Ils ont gardé un poisson de leur périple qu’ils feront griller un jour, une fois les émotions passées. Il faut dire qu’Ophélie, Vivian et Christopher ont vécu un coup de pêche pas tout à fait ordinaire. Samedi, ces trois amis partent naviguer avec leur bateau à moteur. Une embarcation de 4,90 mètres qui « tient bien la mer », souligne Ophélie, 25 ans. Le programme, pêche la journée et bivouac pour la nuit sur l'îlot Goldfield (M’boa). Après quelques tentatives de pêche à la traîne à l’extérieur du lagon, Vivian et Christopher décident de sortir leurs fusils sous-marins. « Nous étions à un kilomètre de la passe d’Uitoé. À l’intérieur du récif », se rappelle Ophélie, restée sur le bateau.
« La pointe flottait encore »
Mais, pour une raison que l’on ignore encore, « de l’eau est rentrée dans le bateau. Puis il y a eu une première vague, assez grosse. Et une deuxième, juste après », témoigne la jeune femme, responsable d’un magasin. La masse d’eau est si importante que « le bateau a coulé par l’arrière », en l’espace de quelques secondes. « Mais la pointe flottait encore », ajoute-t-elle. Les trois jeunes gens se retrouvent naufragés.
« Perdu en mer, l’instinct de survie prend le dessus », analyse, à tête reposée, Ophélie. Le petit groupe va heureusement adopter les gestes qui sauvent. L’un des garçons récupère dans le bateau le téléphone étanche d’Ophélie, la glacière et les gilets de sauvetage.
Pendant que les malheureux s’accrochent à la pointe du bateau - « on avait peur de dériver et de sortir de la passe, le pire » -, le MRCC mobilise tous les moyens pour les secourir.
Ophélie, Vivian et Christopher s’entraident, échangent, et croient en leur bonne étoile. « On pense à la famille, aux amis et aux requins aussi, ironise la Calédonienne. Il ne fallait pas céder à la panique. J’ai fait un travail sur moi-même car je fais souvent des crises d’angoisse. On n’avait pas d’autres choix que d’être calme pour s’en sortir ».
Bateau remorqué
Une heure plus tard, les naufragés sont repérés par l’hélicoptère de la gendarmerie. C’est finalement l’Aboré, le bateau de la protection du lagon, qui vient à leur rescousse. Ophélie, Vivian et Christopher sont alors en état de choc. Mais sains et saufs et récupérés par leurs amis à Timbia. « On se dit toujours que ça arrive aux autres. Cette fois, c’était à notre tour et ça nous permet de comprendre que la mer est complètement imprévisible », philosophe Ophélie.
Hier matin, ils ont remorqué le bateau, une opération délicate mais obligatoire. « Est-ce que je retournerai en mer ? Oui, je pense. Mais pas avec ce bateau-là ! », s’amuse Ophélie sous les rires de Vivian et Christopher.