Contraint de se muer en aventurier. Nicolas, 23 ans, s’est fait une sacrée frayeur. Dimanche, ce jeune, en stage à l’institut agronomique néo-calédonien depuis avril, décide de longer à marée basse les côtes du Cap Roussin, au nord-est de Maré, à « la découverte des paysages ». Une randonnée qui se révélera pleine de surprises.
« Je tournais en rond »
Au fil de la journée, ce Strasbourgeois, chaussures de rando aux pieds, perd son chemin, « j’ai cherché un sentier pour rentrer mais je n’ai pas trouvé ». Les heures s’écoulent, Nicolas avale des kilomètres de marche, « je tournais en rond », et la nuit tombe peu à peu. « Je voulais avant tout du réseau pour prévenir une amie que j’étais bien en vie », raconte-t-il. Il est 22 heures, Nicolas comprend qu’il va dormir dans la forêt. Il ne lui reste plus d’eau. Les heures qui suivent s’avèrent être un cauchemar. « Je suis réveillé toutes les dix minutes » frigorifié par la pluie. « J’ai confectionné une sorte de récipient avec du plastique pour récupérer l’eau de pluie ».
A l‘aube, l’homme se met en quête de réseau téléphonique. Ce qu’il réussit assez vite. « À 11 heures, l’hélicoptère de la gendarmerie m’a survolé plusieurs fois. Les gendarmes m’ont indiqué qu’il fallait faire un feu pour qu’ils me repèrent », se souvient-il. Sans briquet, ni allumette, l’aventurier tente de démarrer un feu en perçant… la batterie de son portable. « Tout était humide, cela ne prenait pas. J’ai aussi essayé de frotter des cailloux, cela ne marchait pas ». Épuisé, les mains et les jambes entaillées par les roches, le garçon se décourage, « j’entendais des cris, je hurlais en retour, mais les voix s’éloignaient ». La journée est perdue. Nicolas est désespérément perdu. Il se prépare à passer une seconde nuit en forêt.
« Question de survie »
« Le temps paraît long quand on est seul au monde ». Après 48 heures, la faim et la soif assaillent le Strasbourgeois. « J’ai bu mon urine. C’était une question de survie », confie-t-il. Pour « remplir mon ventre », Nicolas se nourrit de fougères. « Il fallait que je sache quelles plantes étaient comestibles. J’ai broyé une feuille de fougères que j’ai étalée sur une plaie pour voir quelle était la réaction sur ma peau, une technique pour savoir si c’était toxique ou pas ». L’explorateur ne s’arrête pas de « marcher durant des heures » le mardi, « à hurler et à agiter mon sac dès que l’hélicoptère me survolait » jusqu’à entendre des cris à quelques dizaines de mètres de lui. Une hallucination ? « C’était la délivrance quand j’ai vu deux hommes. Ils avaient vu la batterie par terre quelques mètres plus loin, ils ont compris que quelque chose clochait ». Nicolas est alors extrêmement diminué. « J’ai passé ma troisième nuit dans la forêt ». Au petit matin, mercredi, le groupe reprend la route. À 8 heures, Nicolas est définitivement sauvé. Il est accueilli en héros à la tribu. « Ça restera le moment le plus marquant de ma vie ».