
Lorenza, Dominique et leurs deux enfants, Destinée et Fetuao, sont les premiers à avoir intégré le centre d'accueil ouvert par la ville de Nouméa mercredi, à partir de 10 heures, à la salle omnisports Anewy. La famille, arrivée d'Ouvéa en novembre pour l'accouchement de Lorenza, avait décidé de rester jusqu'à la rentrée le temps de faire des courses avant de retourner sur leur île. Depuis, ils vivent dans une cabane qu'on leur a prêtée à Nouville et qu'ils aménagent petit à petit. " On a essayé de la retaper hier (mardi, NDLR), mais il y avait trop d'eau, c'était inondé. C'est notre voisine qui nous a prévenus que l'on passait en alerte 1. "

Vu la situation, le couple n'a pas hésité à tout laisser sur place pour venir se réfugier au centre. " Pour les deux bébés, c'est mieux d'être ici. On a juste pris l'essentiel, carte d'identité, carte bleue et un peu de linge. J'espère que le cyclone ne va pas emporter la cabane à la mer. En plus, on venait juste d'installer un fauteuil tout neuf ", glisse Lorenza, résignée.

Pamela et Evelyne ont quitté le squat de Montravel en catastrophe. " Il pleut trop là-bas. On est parti vite avec le petit neveu et les parents ne sont pas là, mais ils ont dit qu'ils nous rejoindraient. "
Venues à pied, elles regrettent que l'information concernant le centre d'accueil n'ait pas été donnée plus tôt. " Je pense que ça aurait dû ouvrir avant. On n'a rien pu pendre avec nous, tout est resté là-bas, déplore Pamela, inquiète. Je pense qu'on va rester éveillées et qu'on ne va pas dormir cette nuit. On a peur de l'état dans lequel on va retrouver la cabane quand on va rentrer demain. "

Une grosse rafale de vent provoque un bruit de tôle saisissant. Malgré la solidité de l'imposante structure, cela produit un drôle d'effet. " C'est impressionnant, estime Pamela, même si on sait qu'on est en sécurité. "
Outre les habitants des squats alentour, plusieurs personnes viennent de Macadam qui, fermé, a dirigé les accueillis vers le centre. C'est le cas de Rudy. Si certains de ses copains ont décidé de rester dans la rue, lui a préféré se mettre à l'abri. " C'est bien d'avoir ça. " Yan vit dans son fourgon depuis quatre ans. " Cette nuit (de mardi à mercredi, NDLR), je me suis fait mouiller, je n'ai quasiment pas dormi, alors je suis venu ici. C'est bon d'avoir un refuge. "

Un peu avant 11 heures, Virgile pénètre dans la salle, trempé. Il ne s'attendait pas à atterrir ici. Son bateau avait résisté à Gretel. Ce n'est pas le cas cette fois-ci. Son voilier est balancé par la houle en face du Musée maritime. " Il cogne le ponton. Pourtant, je l'avais mieux attaché. Il est foutu, le bateau. " C'est aussi le cas de son voisin de mouillage, un Norvégien bloqué en Calédonie depuis la crise sanitaire. Lui aussi semble avoir tout perdu.

Si, avant, il existait trois centres d'accueil, un au foyer vietnamien et un autre à la salle Veyret, à Rivière-Salée, la ville s'est rendu compte avec l'usage que celui de la salle omnisports était le plus utilisé. " La salle Veyret est toujours disponible en cas de besoin, mais depuis l'an dernier, on n'ouvre plus que Anewy ", indique Valérie Leclerc, directrice du centre communal d'action sociale (CCAS), qui gère le site.
L'endroit, utilisé environ une fois par an, l'avait été l'année dernière à l'occasion de Gretel. " La salle est bien située, identifiée et accessible pour la population, poursuit Valérie Leclerc, entre Nouville, Ducos, les squats Coca-Cola et de l'Impérial, Montravel et Macadam. Ce sont surtout des gens de ces secteurs qui viennent se mettre à l'abri ici. "
Ceux qui s'y rendent sont invités à le faire par leurs propres moyens et à se munir de leurs papiers, de vêtements, d'un nécessaire de toilette et de quoi nourrir et changer les bébés, de leurs médicaments et d'une lampe de poche, pour la nuit.
À l'entrée, le personnel du CCAS contrôle l'identité des arrivants, répond aux questions, propose une natte mais aussi un linge sec ainsi qu'une serviette à ceux qui en font la demande. " Il est possible de se doucher et des toilettes sont à disposition. On sert des boissons chaudes en permanence et on assure aussi deux collations, une ce midi et une ce soir. "