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  • © 2017 AFP | Crée le 18.01.2017 à 17h25 | Mis à jour le 18.01.2017 à 17h30
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    Des paramilitaires s'entraînent à Narva, en Estonie, le 14 janvier 2017 Raigo Pajula-AFP

    Une rafale d'arme automatique éclate au dessus des têtes de jeunes Estoniens qui, pâles et épuisés, montent à l'assaut du Château de Narva, une forteresse qui se dresse face au puissant voisin russe.

    Les armes sont chargées à blanc aujourd'hui. Mais les jeunes volontaires, hommes et femmes, participant à une compétition militaire annuelle commémorant une bataille de la guerre d'indépendance de 1919, ne cachent pas que les tensions entre l'Otan et la Russie les inquiètent et les motivent.

    Partis avant l'aube dans le froid et la neige crissante sous leurs pieds, gros sacs à dos, tenues de camouflage blanches et lampe torche fixée sur la tête, les volontaires arrivés à Narva seraient prêts à défendre leur pays "si jamais il se passe quelque chose", dit à l'AFP Ruth Maadla.

    Serveuse en semaine, paramilitaire le week-end, la jeune femme est pétillante d'humour malgré des ampoules aux pieds, souvenir douloureux d'une marche forcée de 90 kilomètres.

    "J'aimerais faire ma part, si c'est nécessaire, mais il y a certainement des personnes plus compétentes", confie la volontaire brune de 29 ans, rieuse malgré la fatigue.

    L'Estonie, membre de l'Alliance atlantique de 1,3 millions d'habitants, a senti le climat changer avec l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Puis le président élu américain Donald Trump a retourné le couteau dans la plaie en laissant planer un doute sur les garanties de sécurité collective de l'Otan.

    Ces deux dernières années, les effectifs de Kaitseliit, la force paramilitaire composée de volontaires, y compris de membres de l'importante minorité russophone, se sont accrus de 10% en Estonie.

    Comptant 16.000 membres, voire 25.600 si on ajoute les femmes et les enfants des organisations associées, Kaitseliit représente un soutien important pour les forces armées estoniennes qui comptent 6.500 membres en temps de paix, dont une moitié de conscrits.

    Comme les Lettons, les Lituaniens et les Polonais, les Estoniens ont été secoués en voyant la Russie s'emparer de la Crimée et soutenir les séparatistes ukrainiens. S'y sont ajoutés l'accroissement de la présence militaire russe dans leur région, et enfin l'incertitude sur la politique russe du prochain président américain Donald Trump.

    D'où une renaissance des organisations paramilitaires dans les trois pays baltes, où le souvenir d'un demi-siècle d'occupation soviétique est encore présent.

    - Dissuasion -

    Beaucoup de jeunes volontaires sont portés sur l'entraînement au tir et les courses d'orientation, d'autres choisissent des activités plus pacifiques, par exemple en tricotant des chaussettes pour les victimes du conflit ukrainien.

    Le commandant du Kaitseliit, le général Meelis Kiili, 51 ans, voit dans ses troupes "un très important élément de dissuasion" face à la Russie.

    Le rôle "des citoyens ordinaires très motivés pour se défendre" ne saurait être sous-estimé, dit-il à l'AFP, après avoir félicité un groupe de volontaires épuisés par deux nuits de marche sans sommeil à travers des forêts enneigées.

    Beaucoup ont fait leur service militaire, mais de plus en plus de civils, comme Maadla ou Sille Laks, rejoignent l'organisation.

    Laks, une experte en sécurité informatique trentenaire, dit avoir consacré en trois mois quelque 400 heures à l'entraînement avec le Kaitseliit.

    "Il s'agit de faire quelque chose pour mon pays. C'est une organisation patriotique des Estoniens qui veulent contribuer au bien-être de leur patrie", dit-elle, alors qu'elle surveille dans le froid de l'aube un point de contrôle de la compétition.

    Si l'Estonie base sa sécurité sur le traité atlantique de défense collective contre toute agression contre un pays membre de l'Otan, des analystes reconnaissent que les paramilitaires ont un rôle à jouer.

    "Dans le pire scénario, la Russie pourrait prendre toute l'Estonie très rapidement, mais une résistance locale pourrait faire gagner un peu de temps au pays", pense Kristi Raik, chercheuse à l'Institut Finlandais des Affaires internationales, tout en soulignant qu'une telle attaque paraît actuellement improbable.

    Alors que la Russie a renforcé sa présence militaire dans la région, l'Otan a décidé en juillet dernier de déployer par rotation quatre bataillons multinationaux en Pologne et dans les pays baltes. Une telle unité de 1.100 hommes doit s'installer en avril à Tapa, une base située à une heure de voiture de Tallinn, la capitale estonienne.

    De leur côté, l'administration sortante américaine vient d'envoyer en Europe de l'Est une brigade blindée, dont des éléments iront dans les pays baltes.

    Si les propos de M. Trump et son intention affichée d'améliorer les relations avec le Kremlin ont semé l'inquiétude en Europe orientale, le chef des paramilitaires estoniens garde confiance dans l'Otan.

    "Il ne faut pas s'arrêter uniquement à Trump. L'Otan a vingt-huit membres", a dit le général Kiili à l'AFP.

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