«On se souviendra d’un grand chef simple, qui vivait simplement et qui a géré sa chefferie et “ses frères?? avec amour. La relation affective du “grand frère?? est très importante chez nous », a souligné Ora Lakoredine, acania de la chefferie de Tadine (porte-parole).
Depuis le décès du grand chef survenu vendredi en début d’après-midi, tous les résidents de l’île se sont déplacés pour apporter leur participation et pour témoigner de leur soutien à la famille du défunt. Ce sont les acania de la chefferie qui ont eu la charge d’annoncer la nouvelle auprès des autres chefferies pour permettre à tous, par le jeu des alliances et des relations entre clans, d’honorer le grand chef avant les obsèques programmées aujourd’hui à 9 heures.
Obsèques aujourd’hui
De confession catholique, le grand chef était marié à une femme protestante. La cérémonie pourrait donc être œcuménique [un point en discussion au moment où nous écrivions ces lignes] et aura été précédée d’une veillée toute la nuit jusqu’à ce matin.
« C’est l’oncle utérin qui peut mettre le corps dans le cercueil et le fermer. Lui seul. C’est lui qui touche en dernier le corps du défunt. Il a donné le souffle de vie et accompagne donc dans la mort. Le corps lui revient. Il aura été présent dans toutes les cérémonies qui ont concerné le grand chef », a expliqué Ora Lakoredine.
Ce travail coutumier consistant à apporter des dons, d’ignames en particulier, est un geste de remerciement et de reconnaissance à l’oncle utérin qui a « donné un homme et toute une vie à la chefferie », a précisé encore le porte-parole. « Quel que soit son rang social, c’est l’homme en tant qu’oncle utérin, qui est important. » Le sang du défunt est symboliquement redonné à l’oncle maternel.
Passer le relais
Décédé à 71 ans, des suites d’une longue maladie, Yeiwene Jean Yeiwene, appelé Yéyé, n’aura pas eu le temps de « passer le relais » à son fils César. Dans ces circonstances, ce sont les autorités coutumières qui assumeront ce rôle et confieront les rênes de la chefferie au fils du défunt, nue hnapane [donner la fonction, en langue].
La cérémonie d’installation ou intronisation du nouveau grand chef, appelée aseri doku [mettre debout], commence à faire l’objet de discussions entre les clans de la chefferie. « Il est le poteau central qui garantit la cohésion du groupe », a rappelé Ora Lakoredine.