La présence d'un minéralier en baie de Saint-Vincent et les allers-retours de la pilotine n'ont pas vraiment l'air de gêner le cétacé. Hier après-midi, ce cachalot d'une longueur évaluée à une dizaine de mètres se trouvait à quelques encablures du navire.
C'est sans doute le même individu qui aurait été vu une première fois au cours du week-end des 14 et 15 juillet dans le même secteur. « Lors de cette observation, le cachalot semblait beaucoup plus affaibli qu'aujourd'hui [hier, NDLR], on ne le voyait pas plonger », raconte Olivier Dondrille, chef pilote chez Hélisud.
Des stries sur le flanc
Une impression renforcée par le témoignage d'un second pilote de la société, Benoît Fogliani, qui l'a vu deux jours plus tard : « On distinguait nettement trois stries sur le flanc du cachalot, qui faisaient penser à des blessures provoquées par une hélice de bateau. » Ces traces étaient toujours visibles, hier. Mais il semble bien difficile de reconstituer le scénario (sans doute toujours en cours d'écriture) qui a projeté ce grand cétacé en baie de Saint-Vincent, il n'y a donc que des hypothèses à formuler…
Celle des stries causées par une hélice apparaît fort probable. Quant aux traces blanchâtres relevées sur le devant de l'animal, elles pourraient faire suite à des morsures de requin. « Cette matière blanchâtre ressemble à la graisse qui est disposée sous la peau du cachalot », explique Philippe Tirard, auteur de l'ouvrage Requins du Caillou.
Les blessures du cachalot peuvent ainsi permettre de reconstituer son histoire, même si on ne peut que formuler des hypothèses.
Reste à savoir pourquoi l'animal reste en baie de Saint-Vincent, là où la profondeur maximum est d'une dizaine de mètres. A un endroit où il est impossible pour le cétacé de plonger. Lieu de convalescence pour mieux repartir ? L'avenir le dira.
La vidéo du cachalot et les explications de Philippe Tirard, auteur de l'ouvrage Requins du Caillou :
Lorsque ces géants des mers viennent un peu trop près des côtes et qu'ils y restent, ce n'est généralement pas bon signe. En octobre 2012, un cachalot s'était échoué entre deux eaux en baie de Porwy, à Poya. En 2010 deux cachalots s’étaient échoués sur la côte Ouest, un peu plus au sud de Poya, à hauteur du cap Goulvain. Plus loin de nous, en janvier 2002, une baleine bleue s'était retrouvée piégée en baie de Prony. Elle y était restée un mois avant de succomber aux attaques de requins. Son crâne avait été récupéré et il est depuis exposé au Musée maritime.