
Sept syndicats (sur neuf) de la fonction publique mobilisés (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC) réclament notamment une hausse de leur pouvoir d’achat. Les cheminots, qui ont choisi le même jour pour défiler, défendent eux l’avenir du rail.
Concernant la SNCF, « c’est une forme d’alerte auprès du gouvernement », a prévenu Laurent Berger. Pour le numéro un de la CFDT, la discussion doit « s’engager vraiment avant que ça aille dans tous les sens ».
A Paris, le « combat commun pour l’intérêt général » entre cheminots et fonctionnaires devait se traduire par une convergence des défilés à Bastille. Les premiers partant à 13 heures de gare de l’Est, les seconds à 14 heures de Bercy.
En régions, les syndicats du secteur public avaient prévu environ 180 manifestations et rassemblements. Des cheminots grossiront les rangs.
Concertation
Pour défendre le « service public » ferroviaire, une douzaine de partis de gauche - d’EELV au NPA en passant par le PCF et La France insoumise - ont décidé de défiler aux côtés des cheminots. Mais aussi Florian Philippot (ex-FN).
Face à ce qui constitue un test social d’envergure, le gouvernement affiche sa « très grande détermination à poursuivre les transformations » de la France. « Notre préoccupation est de nous assurer que les fils du dialogue et de la concertation sont toujours là », a insisté le porte-parole Benjamin Griveaux, au sujet de la SNCF.
Quant aux fonctionnaires, des discussions sont prévues jusqu’à fin octobre, a rappelé le secrétaire d’État, Olivier Dussopt, réitérant sa volonté d’être « à l’écoute » des syndicats et l’engagement du gouvernement envers un service public « de qualité ».
C’est la deuxième fois depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron que les agents publics se mobilisent, après le 10 octobre où des centaines de milliers d’entre eux ont battu le pavé contre la suppression annoncée de 120 000 postes, le rétablissement du jour de carence et le gel des salaires.
Depuis, Edouard Philippe a dévoilé un projet de réforme qui prévoit un recours accru aux contractuels (agents non statutaires) et des plans de départs volontaires, ce qui fait craindre aux syndicats une fonction publique « morcelée » et « externalisée ».
« Les réformes envisagées par le gouvernement ne vont pas dans le bon sens », a dénoncé le secrétaire général de la CGT Fonction publique, Baptiste Talbot, évoquant une « journée test ».
Côté cheminots, la colère est vive face à la volonté du gouvernement de réformer la SNCF par ordonnances, en la transformant en société anonyme et en abandonnant le statut de cheminots à l’embauche.
« Coup de semonce »
Avant même la grève prévue à partir du 3 avril pour trois mois en pointillé, le trafic SNCF était « très perturbé » avec deux TGV sur cinq en circulation, un TER sur deux, un Transilien sur trois, un Intercité sur quatre, trois trains internationaux sur quatre.
La manifestation à Paris est « un coup de semonce » et « tout porte à croire qu’à partir du 3 avril, ce sera fort également », a averti Roger Dillenseger (Unsa). En faisant grève massivement, les cheminots veulent dénoncer « la volonté de la ministre (des Transports Elisabeth Borne) de refuser de vraies négociations et de passer en force », selon Erik Meyer (SUD).
De son côté, la grève dans la fonction publique a entraîné des perturbations dans le trafic aérien, avec 30 % des vols annulés au départ et à l’arrivée des aéroports de Roissy, Orly et Beauvais. A Nice Côte-d’Azur, 18 vols au départ et 16 à l’arrivée devaient être annulés, selon la deuxième plateforme aéroportuaire de France.
Dans les écoles, un enseignant sur quatre avait prévu de faire en grève en moyenne, d’après le SNUipp-FSU (1er syndicat), avec de fortes disparités selon les départements (20 % en Dordogne, près de 55 % en Seine-Saint-Denis). Dans le second degré, les professeurs ne sont pas tenus de se déclarer à l’avance.
Parmi les autres secteurs touchés figurent les crèches, l’examen du permis de conduire, les bibliothèques ou la collecte des ordures, à Paris.