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  • © 2017 AFP | Crée le 26.01.2017 à 21h12 | Mis à jour le 26.01.2017 à 21h15
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    Le 3ème arrondissement de la cité phocéenne, quartier le plus pauvre de France, le 24 janvier 2017 à Marseille ANNE-CHRISTINE POUJOULAT-AFP

    Comme abandonnés. Au coeur de Marseille mais si loin des emplois et des services publics, des habitants du quartier le plus pauvre de métropole se sentent laissés pour compte. Et doutent que la présidentielle y change quelque chose.

    "Marseille a son Vélodrome, mais ici, les minots jouent au milieu des voitures", se lamente Laure Rovera, une comptable très investie dans la vie du 3e arrondissement de Marseille, pour lequel elle voudrait davantage d'équipements publics et de transports.

    Dans cet arrondissement, plus d'un habitant sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté. Le record de France. Les rues, délabrées, sont bordées de boutiques de téléphonie discount aux vitrines criardes. A la boulangerie, la baguette coûte 50 centimes d'euro.

    "Le centre-ville, c'est très beau, mais ici, il n'y a rien", se lamente Anis Chelbi, un peintre décorateur arrivé de Paris il y a trois ans. Ses deux filles ne vont ni à la piscine, ni à la bibliothèque dans l'arrondissement : il n'y en a pas.

    Ce père de famille, en recherche d'un travail stable, ira voter, car "c'est important pour les petites". Il aimerait plus d'emplois et de services publics, mais ne se fait pas d'illusions : "c'est un endroit oublié (...) Il n'y aura pas de changement".

    Entre gare Saint-Charles et quartiers nord, ce coin de la cité phocéenne, coupé en deux par une autoroute qui frôle les façades noircies, a logé pendant des décennies les ouvriers du port et des manufactures de tabac ou d'huile.

    Ce monde a disparu et laissé place au chômage et à la misère. Les prestations sociales assurent le quart du revenu des 45.000 habitants.

    Du changement, on désespère d'en voir aussi à la Maison de solidarités où l'on gère la détresse sociale. Les nouveaux arrivants, des familles parfois en situation irrégulière et qui ne peuvent faire autrement, s'entassent dans des taudis que des marchands de sommeil leur louent, au prix fort.

    Vue de ce bâtiment moderne, construit pour regrouper l'aide sociale du département, l'urgence est d'améliorer les "conditions de vie et l'état des logements (qui) se rapprochent beaucoup plus du tiers monde que d'un pays développé", selon son directeur, David Jame. Le matin même, il a dû s'occuper d'une dame : le plafond de son appartement était tombé sur le lit de son bébé.

    - "ça va craquer"-

    Priorité affichée du quinquennat Hollande, l'avenir des jeunes reste une préoccupation majeure dans l'arrondissement, qui avait voté à 70% pour le président socialiste au 2e tour en 2012. Les établissements publics ont bénéficié des moyens alloués par la réforme des ZEP, mais beaucoup de parents et d'enseignants les estiment insuffisants. Ils dénoncent le manque de classes et de moyens.

    "Il y a dix ans, il y avait des emplois jeunes, des assistants d'éducation... J'avais le temps de m'occuper des élèves", soupire Emilie Marsilio, une enseignante de CE2, qui a vu le service public s'appauvrir. "Si on supprime 300.000 postes de fonctionnaires, ça va craquer", craint-elle.

    Matériel défaillant, profs non remplacés : "quand les planètes s'alignent, on peut travailler", ironise Mickaël Bregliano. L'école où il fait classe est toute neuve - mais entièrement bâtie en préfabriqué. Et déjà saturée : il a fallu pousser les murs, et sacrifier la salle informatique, pour rajouter une classe.

    Pour assurer l'avenir, "il faut construire davantage d'écoles", abonde Anne Pfister, une mère de famille qui, comme d'autres professeurs et habitants, lassés des promesses, des dysfonctionnements de la mairie et des visites ministérielles sans lendemain, se mobilise depuis des années dans des collectifs et des associations.

    "On n'est jamais aidé", se désolent en écho Sofia et Larbi, 27 et 31 ans, qui ont ouvert un petit garage de réparation automobile, au coin d'une rue bordée de petits immeubles décatis. "Tu travailles du matin au soir, et tout ce que tu gagnes part aux Urssaf", se plaint Sofia, qui rêvait d'un retour de Nicolas Sarkozy et ira voter, à droite.

    Ce que la jeune femme ne supporte pas, ce sont les dizaines de contraventions qui pleuvent sur les voitures en réparation stationnées autour du garage. Des PV qui lui restent en travers de la gorge lorsqu'elle voit ces rues jonchées par endroits de carcasses de meubles et de déchets, laissées à l'abandon.

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