Ce devait être une prise de contact, peut-être courte, mais forte en symbole. Le début de cette séquence officielle s'est déroulé au pas de charge. Jean Castex a ouvert aux Calédoniens les portes de Matignon à 17 heures. Il a proposé de rencontrer chaque délégation, les unes après les autres, durant 45 minutes. Des échanges brefs. En marge des échanges également, les élus le souhaitant ont pu rencontrer Patrice Faure, nouveau haut-commissaire de la République en Calédonie, qui devrait poser ses valises sur le Caillou dès la semaine prochaine.
Le premier coup de théâtre a pourtant bien eu lien en fin d'après-midi, à Paris. Le Sénateur Pierre Frogier a claqué la porte.
S'adressant au Premier ministre il a déclaré que ce rendez-vous parisien "a lieu dans le vide politique du face à face référendaire que l'exercice auquel vous avez décidé de nous soumettre ne suffira pas à combler."
Pierre Frogier s'est ensuite interrogé : " Comment interpréter la publication de ce sondage dans un grand quotidien national à la veille de nos rencontres ? Comme la réponse que vous avez décidé d'infliger à ceux de nos compatriotes qui portent en eux l'amour de la France ? Comme un message de bienveillance à l'égard des indépendantistes de façon à baliser leurs réponses sur les conséquences du Oui ? Comme une volonté de nous humilier afin que nous arrivions face à vous en position de soumission ?"
"M. le Premier ministre, les résultats de ce sondage ne nous concernent pas. Ces résultats, ce sont les vôtres. Ceux de cet État qui hésite, hésite encore, hésite toujours entre se débarrasser de la question calédonienne ou la traiter. Ils vous rappellent l'indifférence que nous ont manifestée tous les gouvernements récents. Ce sondage devrait vous convaincre que c'est à vous qu'il revient d'expliquer aux Français pourquoi la France a un intérêt, une responsabilité, à maintenir ses liens actuels avec la Nouvelle Calédonie, et plus largement avec ses Outre-mer."
"Pour l'heure, les indépendantistes ont demandé comme ils en ont le droit, l'organisation d'un troisième référendum. Alors qu'il vous appartient d'en arrêter la date, ils exigent que cette consultation ait lieu le plus tard possible." Le Sénateur a exhorté le Premier ministre à faire l'inverse. " N'attendez pas l'après présidentielle, car la campagne serait propice à toutes les instrumentalisations, nous exposerait à tous les dangers (...) Dans le cas contraire, vous aurez choisi votre camp et serez amené à satisfaire toutes les surenchères."
Et de conclure : " Vous comprendrez que je me refuse de vous accompagner plus avant sur cette voie. "