Les Nouvelles Calédoniennes
Published on Les Nouvelles Calédoniennes (https://www.lnc.nc)

Accueil > Monde > Le scandale des bébés volés enfin sur les bancs de la justice > Le scandale des bébés volés enfin sur les bancs de la justice

Le scandale des bébés volés enfin sur les bancs de la justice
Adrien VICENTE/AFP | Crée le 27.06.2018 à 05h39 | Mis à jour le 27.06.2018 à 05h43

Espagne.jpg

Ces dernières années (ici en 2012), plusieurs manifestations de parents ou d\'enfants ont dénoncé la lenteur de la justice espagnole dans le scandale des bébés volés.Photo AFP
Ces dernières années (ici en 2012), plusieurs manifestations de parents ou d\'enfants ont dénoncé la lenteur de la justice espagnole dans le scandale des bébés volés.Photo AFP
Espagne. Le premier procès des « bébés volés » s’est ouvert hier. Sous le régime de Franco, des nouveau-nés ont été soustraits à leur mère pour être confiés à des familles d’adoption.Ils seraient des milliers.

C’est un procès historique qui devait débuter hier à Madrid. A 85 ans, Eduardo Vela, obstétricien à la clinique San Ramon, est poursuivi pour simulation d'enfant, adoption illégale et faux en écriture. Ce médecin est le premier à devoir s’asseoir sur le banc des accusés, grâce au témoignage de la mère d’Inès Madrigal, Inès Pérez, décédée depuis.

En juin 1969, une décennie avant la mort de Franco, le médecin a « offert » une enfant à Inés Pérez. Celle-ci, qui ne pouvait pas avoir d’enfant, a raconté que le docteur Vela lui avait proposé un bébé. Il lui avait demandé de simuler une grossesse puis l’avait déclarée comme la mère biologique du nouveau-né.

 

« Tu en auras d’autres »

Des cas comme celui-ci pourraient se compter par centaines de milliers, selon les associations militant depuis 2010 pour que la lumière soit faite sur ce trafic qui a commencé sous la dictature de Francisco Franco (1939-1975), souvent avec la complicité de l’Eglise catholique. Les enfants étaient retirés à leurs parents après l’accouchement, déclarés morts sans que l’on en leur fournisse la preuve et adoptés par des couples stériles, de préférence proches du régime « national-catholique ».

Comme Cristina Moracha, à qui le personnel d’une maternité de Madrid a dit, quelques jours après qu’elle avait accouché en mai 1984, que son bébé était mort, sans lui en montrer le corps ni la sépulture. « On m’a dit d’arrêter de pleurer, que j’avais déjà une fille de 15 mois qui avait besoin de moi, que j’étais jeune et que j’aurais d’autres enfants », raconte-t-elle. « Tu devrais être contente que Dieu ait choisi ton bébé pour l’emporter », lui a même dit une religieuse.

Après la guerre civile (1936-1939), l’objectif était de punir les opposantes accusées de transmettre le « gène rouge » du marxisme, affirme Soledad Luque, présidente de l’association « Tous les enfants volés sont aussi mes enfants ».

Puis ce sont les enfants nés hors mariage, ou issus de familles pauvres ou très nombreuses, qui ont été davantage visés à partir des années 1950. Le trafic a perduré en démocratie, au moins jusqu’en 1987, pour des motifs « presque purement économiques », poursuit-elle.

 

Jurisprudence

Inès Madrigal est la première qui pourrait obtenir justice, sur des centaines de milliers d'enfants qui auraient été subtilisés, selon les associations de victimes.

Jusqu'alors, aucune des 2 000 plaintes portées pour des cas similaires n'a abouti, les tribunaux jugeant les preuves insuffisantes ou les faits étant prescrits.

La tenue de ce procès pionnier pousse Inès Madrigal à continuer, avec l’espoir que la décision fasse jurisprudence, pour « que ça ne me serve pas qu’à moi mais à tant d’autres qui attendent ». Mais après tant d’années, les protagonistes disparaissent, comme la religieuse Maria Gomez Valbuena, souvent dépeinte comme la tête du trafic, et morte avant d’être jugée.

