« Le Charles-de-Gaulle aura besoin d’un successeur […] C’est pourquoi je suis fière de lancer officiellement le programme de renouvellement de notre porte-avions », a déclaré Florence Parly mardi devant la presse. Le montant du projet sera de 40 millions d’euros. « Cette étape numéro un, lancée aujourd’hui, c’est la phase d’étude », a-t-elle précisé. Il s’agit de déterminer « ce que nous voulons et comment nous le voulons ». Mme Parly a également annoncé la commande de pétroliers ravitailleurs de la marine nationale (FLOTLOG).
Fin de vie en 2040
La France appartient au club très fermé des pays disposant de porte-avions, ce qui lui garantit une autonomie stratégique sur les mers et la dote d’un outil de puissance militaire et diplomatique. Mais le Charles-de-Gaulle, qui a été engagé sur plusieurs théâtres d’opérations, de l’Afghanistan à la Libye en passant par les frappes contre le groupe Etat islamique, a vocation à terminer sa vie active autour de 2040.
Le navire-amiral de la marine française subit depuis début 2017 à Toulon une vaste rénovation, longue de 18 mois, qui doit lui donner une seconde vie pour les vingt prochaines années.
La phase d’étude, qui s’achèvera en 2020, doit permettre d’établir l’architecture du futur porte-avions et de poser les bases de l’organisation industrielle nécessaire pour le bâtir dans les délais et les coûts, a souligné Florence Parly.
Cette phase servira à examiner les menaces que le futur navire devra affronter et les missions qu’il devra accomplir, mais aussi son dimensionnement et notamment sa capacité d’accueillir l’avion de combat du futur, le Scaf, lancé en coopération avec l’Allemagne en 2017. La période permettra aussi d’étudier le mode de propulsion, nucléaire ou classique, les innovations et les nouvelles technologies qu’il accueillera, notamment les catapultes électromagnétiques, déjà utilisées par la marine américaine.
Le Charles-de-Gaulle, à propulsion nucléaire, est doté de catapultes à vapeur pour les avions au décollage.
Deux bâtiments
Le nouveau porte-avions devrait rester en service jusqu’en 2080. Selon le mode de propulsion choisi, il pourrait commencer à être utilisé avant le retrait du Charles-de-Gaulle. Un navire à propulsion conventionnelle pourrait être prêt trois ans avant un bâtiment à propulsion nucléaire, fait-on valoir à l’Hôtel de Brienne. Et si cette dernière option est plus chère d’environ 15 à 20 %, elle permet d’avoir un navire en permanence à la mer en dehors des grandes rénovations, tous les dix ans.
Car l’immobilisation depuis 2017 du Charles-de-Gaulle a relancé le débat sur l’opportunité pour la France de disposer d’un second porte-avions.
Le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Christophe Prazuck, défend cette « ambition » de disposer de deux bâtiments, pour assurer une permanence en mer. Il fait notamment valoir qu’avant 1997, la France disposait du Foch et du Clemenceau.