Boeing n’a pas fini de souffrir des déboires de son 737 MAX : l’avionneur américain a annoncé mercredi une perte nette trimestrielle de près de 3 milliards de dollars, la plus grosse en plus d’un siècle d’existence. Le groupe de Chicago pourrait également cesser « temporairement » de produire le MAX en cas d’immobilisation prolongée au sol, a déclaré lors d’une conférence téléphonique son PDG, Dennis Muilenburg.
« Il y a une incertitude autour du calendrier de retour en service […] et même si c’est quelque chose que nous ne voulons pas faire […] nous devons nous préparer à cette hypothèse », a justifié le dirigeant.
Le MAX, cloué au sol depuis plus de quatre mois après deux accidents ayant fait 346 morts, est produit à Renton (nord-ouest) sur un site employant 12 000 personnes à temps plein, suivant une organisation du travail en trois-huit.
Cet accident industriel a précipité dans le rouge les comptes au deuxième trimestre, en raison d’une charge colossale de 5,6 milliards destinée à indemniser les compagnies aériennes. Southwest, American Airlines et United Airlines, les trois principales compagnies aériennes disposant du MAX dans leur flotte, ont annulé leurs vols sur cet avion jusqu’à début novembre.
La perte annoncée n’est pas une véritable surprise car le groupe de Chicago avait prévenu la semaine dernière qu’il allait inscrire cette charge exceptionnelle. Elle ne comprend, en revanche, ni les possibles indemnisations des familles des victimes, qui ont déjà porté plainte, ni les possibles amendes des autorités américaines, qui enquêtent sur le développement du 737 MAX. Boeing a aussi affirmé tester actuellement le correctif du système anti-décrochage MCAS du MAX, mis en cause dans les deux accidents d’Ethiopian Airlines et de Lion Air, et qu’il le soumettra « une fois remplies toutes les exigences en matière de certification de la FAA (agence fédérale de l’aviation américaine) ».
Pour autant, les principaux régulateurs aériens à travers le globe ont fait savoir qu’ils allaient examiner eux-mêmes les modifications apportées par Boeing et ne se fieront pas à la seule évaluation des autorités américaines.
Les agences de notation Moody’s et Fitch ont, elles, déjà prévenu qu’elles pourraient abaisser la note de solvabilité du groupe si l’interdiction de vol s’étalait jusqu’en 2020.
Autre coup dur : Boeing a dû repousser à début 2020 le premier vol d’essai de son long courrier 777X, en raison de problèmes survenus lors des tests du nouveau moteur GE9X de General Electric. Les premières livraisons risquent de ne pas intervenir avant 2021, au lieu de 2020 comme l’espérait l’avionneur.