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  • © 2016 AFP | Crée le 04.04.2016 à 16h21 | Mis à jour le 04.04.2016 à 16h25
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    Un bâtiment qui avait été construit illégalement près d'une tombe d'Atgah Khan, démoli le 24 février 2016 à Nizamuddin SAJJAD HUSSAIN-AFP/Archives

    Dans la crypte d'une tombe du XVIe siècle de New Delhi, une famille s'affaire à préparer son repas au coeur d'une cuisine aux peintures brillantes dotée d'un réfrigérateur et de l'électricité.

    New Delhi, dirigée par des empereurs pendant 2.000 ans, est riche de tombes anciennes, de sanctuaires et de forts nichés dans pratiquement chaque quartier de la capitale indienne.

    Mais dans cette mégapole en expansion où des millions de pauvres manquent de logement et où le foncier coûte une fortune, les monuments deviennent des maisons recherchées.

    "Il y a bien trop de monuments et pas assez de ressources (pour leur entretien). Résultat, ils sont négligés, occupés et endommagés", dit A.G.K. Menon, conservateur du patrimoine. "Personne n'occupe le Taj Mahal parce qu'il est entretenu, mais ce n'est pas le cas de tous les autres monuments de valeur".

    Au coeur du quartier densément habité de Nizamuddin, une famille de musiciens soufis vit sous les voûtes d'une tombe d'Atgah Khan, construite en 1566, depuis des générations. L'intérieur est meublé de placards, de tapis et coloré de fresques murales.

    "Nous sommes attachés à ce sanctuaire. C'est un devoir pour nous d'être ici", dit une femme, ajoutant que personne n'a demandé à sa famille de partir.

    En surplomb du monument, une série de petites maisons ont été construites, accolées au mur d'enceinte de la tombe, rendant son entretien difficile.

    Il y a trois mois, des hommes armés de massues et de matériel de soudure ont commencé à détruire l'un de ces logements. Selon les voisins, les occupants n'ont pas tenu compte des mises en garde officielles.

    Depuis, les 18 membres de la famille qui l'occupaient vivent dans les ruines, les lits sont en équilibre sur les débris et le linge sèche à la vue de tous. "Si quelqu'un pense que nous allons partir, il se trompe", dit Shamama Khan, 75 ans, qui assure que sa famille a acheté le terrain il y a des décennies.

    - 'Gâchis d'argent public' -

    Plus de 1.000 sites patrimoniaux sont recensés à Delhi, où les empereurs moghols et autres occupants se sont succédé pendant des centaines d'années avant la colonisation britannique.

    Mais seulement 176 sont protégés par l'organisme d'Etat chargé de la protection du patrimoine, l'Archaeological Survey of India (ASI), aux moyens limités. D'autres sont sous la responsabilité de la ville, en manque de fonds, tandis que le reste n'est pas protégé du tout et tombe en ruines, mis à rude épreuve par la pression des 17 millions d'habitants.

    "C'est un travail à plein temps que de protéger les sites dont nous sommes responsables", répond le directeur général adjoint de l'ASI, R.S. Fonia, quand on lui demande s'il devrait élargir sa liste de monuments protégés.

    Dans un grand parc archéologique de Delhi, le conservateur Menon et son équipe d'INTACH, une ONG de protection du patrimoine, se démènent pour restaurer quelques-uns de la centaine de monuments remontant pour certains au XIe siècle.

    Ils reçoivent des fonds du gouvernement pour ces travaux mais déplorent l'absence d'entretien une fois ces monuments restitués au public. "C'est un gâchis d'argent public", dit Menon, qui a intenté une action en justice pour forcer les autorités à entretenir ce patrimoine.

    - Le patrimoine vu comme 'un fardeau' -

    Un tribunal de Delhi a ordonné aux autorités de la capitale d'ériger un mur autour du parc, qui s'étire sur 80 hectares, afin d'empêcher les squats. Mais un différend persiste sur la propriété et donc la responsabilité de l'entretien de ce patrimoine.

    Dans le parc, des morceaux de monuments sont utilisés comme sièges autour d'un feu de camp et les touristes sont rares.

    Ratish Nanda, conservateur du patrimoine renommé, a restauré avec son équipe plusieurs monuments dans le quartier de Nizamuddin.

    Le trust Aga Khan Trust pour la Culture (AKTC), qu'il dirige, a aussi remis en état la tombe de Humayun, classée au patrimoine de l'Unesco et datant du XVIe siècle, un site très fréquenté par les touristes dans la capitale indienne.

    Mais Nanda déplore de devoir perpétuellement convaincre une myriade d'interlocuteurs de l'intérêt de préserver le patrimoine et de le valoriser.

    "Nous ne sommes pas conscients du potentiel économique de notre patrimoine. Nous pourrions tirer des ressources de ce patrimoine si les attitudes changeaient et que nous décidions de le restaurer et de l'entretenir correctement", souligne-t-il. "Nous sommes assis sur une mine d'or. Mais nous le considérons comme un fardeau".

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