Le témoin, Alejandro Burzaco, qui dirigeait l’entreprise argentine de marketing sportif Torneos y Competencias, a expliqué que Torneos et ses partenaires mexicain Televisa et brésilien TV Globo s’étaient entendus pour « payer 15 millions de dollars de pots-de-vin », soit 1,5 milliard de francs, à l’ex-chef de la Fédération argentine de football, Julio Grondona, décédé en 2014. TV Globo a pu ainsi récupérer les droits exclusifs de diffusion au Brésil des deux Coupes du monde, tandis que Televisa et Torneos obtenaient les droits pour le reste de l’Amérique latine, selon M. Burzaco, qui a plaidé coupable fin 2015 et coopère avec la justice américaine en attendant sa condamnation. Celui qui connaissait tout le gratin du football sud-américain avait déjà témoigné durant sept heures mercredi dans ce procès sur la corruption à la Fifa, qui a débuté mardi au tribunal fédéral de Brooklyn.
Seuls trois ex-responsables sud-américains sont au banc des accusés. La plupart des 42 personnes impliquées par la justice américaine dans cette affaire ont déjà plaidé coupable, où ne sont pas jugées aux Etats-Unis. Les trois accusés sont José Maria Marin, ex-président de la fédération brésilienne ; Manuel Burga, président de la fédération péruvienne de 2002 à 2014 et ex-membre du comité de développement de la Fifa ; et Juan Angel Napout, ex-président de la fédération paraguayenne et de la confédération sud-américaine Conmebol.
Un accusé se jette sous un train
Hier, Burzaco a détaillé certains dessous-de-table perçus par les accusés : notamment 3 millions de dollars qu’auraient touchés Marin et un autre responsable brésilien, Marco Polo del Nero, pour les droits des éditions 2015, 2019 et 2023 de la Copa America (équivalent de l’Euro) et de l’édition du « centenaire » en 2016. Napout aurait reçu 1 million de dollars au même titre. Burzaco avait brièvement mentionné mercredi un ex-fonctionnaire argentin, Jorge Delhon. Ce dernier s’est suicidé le soir-même, se jetant sous un train dans la banlieue de Buenos Aires. Selon Burzaco, Torneos a payé entre 2011 et 2014 des millions de dollars à Delhon et à un autre fonctionnaire, Pablo Paladino.