La manœuvre pourrait s'apparenter à une prise de judo, lorsque l'on garde bien les pieds sur terre et que l'on utilise la force de l'adversaire. Ou plutôt ses contradictions. Sébastien Lecornu, en annonçant la date du 12 décembre pour le prochain référendum, a appuyé sur le fait que les indépendantistes avaient demandé la tenue du scrutin dès que cela avait été légalement possible. Et qu'ils auraient bien pu, à l'époque, attendre. On se souvient aussi que le Palika avait insisté, lors de son 45e Congrès en novembre dernier, pour que « la troisième consultation se tienne avant la tenue de la campagne présidentielle pour éviter le chevauchement de cette échéance capitale avec les élections nationales ». Oui, mais ça, c'était avant... Depuis novembre, l'épisode de la vente de l'usine du Sud et les heurts qui l'ont accompagnée, ainsi que la non-entente autour de la nomination d'un président de gouvernement indépendantiste, ne sont pas très porteurs pour les tenants du Oui. Car s'ils peuvent très certainement s'appuyer sur une base électorale solide, les temps ne semblent pas franchement propices à convaincre les indécis et ainsi faire pencher la balance en leur faveur. Alors forcément, le discours évolue et les dirigeants de l'Uni qui se sont exprimés hier vendredi semblaient beaucoup moins pressés. Et c'est de bonne guerre. Pour autant, la menace à peine voilée d'un potentiel boycott des électeurs kanak est plus inquiétante. Alors que tous les acteurs politiques se sont félicités jusqu'ici de la sincérité des deux premiers scrutins, la remise en question dès à présent du prochain vote est un jeu dangereux. Quant à l'absence de consensus sur la date, il ne pouvait en être autrement avec un mouvement qui a refusé de rallier les discussions. Et l'Uni, qui n'avait jamais manqué la moindre négociation de ce genre jusqu'ici, le savait pertinemment.
La menace à peine voilée d'un potentiel boycott des électeurs kanak est inquiétante.