Ils sont trois natifs du Kosovo à porter le maillot de la Nati, et non des moindres : les milieux de terrain Valon Behrami, Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri. Avec Blerim Dzemaili, né lui en Macédoine voisine, les Albanophones représentaient plus du tiers du onze de départ helvète contre le Brésil (1-1). Enfants de l’émigration, les intéressés ne font pas de commentaire sur ce match à Kaliningrad mais leurs proches ne font pas mystère de l’importance symbolique que cette rencontre revêt, vue de Pristina. Selon Qaush Behrami, son neveu Valon sera « particulièrement motivé » car ses parents ont « souffert » sous le joug de Belgrade : « Ils ont perdu leur travail et le père a été persécuté. » Agon Xhaka, 22 ans, lui-même joueur de football à Pristina, raconte que le père de son cousin Granit a fait de la prison sous l’ère Milosevic et que « la famille a émigré après sa libération ».

Impressionnante diaspora

S’il n’existe pas de statistique officielle, la presse estime que 200 000 Kosovars vivent en Suisse, soit une proportion importante des 8 million d’habitants. Cette émigration est ancienne, antérieure à la guerre du Kosovo. Le Premier ministre Ramush Haradinaj a lui-même été videur et professeur de karaté. « Tout le Kosovo sera devant la télévision vendredi, souhaitant une victoire contre la Serbie », estime Daut Maloku, un instituteur de Pristina âgé de 46 ans. « Quand la Suisse joue, c’est comme si le Kosovo jouait. C’est notre troisième équipe, après le Kosovo et l’Albanie », note Qahil Halili, employé municipal dans le village de Zhegra (est), d’où est originaire Shaqiri. Le journaliste sportif Shkumbin Sekiraqa pense même qu’une victoire des Helvètes serait encore « plus appréciée par les supporters kosovars que par les Suisses eux-mêmes ».