée à côté d'un vélo. Elle a été atteinte dans le dos".

    Sur la terrasse du Carillon, les corps dessinés sont si enchevêtrés qu'il est difficile de les distinguer.

    Le policier se souvient aussi du silence des lieux, complètement bouclés par la police. "Il n'y avait personne pour polluer la scène, il n'y avait pas un seul bruit. La seule chose qu'on pouvait entendre, c'était les portables des victimes qui sonnaient", dit-il la voix brisée.

    Les derniers corps seront enlevés entre 3h00 et 5h00 du matin. "Les services funéraires ont dû faire plusieurs allers-retours (...) Je suis parti le dernier, vers 08h15".

    Un avocat des parties civiles lui demande de mettre, encore, des mots sur ce qu'il a vu.

    "Plusieurs allers-retours"

    L'enquêteur hésite. "Ce n'est pas à moi de qualifier. Mais je peux juste vous dire qu'on a retrouvé 36 orifices sur une victimes, 22 sur une autre, 14 sur une troisième. Je vous laisse qualifier ces faits".

    A la barre, lui succède un commandant de police, qui vient raconter la fusillade de la Bonne bière, où 5 personnes sont mortes.

    Il prévient qu'il va projeter une vidéo de la fusillade. Le président demande si certains veulent quitter la salle. Sur les bancs des parties civiles, personne ne se lève.

    Sur ces 30 secondes d'images, on voit des éclats lumineux qui semblent faire sauter les tables de la terrasse. Des corps sont projetés au sol, certains s'enfuient. Un homme est poursuivi par les balles. Fin de la vidéo, la salle reste muette de longues secondes.

    Une autre vidéo diffusée jeudi a saisi la panique des clients du restaurant Casa Nostra quand les balles frappent.

    Un assaillant s'approche, pointe son arme sur une jeune femme. Le fusil d'assaut semble s'enrayer, le jihadiste fait marche arrière, la jeune femme, "miraculée", prend la fuite.

    Plus tôt dans la journée, un premier enquêteur était venu raconter l'attaque du Stade France, où est décédée la première victime des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.

    Plusieurs centaines d'écrous projetés par l'explosion des trois kamikazes seront retrouvés sur place, parfois "jusqu'à 50 mètres de l'épicentre de l'explosion", précise dit l'enquêteur. Onze seront prélevés sur le corps de la victime, Manuel Colaço Dias, 63 ans.

    Vendredi, la cour entendra les enquêteurs qui ont fait les constations au Bataclan, où 90 personnes ont trouvé la mort.


    Des pompiers évacuent une personne blessée dans l'attaque du Bataclan, dans le nuit du 13 au 14 novembre 2015 à Paris MIGUEL MEDINA [AFP/Archives]


    Des pompiers et policiers sur les lieux d'une attaque dans le 10e arrondissement de Paris, le 13 novembre 2015 Kenzo TRIBOUILLARD [AFP/Archives]


    Des membres d'une équipe médico-légale travaillent sur les lieux d'un attentat près du Stade de France, le 13 novembre 2015 à Saint-Denis, près de Paris MATTHIEU ALEXANDRE [AFP/Archives]

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