
Appels, textos, mails : le téléphone de Bertrand Brial a frôlé la surchauffe hier matin. Son propriétaire aussi. « Je suis complètement retourné », confiait-il, le petit-déjeuner à peine digéré. « Quand j'ai vu le mail de convocation, à mon réveil, je n'y croyais pas ! »
Il l'attendait, pourtant, ce mail. « La nuit dernière, j'ai bien dormi, mais pas les précédentes... Depuis mercredi, je me réveillais deux ou trois fois par nuit, je regardais si je n'avais pas un message... On ne nous avait pas dit à quelle date précise tomberait la liste des sélectionnés. »
Pour l'ancien latéral gauche, dont l'aventure avec l’arbitrage a débuté « pour aider » son ancien club, Poissy, en région parisienne, « et financer » ses études supérieures en Métropole, devenir acteur d'une Coupe du monde « c'est un rêve ».
Stage en Italie
Quand il a officié pour la première fois en Super Ligue calédonienne, « un match à Thio en 2013 », Bertrand ne « pensait pas du tout » au niveau international. « Depuis deux ou trois ans », c’est différent. Il raconte y songer « tous les jours ». « Et pas seulement en me rasant le matin », rigole-t-il. « Depuis que » le Tahitien « Norbert Hauata m'a pris dans son trio, je savais qu'il y avait une chance » d'aller en Russie, treize mois après une première expérience en Corée du Sud à la Coupe du monde des moins de 20 ans.
En Asie, Bertrand avait cavalé sur la ligne de touche une fois, lors d’un France - Vietnam remporté 4-0 par les Bleuets.
Pour valider définitivement sa présence dans trois mois en Europe de l’Est, le professeur de technologie au collège de Boulari doit encore assurer lors d’un « stage au centre d’entraînement national italien », fin avril. « Des tests physiques à passer et des séances théoriques.»
Gros entraînement
En attendant, le père d’une fille et d’un garçon de 4 ans va continuer les entraînements.
« Trois séances par semaine de physique à haute intensité et deux footings de récupération. »
Histoire d’être en forme... même si Bertrand Brial s’attend à jouer un simple rôle de joker en Russie. « Il y a très peu de chances que j’arbitre, assure-t-il. A mon avis, Norbert sera quatrième arbitre et moi réserviste en juge de ligne. » Une belle surprise n’est toutefois pas à exclure. Et si jamais il venait à rester à l’écart des pelouses russes, il se consolera en se disant qu’avec ce voyage il gagne encore un peu plus en expérience, en plus d’une somme plutôt confortable. « Ah, ça, je ne sais pas... »
Il pourra se dire, aussi, qu’il marque l’histoire du football calédonien en étant le premier arbitre appelé pour une Coupe du monde A, après avoir été le premier pour un Mondial U20. « Si ça donne à ne serait-ce qu’un jeune l’envie d’arbitrer, ce sera gagné », conclut-t-il, collectif.
Pour autant, pas le temps de savourer : Bertrand part dans une semaine en Nouvelle-Zélande pour signaler les fautes et les hors-jeu lors du quart de finale continental entre Auckland et les Salamon Warriors.