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  • | Crée le 27.01.2021 à 16h36 | Mis à jour le 28.01.2021 à 05h36
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    Des pompiers, le 3 octobre 1980 à Paris, autour de véhicules détruits par l'attentat visant la synagogue de la rue Copernic STF [AFP/Archives]
    Quarante ans après l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, l'unique suspect retrouvé par la justice française est finalement renvoyé aux assises, au grand soulagement des victimes. Mais l'incertitude règne sur la présence de l'accusé, retourné au Canada après avoir bénéficié d'un non-lieu en 2018.

    La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a en effet infirmé mercredi le non-lieu accordé à Hassan Diab, un universitaire libano-canadien de 67 ans accusé d'avoir posé la bombe.

    Les avocats du professeur, qui n'a cessé de clamer son innocence, ont immédiatement annoncé un pourvoi en cassation pour tenter de contester ce revirement considérable dans un dossier où les indices contradictoires sont âprement débattus depuis plus de dix ans.

    Le 3 octobre 1980, l'explosion d'une bombe sur une moto devant une synagogue du XVIe arrondissement avait fait quatre morts et 46 blessés. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, des personnes étaient tuées en France dans un attentat visant la communauté juive.

    L'enquête avait attribué l'attentat, non revendiqué, au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS). Les renseignements avaient identifié Hassan Diab en 1999, après avoir mis la main sur son passeport retrouvé en octobre 1981 par la police italienne.

    Son extradition, réclamée en 2008 par le juge antiterroriste Marc Trévidic, avait finalement été autorisée par le Canada fin 2014.

    Placé en détention provisoire pendant trois ans, Hassan Diab avait été libéré en janvier 2018 après l'abandon des poursuites. Contre l'avis du parquet, qui avait fait appel, les juges d'instruction avaient considéré que les charges réunies contre l'ancien étudiant de Beyrouth n'étaient "pas suffisamment probantes". Il était alors retourné au Canada.

    "Cette décision (de la cour d'appel, ndlr) est insensée (...) totalement contraire au droit et au dossier, et par conséquent ne puise son inspiration que dans le politiquement correct", a réagi sa défense dans une déclaration à l'AFP.

    "Elle censure une décision prise par deux juges d'instruction, dont la motivation extrêmement rigoureuse, était proportionnée aux enjeux et à la gravité de faits", ont déclaré Mes William Bourdon, Apolline Cagnat et Amélie Lefebvre.

    Son avocat au Canada, Donald Bayne, a dit voir dans cette décision "la continuation d'une injustice (...) allant à l'encontre des preuves existantes", lors d'une visioconférence.

    A ses côtés, l'ancien secrétaire général d'Amnesty International au Canada, Alex Neve, a appelé le gouvernement de Justin Trudeau à faire pression sur la France pour qu'elle "abandonne ces accusations infondées".

    "Long combat"

    "Je suis contente, cela faisait des années que nous demandions un procès", s'est au contraire félicitée Corinne Adler, partie civile venue écouter le délibéré. "Que tout s'arrête là m'aurait beaucoup peiné, pour toutes les victimes dont je fais partie", a déclaré celle qui, adolescente, célébrait sa bat-mitzvah lors de l'explosion.

    "C'est une satisfaction d'obtenir un procès, presque la fin d'un long combat", a salué Me Bernard Cahen, avocat de la synagogue et de deux familles de victimes. "Si la cour d'assises déclare que M. Diab n'est pas coupable, au moins justice aura été rendue par une décision collégiale et contradictoire".

    "On a pu voir le soutien dont M. Diab bénéficie auprès de la justice du Canada, je doute qu'il y ait le moindre effort pour nous aider" à obtenir une nouvelle extradition, redoute toutefois Me Eric Morain, avocat du policier en faction devant la synagogue.

    Pour appuyer leur décision de non-lieu, les juges antiterroristes avaient souligné en 2018 qu'"un certain nombre d'éléments (..) permettent d'estimer qu'Hassan Diab se trouvait vraisemblablement au Liban pendant cette période". Ce dernier, dont aucune empreinte n'a été retrouvée sur les pièces manipulées par les terroristes, assure qu'il passait alors ses examens à la faculté, une version notamment corroborée par son ex-épouse.

    Le ministère public met au contraire en avant son passeport, attestant un séjour en Europe du 20 septembre au 7 octobre 1980. Il s'appuie aussi sur des notes des renseignements incriminant M. Diab ainsi que des expertises graphologiques et sa ressemblance avec des portraits-robots.

    Tout en reconnaissant des "doutes" sur sa présence à Paris, le parquet a toujours estimé que ces "éléments à charge et à décharge" méritaient d'être débattus devant une cour d'assises.


    Photo publiée le 4 oct 1980, au lendemain de l'attentat visant la synagogue de la rue Copernic à Paris JEAN-CLAUDE DELMAS [AFP/Archives]


    Manifestation sur les Champs-Elysées à Paris le 4 octobre 1980, au lendemain de l'attentat ayant visé la synagogue de la rue Copernic GEORGES GOBET [AFP/Archives]

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