
Il porte l’uniforme de la gendarmerie depuis bientôt dix ans et une telle scène de violence, il n’en avait « jamais vu. Jamais, je n’ai fait face à une scène de ce type-là. C’était une pluie, un déluge de cailloux. On ne voit pas tous les jours ce genre de choses ». Une fois de plus, la gendarmerie a été violemment prise à partie et deux de ses membres ont été sérieusement blessés. La scène se déroule vendredi après-midi sur le parking du lycée Jean-XXIII, à Païta. Une bagarre a éclaté un peu plus tôt et une patrouille est requise pour rétablir l’ordre. Les gendarmes arrivent à hauteur de l’établissement, posent pied à terre et reçoivent aussitôt des pierres, des bouteilles et des morceaux de coaltar.
Un caillassage d’une violence rare qui oblige les militaires à se replier. L’un d’eux est contraint d’utiliser son lanceur de balles de défense (LBD) sous les jets nourris de projectiles lancés par une quinzaine de jeunes. Cinq d’entre eux ont été traduits devant la justice, hier, en comparution immédiate. Ils ont entre 19 et 23 ans, ne sont pas connus de la justice et sont des copains de quartier des Scheffleras. L’un passe son « bac pro » dans un mois. Un autre entre à l’armée d’ici la fin de l’année. Un troisième vient de terminer un emploi à la SLN. Un autre est en recherche active d’emploi. Pourtant visiblement insérés dans la société ou en passe de l’être, ils ont affronté les gendarmes « avec un déferlement de violences inouï », observe la présidente Lise Prenel. Deux gendarmes ont été touchés à la tête. « J’ai été touché par une bouteille », raconte l’un d’eux à la barre. Il paraît aller mieux mais il a « perdu connaissance » entre Païta et le Médipôle où il a été hospitalisé, souffrant d’un traumatisme crânien et d’une plaie au cuir chevelu.
Avec le recul, ces gendarmes ont compris qu’ils sont passés près d’un drame. Les cailloux ont fait exploser en éclats le pare-brise et les vitres du véhicule. Une pierre de presque un kilo et demi a été retrouvée sur la banquette arrière. L’avocate des gendarmes Me Nathalie Lepape souligne la « détermination » et « la volonté d’en découdre » des prévenus qui « se sont acharnés ». Le procureur Philippe Pommereul est sur la même longueur d’onde, les agresseurs ont « la haine du gendarme ». « Une action collective violente » parce qu’ils « en veulent à l’uniforme ».
Après une heure de procès, il est en revanche difficile d’expliquer les motifs de l’agression. « On s’est retrouvé vers sept heures du matin, on était content, c’était le vendredi des vacances. On a bu, bu, bu sans lâcher. Pastis, bières, whisky, rhum… Vers 13 heures, il y a eu une bagarre. J’ai caillassé direct quand ils sont arrivés, c’était nos problèmes, ils n’avaient pas à intervenir », explique l’un des prévenus. « J’ai suivi le groupe », se défend son ami. Un autre compère assure avoir voulu « effrayer les gendarmes », « pas leur faire du mal ». Un « dossier non pas de lâcheté mais de bêtises sur fond d’alcool », résume Me Julien Marty, l’un des avocats de la défense. Une demi-heure de délibéré suffit au tribunal correctionnel pour prendre sa décision. Les cinq agresseurs sont condamnés à des peines allant d’un an de prison avec sursis et l’obligation d’effectuer 180 heures de travail d’intérêt général à un an de prison ferme. Trois des agresseurs ont été incarcérés immédiatement après le procès.