
Pour répondre au sentiment d’impuissance à peine voilé du tribunal correctionnel de Nouméa, le procureur de la République a formulé un vœu. Celui « de sortir de la société » Brandon et Ismaël Taramoin en les incarcérant pour « éviter qu’ils ne bousillent la vie des gens ». Le ministère public a été entendu. Jugés hier pour évasion en semi-liberté et une série de vols durant la semaine dernière, ces deux frères de Canala ont écopé de trois ans de prison pour le premier et de deux ans et demi pour le second. Retour au Camp-Est pour ces hommes qui ont passé une grande partie de leur jeunesse derrière les barreaux.
Le 30 juillet dernier, Brandon Taramoin, 20 ans à peine et déjà 25 mentions sur son casier judiciaire, bénéficie d’une permission en semi-liberté. Il retrouve son frère à Nouméa, descendu de Canala pour « lui apporter des papiers » pour sa réinsertion. Ils boivent un coup ensemble. L’alcool, la tentation tout autant que l’adrénaline poussent Brandon et Ismaël Taramoin à replonger. Ce dernier venait pourtant d’être libéré de prison depuis deux semaines après des années d’enfermement. En quelques jours, et alors même que Brandon Taramoin est déclaré évadé puisqu’il n’a pas réintégré le centre de Nouville, ils dérobent des voitures et une moto. « Vous avez bien profité de votre temps libre… », souffle, dans un mélange d’exaspération et de découragement, la présidente, Évelyne Camerlynck.
Démunie, la magistrate continue : « je ne sais plus quoi faire de vous. Il y a eu des TIG, du sursis, du sursis mise à l’épreuve, de longues peines fermes… Brandon, vous vous évadez, vous commettez des vols. On finit par être désespéré avec un parcours comme le vôtre ». Le procureur de la République, Xavier Goux-Thiercelin, considère que les agissements de ces deux frères cambrioleurs « détruisent le tissu économique » et qu’ils pratiquent « la politique de la terre brûlée » dans « une dynamique de jeu ». « Leur participation à la construction du pays, c’est zéro », affirme-t-il. La plaidoirie de Me Ophélie Despujols, qui a jugé les réquisitions « particulièrement lourdes », n’y changera rien. Le tribunal renvoie Brandon et Ismaël Taramoin en détention.
Hier, certaines des personnes qui ont subi des vols se sont constituées partie civile afin d’être reconnues en qualité de victime. Cela leur ouvre aussi le droit de réclamer des dommages et intérêts à l’auteur de l’infraction. La victime peut le faire le jour du procès ou demander un renvoi sur intérêts civils. Les victimes doivent énoncer clairement au tribunal le montant demandé et présenter des pièces justificatives. Dans le cadre, par exemple, d’une comparution immédiate, une procédure rapide qui ne permet pas toujours aux victimes d’évaluer le préjudice subi, le code de procédure pénale permet de demander un renvoi à une audience ultérieure consacrée uniquement aux intérêts civils. Concernant la « réparation » et si l’auteur de l’infraction est insolvable, il existe deux fonds de garantie : la commission d’indemnisation des victimes d’infractions (Civi) et le service d'aide au recouvrement des victimes d'infraction (Sarvi).