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  • © 2016 AFP | Crée le 09.06.2016 à 23h49 | Mis à jour le 09.06.2016 à 23h50
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    Le mari de Zeenat Bibi tuée par sa mère montre sa photo à Lahore, me 8 juin 2016

    Une adolescente pakistanaise tuée par sa mère pour avoir épousé un camarade de classe qui déplaisait à ses proches, a été enterrée par sa belle-famille jeudi, au lendemain de ce nouveau crime dit d'honneur condamné à travers le pays.

    Zeenat Bibi, 16 ans, a été étranglée et brûlée mercredi à Lahore, capitale culturelle du Pakistan, un peu plus d'une semaine après avoir épousé Hassan Khan, un réparateur de moto de 20 ans.

    Ils étaient amoureux depuis le collège, selon la famille de ce dernier, et s'étaient mariés à la hâte devant un tribunal après que la famille de Zeenat a tenté en vain de faire cesser leur relation.

    Au lendemain du meutre, Les fillettes du quartier populaire où Zeenat habitait étaient particulièrement choquées, d'autant qu'elle enseignait le Coran à nombre d'entre elles.

    "Quand j'ai vu son corps, j'ai pleuré, car ma maîtresse était morte", explique Maham, 10 ans, photographiée la veille les yeux rivés sur la tâche de suie et le morceau d'étoffe brûlé qui rappellent les derniers instants de la jeune insoumise au visage rond et doux.

    Il a fallu beaucoup rassurer la fillette, explique à l'AFP sa mère, Rania Bibi.

    "Elle a beaucoup pleuré, n'a rien mangé, et a posé des tas de questions avant de dormir -- +pourquoi ma maîtresse a été tuée par sa maman?+. Je lui ai dit de ne pas s'inquiéter, qu'elle était ma fille chérie".

    Zeenat est la troisième jeune fille en autant de mois à avoir été tuée et brûlée au Pakistan après avoir été accusée de bafouer l'honneur familial. Des centaines comme elle sont tuées chaque année, mais très rarement par une femme, et encore moins leur mère.

    Ce nouveau crime a relancé les appels à une réforme de la loi afin de faire cesser "l'impunité de fait" des meurtriers dans les crimes dits d'honneur.

    Le fait qu'une famille se retourne contre son propre enfant "montre qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans la loi et la société", a dénoncé Hina Gilani, militante des droits de l'Homme à Lahore.

    - "obtenir justice" -

    Militants et politiciens réclament le vote d'un projet de loi, suspendu il y a quelques mois, destiné à empêcher que les meurtiers échappent à la prison en obtenant le pardon des proches de la victime.

    "Une loi ne suffira pas à mettre fin à des tels crimes mais l'Etat doit lutter contre ce fléau de toutes ses forces", a estimé la sénatrice Sherry Rehman.

    Il faut aussi sensibiliser les forces de l'ordre qui "ont tendance à considérer qu'un meurtre par un proche n'est pas un crime", a souligné Mme Gilani.

    Le jeune veuf se dit fou de douleur.

    "Ma destinée est désormais d'obtenir justice pour Zeenat", explique-t-il a l'AFP. "Elle a tellement souffert à cause de moi."

    La soeur de Zeenat et quelques proches réunis dans la maison familiale mercredi avaient exprimé plus de colère que de chagrin, critiquant Hassan, à qui ils reprochent surtout d'être pachtoune et non pendjabi comme eux. Jeudi, la maison était close.

    La famille de la jeune fille n'a pas réclamé le corps, a affirmé la police, et la famille de son époux a enterré les restes calcinés de la jeune fille avant l'aube dans un cimetière proche de la ville.

    "C'était notre honneur, notre devoir", souligne la mère du jeune veuf, Shahida.

    Hassan a déposé une plainte pour meurtre contre Perveen Bibi, la mère de son épouse, selon la police. La mère, qui s'est accusée du crime, a été arrêtée immédiatement après les faits.

    La police a indiqué avoir aussi arrêté un oncle par alliance de la victime, et rechercher un de ses frères, accusés d'être complices du crime.

    La belle-famille de Zeenat a indiqué avoir accepté que la jeune épouse retourne chez les siens trois jours après le mariage, car ceux-ci avaient promis qu'elle reviendrait une semaine plus tard, au cours d'une cérémonie en bonne et due forme.

    La jeune fille a été tuée la veille du jour où elle aurait dû rejoindre son époux.

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