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  • © 2016 AFP | Crée le 28.08.2016 à 06h03 | Mis à jour le 28.08.2016 à 06h05
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    Une famille syrienne évacuée de la ville de Daraya, reprise par le régime, partage un petit déjeuner à son arrivée à Hrajela le 27 août 2016

    Yazan, un petit Syrien de 4 ans, n'a connu que les pénuries depuis sa naissance. Comme tous les enfants sortis cette semaine de l'enfer du siège de Daraya, reprise par le régime, il découvre pour la première fois pain et sucreries.

    Une des premières villes à s'être soulevée contre le régime de Bachar-Assad, Daraya a été reprise totalement samedi par l'armée après la sortie de milliers de rebelles et de civils soumis pendant quatre ans à un siège impitoyable et à des bombardements incessants.

    Une partie des civils, dont la famille de Yazan, a été transférée à Hrajela, une localité tenue par le régime à une vingtaine de km au sud-est de Daraya, dans la province de Damas.

    "A chaque fois que Yazan découvre une nouvelle sucrerie, il s'extasie", affirme à l'AFP sa mère Amina Kamel en référence au benjamin de ses cinq enfants, rassemblés, comme le reste des familles évacuées, dans le centre d'accueil installé par les autorités.

    "Il n'a jamais goûté à des friandises. Il était fou de joie quand il a vu des biscuits", raconte cette femme de 38 ans, vêtue d'un manteau noir usé, le visage pâle.

    A l'entrée du centre d’accueil, composé de 300 unités de logements, des enfants jouent sous un soleil brûlant, tandis que des volontaires du Croissant rouge, qui a participé à l'évacuation, distribuent des matelas, des couvertures et de la nourriture.

    Au cours de l'interview, le garçonnet se précipite vers sa mère avec dans les mains une assiette de houmous (purée de pois chiche très répandue dans la gastronomie levantine): "Maman, maman, c'est quoi ça?"

    - 'Mon fils affamé' -

    Le souvenir des affres du siège est encore vif. "Nous ne mangions qu'une portion de soupe au coucher du soleil et nous restions à jeûne jusqu'au coucher de soleil suivant", se souvient Amina.

    "Nous n'avions ni gaz ni électricité (...) mon coeur se brisait et je pleurais à la vue de mon fils affamé, je n'avais rien à lui donner. Il allait demander à manger aux voisins", poursuit-elle, précisant que "tout à l'heure, Yazan a embrassé un morceau de pain".

    Passant le plus clair de son temps dans les abris à cause des bombes qui pleuvaient sur la ville, elle n'osait pas envoyer ses enfants à l'école.

    Comme Yazan, les enfants de Houda découvrent des aliments qui, avant la guerre et le siège, étaient disponibles en quantité dans la province agricole de Damas.

    "Mes enfants de 5 et de 3 ans ont été surpris de voir des tomates, c'était la première fois qu'ils en voyaient", affirme cette femme de 30 ans. "Nous mangions des herbes...", dit-elle.

    Sa ville a fini par céder après plus de quatre ans de malnutrition et de maladies.

    "Nous n'avons plus le choix: soit nous partons, soit nous vivons sous les bombardements", soupire la jeune femme qui confie avoir emporté avec elle des cailloux, "en souvenir de l'odeur de la ville".

    Outre le souvenir de la faim, l'impact psychologique des enfants syriens soumis aux bombardements n'est pas négligeable.

    "Mon fils a développé une phobie des avions", explique Adnane Naccache, 47 ans. "A chaque fois qu'il entend le bruit d'un avion il court se cacher, et c'est le cas pour la majorité des enfants syriens".

    - La vie, 'un enfer' -

    "Une fois, nous avons creusé un trou sur un terrain vague qui était rarement bombardé et nous y passions la nuit, à huit, accroupis et serrés les uns contre les autres, sans oser s'endormir par peur des bombardements", se souvient Adnane, le visage triste.

    Sa famille et lui ont vécu ainsi pendant plus de quatre mois.

    "La vie était un enfer, nous avons perdu nos nerfs. Nous en sommes arrivés à souhaiter la mort pour ne plus avoir à subir le manque de nourriture et de médicaments", dit encore cet homme.

    "Nous envions ceux qui mourraient", affirme-t-il, indiquant que son poids est passé de 86 à 68 kg.

    A Hrajela, il y aussi ceux qui sont venus retrouver leurs familles après une séparation de quatre ans.

    "C'est comme un rêve, ma joie est indescriptible", affirme Walaa Moussa, 29 ans, en caressant la main de son père Hamid, sorti vendredi du siège.

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