
Les aides sociales doivent donner aux Français « les moyens de leur émancipation » et il n’est « pas question de faire des économies sur les plus vulnérables », a affirmé hier la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn. « Personne ne m’a demandé de trouver 7 milliards d’euros », a-t-elle affirmé sur RTL, démentant les informations du Canard Enchaîné sur un objectif de réduction des dépenses sociales assigné par l’Elysée et Matignon.
Simplifier le système
« La stratégie du gouvernement, c’est de s’intéresser aux personnes, pas au budget, a assuré la ministre. Nous avons affaire à des chômeurs en fin de droits, à des jeunes qui n’ont jamais trouvé un emploi et n’ont pas été formés », ou encore à des mères célibataires qui « se lèvent à 4 heures du matin pour faire des ménages dans les entreprises », a-t-elle souligné.
« Je pense d’abord aux personnes, je veux faire en sorte qu’elles s’en sortent et ce sera mon seul objectif, de trouver les moyens de leur émancipation […] pour éviter ce déterminisme social spécifique à la France », a-t-elle ajouté.
Interrogée sur les propos du ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, qui avait estimé la semaine dernière qu’il y avait « trop » d’aides sociales, Mme Buzyn a estimé « normal que le ministre du Budget parle avec un prisme économique ».
« Si l’objectif est de faire des économies sur la fraude, je suivrai et je serai implacable », a-t-elle indiqué. Plus largement, « la question qui se pose est comment on simplifie le système », a-t-elle expliqué, qualifiant la situation actuelle de « maquis » à la fois « injuste et illisible ». « Nous recherchons ce qui fonctionne, nous arrêtons de financer ce qui ne fonctionne pas » et « la totalité des prestations » sera passée au crible de « l’exigence d’efficacité », a-t-elle indiqué.
Femmes seules
Parmi les mesures envisagées : la création d’une aide financière à la garde d’enfant pour permettre aux femmes les plus modestes de « retrouver un emploi », a annoncé la ministre. Le plan pauvreté, que le gouvernement doit présenter en juillet, comprendra « des aides très concrètes pour que les gens puissent reprendre un travail », par exemple un « tiers payant pour les femmes qui cherchent à faire garder leurs enfants ». Cette nouvelle aide sociale serait destinée à celles « qui n’ont pas les moyens de débourser un mois de garde d’enfant et qui de fait renoncent à travailler », a précisé la ministre. « Ce tiers payant permettrait d’avancer le premier ou le deuxième mois de cette garde d’enfant et permettrait à ces femmes de retrouver un emploi. Nous avons écouté des personnes […] notamment des femmes seules qui disent “je voudrais travailler, il faut que je débourse 600 euros pour une assistante maternelle le premier mois, et même si je gagne le Smic je n’ai pas ces 600 euros à mettre sur la table pendant un mois ou deux », a-t-elle expliqué.