
La scoliose est une anomalie de la colonne vertébrale. « On a une déviation latérale, parfois associée à des rotations des vertèbres », explique Gianni Mercuri, chiropracteur à Nouméa. Il y a principalement deux grandes familles de scolioses : les structurelles et les fonctionnelles.
L’attitude scoliotique, elle, résulte d’une mauvaise posture, sans déformation des vertèbres, et peut être corrigée.
Les vertèbres ont une forme rectangulaire. Lorsqu’elles sont mal positionnées, à cause d’une mauvaise posture par exemple, cela donne des scolioses fonctionnelles. « Ce sont celles sur lesquelles on peut espérer agir car les vertèbres sont normales, et non pas déformées. Manipulations, exercices, chiropraxie, suivi par des kinés… On peut faire en sorte de redresser la colonne et d’éviter d’aggraver les choses ». Mais « attention, souligne le spécialiste, une scoliose fonctionnelle, non prise en charge, peut devenir structurelle en provoquant une déformation des vertèbres. »
En revanche, quand les vertèbres sont déformées, « qu’elles sont cunéiformes (plus larges en bas ou en haut, NDLR) au lieu d’être cubiques, elles ne peuvent être redressées. C’est la structure et non pas le fonctionnement de la colonne qui est alors en cause. Ce sont ce que l’on appelle les scolioses idiopathiques, c’est-à-dire dont on ne connaît pas la cause. Elles sont souvent génétiques, donc héréditaires. »
Les scolioses structurelles peuvent aussi provenir d’anomalies congénitales (vertèbres mal formées).
Première conséquence d’une scoliose : des douleurs chroniques qui peuvent devenir handicapantes. « Elles sont essentiellement musculaires, précise le spécialiste. Les muscles du dos se tendent toute la journée pour que la personne se tienne droit. Quand ils n’en peuvent plus, les muscles se contractent, comme pour des crampes. » Avec le temps, « Les disques intervertébraux s’usent prématurément et de l’arthrose peut apparaître. » La rotation des vertèbres a également des conséquences sur les côtes qui se déforment : « ce qui peut réduire la capacité pulmonaire et créer des problèmes respiratoires ou cardiaques. C’est donc une maladie chronique qu’il faut apprendre à gérer en ne prenant pas de poids, en musclant ses abdos et les muscles paravertébraux, et en faisant du gainage, de la musculation du dos (natation, sport de rame, musculation) ou encore en s’étirant chaque jour. »
Si les scolioses fonctionnelles peuvent apparaître à tout âge, c’est essentiellement durant l’enfance et l’adolescence que cette pathologie apparaît et de surcroît au moment de la croissance vers 10-16 ans. Avec une prédominance pour les filles. « La première façon de faire un diagnostic est de mettre l’enfant torse nu et de regarder sa colonne. On peut alors voir des déviations ou des épaules qui ne sont pas alignées. On fait ensuite le test visuel, dit d’Adam, en lui faisant arrondir les épaules et se pencher en avant. On voit alors apparaître les déformations des côtes. Si lorsqu’on fait ce test, les “S?? observés en station debout disparaissent lorsque la personne se penche, ça veut dire que lorsqu’on n’est plus en état de gravité, cela se redresse. C’est une scoliose fonctionnelle. » A contrario, « Si la colonne reste tordue, alors que la personne est assise ou debout, la scoliose est structurelle. »
Reste alors à faire des radios pour savoir de combien et où la colonne dévie. « On peut avoir des scolioses dans une, deux ou trois régions de la colonne (le cou, le thorax et les lombaires). » Pour connaître le niveau de gravité, on fait alors une mesure de Cobb en calculant l’angle de la courbure. « Plus il est élevé plus c’est grave. L’angle doit évoluer à une certaine vitesse. Quand cela évolue trop vite, particulièrement au moment de la croissance, il faut se poser la question de la prise en charge qui peut aller jusqu’au port d’un corset et, dans les cas les plus graves, une opération. »
Gianni Mercuri le reconnaît lui-même « les trois quarts des patients qui viennent chez moi pour la première fois ont peur du côté manipulation et “craquage". » Et pourtant défend celui qui est aussi président du syndicat des chiropracteurs de Nouvelle-Calédonie, « les chiropracteurs sont pour le dos l’équivalent des dentistes pour les dents : des spécialistes ». S’il est intimement persuadé de la pertinence de sa spécialité, c’est que lui-même souffre d’une double scoliose. Il n’a donc eu de cesse que de faire reconnaître la chiropraxie.
« Depuis 2011, nous sommes reconnus comme des professionnels de santé et notre profession est réglementée. » Il faut aussi un solide bagage pour porter le titre.
Dans son cas, ce sont « sept ans d’études en Australie qui ont porté à la fois sur l’orthopédie, la neurologie et la radiologie. » Alors que certaines mutuelles remboursent partiellement cette pratique, les professionnels attendent toujours une prise en charge par la Cafat : « Le mal de dos est la maladie du siècle et touche plus particulièrement les couches sociales peu aisées qui ont des métiers pénibles. Et le coût les empêche de se faire soigner. »