Eduardo Vela, « il lui suffirait d’invoquer son droit à garder le silence, et ce serait fini », lâche, dépitée, Cristina Moracha. Interviewé par la BBC en 2011, le médecin avait déclaré en brandissant un crucifix : « J’ai toujours agi en son nom. Toujours pour le bien de l’enfant et pour protéger les mères ».

P

 

Le gouvernement espagnol veut le transfert « immédiat » de la dépouille du dictateur Francisco Franco de son mausolée près de Madrid, pour en faire un lieu de « réconciliation », a affirmé dimanche le nouveau chef du gouvernement, Pedro Sanchez, dans un entretien à El Pais.

« Je crois qu’une démocratie mature comme la nôtre, européenne, ne peut avoir de symboles qui divisent les Espagnols », a déclaré le chef socialiste de l’exécutif.

« Ce gouvernement se conformera au mandat de la Chambre des députés de 2017 de transformer la Vallée de los Caidos en un lieu de réconciliation », assure-t-il, en référence à la résolution adoptée par une large majorité de députés.

Vainqueur d’une sanglante guerre civile (1936-1939), Francisco Franco a été chef de l’Etat espagnol de 1939 à 1975. La « Valle de los Caidos » est un complexe monumental commémorant la guerre civile qu’il avait imaginé et fait construire, à 50 kilomètres à l’est de Madrid.

Il y est inhumé près de l’autel de la basilique surmontée d’une croix de pierre de 150 mètres de haut. Au nom d’une prétendue « réconciliation » nationale, Franco y avait transféré les restes de 33 000 victimes - nationalistes et républicaines - de la guerre civile. Généralement sans même en avertir les familles et alors qu’entre 1941 et 1959, ce complexe fut en partie construit par des prisonniers républicains, contraints au travail forcé et parfois morts sur le chantier.

En avril, des experts avaient inspecté ce mausolée controversé pour préparer les exhumations de deux victimes de la guerre d’Espagne enterrées près de lui, les premières sur ordre de la justice.

 

L

 

Repères

Les petits disparus de RDA

Le 5 avril, une association

a demandé au Parlement allemand la création officielle d’une cellule de recherche. Entre 300 et 7 000 enfants nés en RDA (ex-Allemagne de l'Est) ont été déclarés morts à l'hôpital sans que leurs parents n'aient pu voir leur corps. Ils auraient en fait été confiés à d'autres familles. Souvent, derrière ces destins brisés, des parents victimes de représailles politiques.

 

Trafic au Chili

En février, un juge d'instruction chilien a ouvert une enquête sur près de 500 enfants vendus surtout sous la dictature de Pinochet pour être adoptés à l'étranger. Ce trafic touchait principalement des femmes de milieux modestes, repérées par des assistantes

sociales. Dans de nombreux cas, on disait à ces mères que leur enfant était mort pendant l'accouchement pour dissimuler les faits.

 

Le cas argentin

En Argentine, depuis 1977, les grands-mères de la Place de Mai cherchent à retrouver leurs petits-enfants. On estime à cinq cents, les enfants en bas âge qui, à l’époque de la dictature militaire (1976-1983), ont été enlevés à leurs parents, essentiellement des opposants.

 

MERCI DE VOUS IDENTIFIER
X

Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

J'AI DÉJA UN COMPTE
Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
Mot de passe oublié ? [1]
JE N'AI PAS DE COMPTE
  • Vous n'avez pas encore de compte ?
  • Créer un nouveau compte [2]

Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement [3].

Source URL:https://www.lnc.nc/article/monde/le-scandale-des-bebes-voles-enfin-sur-les-bancs-de-la-justice asdasdasdad

Links
[1] https://www.lnc.nc/user/password [2] https://www.lnc.nc/user/register [3] https://www.lnc.nc/formulaire/contact?destinataire=abonnements