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  • © 2018 AFP | Crée le 17.03.2018 à 19h58 | Mis à jour le 17.03.2018 à 20h00
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    Des manifestants face à des policiers dans un quartier de Madrid, le 16 mars 2018, au cours d'un rassemblement à la mémoire d'un vendeur des rues sénégalais OSCAR DEL POZO-AFP

    "Une vie de vendeur à la sauvette, ça ne te rapporte que des problèmes": à Madrid, des Sénégalais ont pleuré la mort - controversée - d'un camelot clandestin, suivie de protestations inhabituellement violentes dans la ville.

    Mame Mbaye Ndiaye - 35 ans dont au moins 12 passés en Espagne sans papiers - partageait un logement sur la place Nelson Mandela, lieu des rendez-vous informels des immigrés africains, plutôt rares à Madrid.

    Il est mort jeudi après-midi dans la rue de l'Ours voisine, après une course pour éviter des ennuis avec la police.

    "Il venait parfois partager avec nous le plat de riz à la viande, ici même, dans le magasin", dit en espagnol Nafi Ndiaye, sénégalaise de 38 ans, dans la boutique de chaussures de son mari, au coin de la rue.

    "Il allait travailler à (la puerta del) Sol, jouait au football, rentrait à la maison: c'était une bonne personne, pas dans le trafic de drogue ni rien".

    Selon la mairie, Mbaye se trouvait sur la très touristique place de la Puerta del Sol au moment d'une intervention policière contre le commerce ambulant.

    Il a alors fui vers la Plaza Mayor puis son quartier de Lavapiés, où il a succombé à un arrêt cardiaque, selon un ami ayant donné l'alerte. Une patrouille de police municipale, arrivée peu après, a tenté en vain de le ranimer, a indiqué la mairie.

    Mais devant le restaurant sénégalais "Baobab", beaucoup restent convaincus que Mbaye est mort après avoir trop couru, pourchassé par des agents à moto, chargé de son lourd ballot.

    "Il est arrivé jusque là, il a dit à un ami +je ne peux pas continuer à courir+ et il est mort", résume Abdou Diouf, vendeur à la sauvette comme lui, dont le chagrin grave, retenu, contraste avec des explosions de colère ayant dégénéré en heurts avec la police jeudi soir.

    La vie ingrate des "manteros" (vendeurs à la sauvette en espagnol), Abdou la résume en quelques phrases amères en français: "C'est si difficile, ça ne te rapporte que des problèmes. Tu vas dans la rue, pour vendre. Et tu ne vends presque rien".

    "Les policiers en civil ou en tenue viennent avec les voitures, les motos, et parfois ils t'arrêtent. Alors tu te mets à courir avec ta marchandise sur le dos. Si tu perds les sacs, les chaussures, etc. achetés aux Chinois, c'est la catastrophe: t'as plus d'argent, plus rien".

    - 'Harcèlement policier' -

    Tout le quartier de Lavapiés bruit d'accusations contre la police municipale et la façon dont elle réprimerait trop souvent l'activité illégale de ces revendeurs. "Cela fait des années qu'on dénonce le harcèlement policier", dit Malick, 35 ans.

    "Il y a un policier qu'on surnomme +Vamos a jugar+ ("On va jouer" en espagnol) parce que c'est ce qu'il dit quand il nous poursuit, à moto", soutient Modou, 25 ans.

    A deux pas de la place Mandela, dans les locaux du "Mouvement contre l'intolérance", son président, l'Espagnol Esteban IBarra, refuse qu'on "stigmatise la police municipale" en bloc.

    "Ce n'est pas vrai qu'il y a une grande persécution des vendeurs à la sauvette à Madrid", dit-il.

    Mbaye a passé "12 ou 15 ans", selon les versions, sans pouvoir revoir ses parents, morts pendant qu'il était au loin.

    Il envoyait de l'argent au pays mais n'avait ni femme ni enfant, précise Mahmadou Diao, 42 ans, sirotant un café aromatisé "touba" au restaurant Colores où Mbaye suivait les matches du Real Madrid, en bon supporteur.

    En boubou rose, une coiffeuse sénégalaise de 42 ans, Mama Diallo, a fermé boutique pour manifester pacifiquement: "Il y a des gens qui n'ont pas de papiers et qui, pour ne pas voler, vendent des choses dans la rue que des Espagnols achètent: ce n'est pas un crime, c'est pour ça que ça nous fait si mal", dit-elle.

    De jeunes esprits s'échauffent, au passage d'une voiture de police, bondissent et crient: "hors du quartier!".

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