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En Libye, un "choc de Lions" dans un camp de migrants
© 2018 AFP | Crée le 04.03.2018 à 19h57 | Mis à jour le 04.03.2018 à 20h00

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Des migrants Camerounais (orange) et Sénégalais (jaune) participent à un match de football au camp de Tarjoura en Libye, le 28 février 2018 MAHMUD TURKIA-AFP

Dans le camp de Tajoura en Libye, "Lions indomptables" et "Lions de la Teranga" croisent le fer. Le temps d'un match de football, migrants camerounais et sénégalais s’approprient le surnom des sélections de leurs pays pour faire parler leur talent.

Si cette affiche est l'une des plus palpitantes du football africain, le match de Tajoura n'a rien à voir avec l'ambiance festive et folklorique des stades du continent.

Il se joue sur un terrain sablonneux du camp, dans la banlieue de Tripoli, délimité par un muret peint en blanc, devant le bâtiment principal qui fait office de prison, avec pour seuls spectateurs deux gardiens pénitenciers.

Une douzaine de joueurs originaires du Cameroun et du Sénégal sont choisis parmi les 500 migrants qui croupissent dans la prison depuis des mois et les équipes sont vite formées. "C'est un choc de lions", lance, amusé, un des gardiens.

Il faut d'abord trouver chaussure à son pied. Quelques paires sont distribuées aux migrants les plus chanceux. Les autres foulent le terrain avec leurs seules chaussettes.

Dossards jaunes pour le Sénégal, oranges pour le Cameroun, les migrants se prêtent sérieusement au jeu. Après l'échauffement, ils saluent leurs deux spectateurs.

Après quelques minutes de courses fractionnées, de dribbles et de tacles vigoureux, les fronts commencent à perler.

- 'Beaucoup souffert' -

Essoufflé, un joueur de l'équipe sénégalaise jette l'éponge et s'assoie au pied du mur. "Je n'en peux plus. Cela fait plusieurs mois que je n'ai fait aucune activité physique. En prison, on ne bouge pas".

"En plus, nous sommes des amateurs. Les Camerounais sont des vrais joueurs qui évoluaient dans des équipes", dit-il.

Le match se poursuit sans lui et le score est sans appel: 4 à 0 pour les Lions indomptables.

Mamadou Awal, 21 ans, affiche sa fierté.

Milieu de terrain offensif comme son idole Zinédine Zidane, il a quitté le Cameroun à 17 ans pour tenter d'atteindre l'Europe en vue d'une carrière professionnelle après quelques années dans un centre de formation de son pays.

"Le destin en a décidé autrement", commente-t-il pudiquement.

En chemin vers le Vieux continent, il est arrêté en mer Méditerranée. "En Libye, j'ai beaucoup souffert: c'est ma troisième prison. A chaque fois, on (la marine libyenne) nous arrêtait durant la traversée".

La gloire européenne est aussi le rêve de son coéquipier Takouté Styve, qui a arrêté ses études "pour se consacrer au foot". "Quand je voyais (les ex-stars du football camerounais) Roger Milla, Samuel Eto'o, je voulais devenir comme eux".

- 'Non merci' -

Selon l'ONU, 700.000 à un million de migrants se trouvent actuellement en Libye, dont des dizaines de milliers sont détenus dans des conditions inhumaines.

Après deux centres de formations et des passages dans deux équipes de deuxième division camerounaise, Ukamou Lobu a quitté sa ville de Douala à 16 ans pour tenter de rejoindre l'Europe.

"J'ai essayé de partir depuis l'Algérie puis le Maroc mais je n'ai pas réussi", raconte-t-il. Il se rend donc en Libye où il est aussi arrêté plusieurs fois après avoir vu des migrants mourir en mer.

Son rêve? Aller en Angleterre et jouer à Arsenal, son équipe favorite.

A ses côtés, Seryne Diokhané, 22 ans, dit à l'inverse n'avoir "rien à voir avec le football".

"C'est juste une occasion pour moi de sortir de prison pour quelque temps. Quand ils ont demandé qui sait jouer, j'ai répondu +moi+ tout de suite".

Seryne est interrompu par un responsable du camp, Faraj al-Guilouchi, qui invite les migrants à regagner leur cellule.

"Nous leur organisons des matches chaque semaine pour essayer d'alléger leurs souffrances. La plupart souffrent de chocs psychologiques, soit parce qu'ils ont échoué dans leurs traversées ou parce qu'ils ont perdu des proches", explique M. Guilouchi.

"Allez, la prochaine fois, on essayera d'organiser un tournoi comme la Coupe d'Afrique des nations (CAN)!", lance-t-il.

"Non merci. Tous ce que nous voulons, c'est quitter cet endroit", rétorque à voix basse un migrant avant que la porte métallique de la prison ne se referme derrière lui.

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